La Maison de la culture de la wilaya de Tamanrasset abrite du 6 au 15 juin, une remarquable exposition de peinture de l'artiste peintre Abderrahmane Aidoud. Intitulée : «Sur les traces des artistes tassiliens », cette imposante exposition n'est autre qu'un prétexte «pour remémorer l'art rupestre et l'inscrire comme valeur essentielle dans mon processus créatif ; c'est un héritage plastique enrichissant pour mes recherches et expériences», souligne l'artiste. Fin connaisseur des arts plastiques, le plasticien estime que l'art lui a permis de le voir dans sa globalité et dans ses expressions multiples. «La dissection de ses aspects schématiques, graphiques et spirituels ont mis en surface son fond, cette pénétration en profondeur est une voie vers la découverte de leurs sensibilités, mécanismes, préoccupations et soucis. Cette préoccupation dans la diversité de la reproduction de l'environnement, de sa traduction et de sa recréation est une exigence pour exposer leurs réflexes, attitudes et esprit». «Son intérêt d'aller aux origines des balbutiement de l'histoire, poursuit-il, est une condition, c'est un engagement pour rentrer solennellement dans l'histoire des premières expressions, de déclencher un processus créatif répondant à mes propres questionnements en allant le plus loin possible dans l'élaboration de mon œuvre afin d'arriver à mon enthousiasme extrême, cet engagement légitime et irréversible s'appuie aussi sur les débuts de mon enfance, de mon éclosion à la peinture, à ma culture, à la réalité et ma philosophie de vie, toutes ces valeurs et vecteurs m'ont assisté pour créer et mettre en évidence une démarche, un discours esthétique. Toute la construction à l'intérieur de mes espaces est articulée et conjuguée autour d'une multitude de surfaces, signes qui se composent et se recomposent pour multiplier les expressions et les possibilités d'extension afin de donner des équilibres, mouvements et harmonies». Cette manière d'agir le libère techniquement par la mise en surface de matières denses colorées qui se superposent, agissant dans toutes les directions pour répondre à ses diverses préoccupations et répandre ce processus jusqu'à épuisement. Ces jeux et enjeux de vides et de pleins qu'il fait naître produisent une composition irrégulière et une perspective instable, «cette application de formes variables de coloris génère l'esprit imperceptible de l'iconographie des peintures rupestres, c'est une atmosphère qui réveille des résonances plastiques, des valeurs immatérielles et esthétiques enfouies. Dans ce concept de construction, j'agis par l'acte responsable, libre, rapide et ferme pour renouveler, revitaliser et redimensionner la mémoire, ce puzzle agissant est chargé de symboles, graphismes, exprime une existence, une identité. Ce va -et-vient de formes, de masses et de couleurs me permet d'aller au-delà de la réalité et du rêve. Le dialogue que je provoque est un état de soi et en soi, c'est le voyage intérieur et l'interrogation récurrente sur mon passé, présent, futur ; c'est le point de ma rencontre avec la lumière de l'histoire», conclue-t-il. Les valeurs sociales, historiques, environnementales et esthétiques produisent en moi, les effets émouvants et mouvants qui me permettent de parcourir l'espace sans fin et avec faim avec engagement pour produire ma propre histoire. Tout ce que je transpose comme tags, empreintes, fenêtres, portes et signes revendiquent l'humanité avec toutes ses valeurs de civilisation et de culture. Le processus créatif m'impose une sorte de transcendance pour me se surélever afin d'atteindre l'état idéal d'agir pour fondre mes sensibilités et faire apparaître toutes sortes d'alphabet et de grammaires pour constituer des vocabulaires et créer des lisibilités multiples qui permettraient d'ouvrir le débat. Parmi les œuvres exposées, on retrouve «Harmonie», «Crépuscule», «Oasis», «Taghit», «3 Terres cuites», «Paysage», «Empreintes» ou encore «Equilibre». Des œuvres qui témoignent d'un pan de la civilisation algérienne.