Hier, plusieurs citoyens, notamment des parents, de la localité de Takerboust, chef-lieu de la commune d'Aghbalou, 65 km à l'est de Bouira, se sont donné rendez-vous devant le siège de la cour de justice de Bouira pour exiger la libération de leurs enfants détenus depuis les élections municipales du 29 novembre dernier. Déjà vendredi dernier, un grand meeting a été organisé au niveau du village pour demander aux citoyens plus de solidarité et de mobilisation pour la libération de douze de leurs enfants dont dix croupissent depuis trois mois dans la prison de Bouira. Ces derniers sont poursuivis pour les chefs d'inculpation de dégradation de biens publics, incitation à l'émeute, coups et blessures... Deux membres du comité créé à cet effet ont été convoqués par la Gendarmerie nationale pour des explications sur le meeting, apprend-on auprès d'un citoyen de Takerboust. A noter que lors des élections locales, des jeunes de village de Takerboust se sont levés contre le déroulement du vote, considérant que cela ne servirait absolument à rien puisque la région reste aux abonnés absents, les élus travaillant plus pour leurs intérêts et ceux des responsables de la wilaya que pour ceux de la population, notamment les jeunes plus que jamais marginalisés ; ils ont même exigé l'envoi d'une commission d'enquête. Ce jour-là, de violents affrontements ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l'ordre, causant des blessés de part et d'autre. Après le retour progressif au calme, le vote a finalement eu lieu au niveau du centre Tazaghart Achour». A partir de là, 16 personnes parmi les centaines de manifestants ont fait l'objet de recherches par les services de sécurité. Après avoir appréhendé dix personnes, deux autres ont été arrêtées il y a de cela deux semaines lors du rassemblement des citoyens devant la cours de justice. Malgré les multiples interventions pour la libération des détenus, c'est toujours la wait and see. Hier, comme il s'est passé il y a deux semaines, des parents ont été reçus par des responsables de la cour de justice. Selon des citoyens venus afficher leur solidarité avec les détenus et leurs familles, l'affaire sera transférée au niveau de la chambre d'accusation qui devra bientôt statuer sur leurs cas. Pour ce parent visiblement désemparé de voir son fils emprisonné, «on ne comprend pas ce deux poids deux mesures de la justice». Et de poursuivre, «ce sont des jeunes marqués par la marasme, le vide quotidien, ainsi que le chômage, dans un moment de désespoir ils ont réagi ainsi, cela ne fait pas d'eux des criminels.»
