Sublime Nassila...Des youyous, des applaudissements, une ultime ovation entre une créatrice de mode et son public. Ainsi prenait fin une soirée étincelante, un défilé euphorique où Nassila reste l'ambassadrice incontestée de la couture algérienne traditionnelle et moderne. En effet, à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance nationale et dans le cadre de la réhabilitation du costume algérien, un défilé de mode a été organisé par le ministère de la Culture le 21 juin dernier au palais de la Culture. En cette journée mémorable, cette grande créatrice de mode nous a honoré de sa présence avec une collection intitulée «Parfum de musc», entièrement dédiée au costume traditionnel de toutes les régions d'Algérie. Aujourd'hui, 50 ans après l'inauguration de sa boutique phare qui porte le prénom de sa fille, née également en 1963, les créations de Nassila, rebaptisées aujourd'hui Nassila mère et fille, ne laissent apparaître aucun signe de lassitude. Dans les coulisses, à quelques heures du défilé, entourée de son équipe, la couturière s'affaire à apporter les dernières retouches et à peaufiner les menus détails. A ses côtés, sa fille, sa principale collaboratrice et digne héritière de cette tradition familiale. Cet ancien mannequin de la maison Nassila avait auparavant suivi des études de stylisme, modélisme et mannequinat à Paris en 1986 pour se lancer ensuite dans la haute couture et le prêt-à-porter. Tout comme sa maman, son seul et unique objectif a toujours été de créer des habits mettant en valeur la beauté de la femme algérienne. Aujourd'hui, elle organise de son côté, plusieurs défilés en Algérie et à l'étranger : Paris, Washington, New York, et expositions (Bastion 23...) Dans la salle, l'assistance nombreuse attend, impatiente de découvrir la nouvelle collection de mode qui lui a été réservée par la grande dame du stylisme algérien. Ils étaient nombreux à répondre à l'invitation dont plusieurs artistes, hommes de culture et figures historiques, parmi lesquelles Farida Saboundji, Mme Veuve Rabah Bitat, Mme Sellal, Mme Bendjaballah, Mme Amina, ancienne speakerine de la télévision algérienne, ainsi que la ministre de la Culture, Khalida Toumi, qui les a honoré de sa présence. Ce n'est que vers les coups de 21h qu'est donné le coup d'envoi du défilé par la sémillante présentatrice Lynda Tamedrari-Chebieb. La collection Nassila mère et fille nous laisse entrevoir les modèles et les couleurs de son jardin secret. Elle ouvre grande la porte où les femmes sont reines et où la couture obéit aux lois de la beauté. Habillés de différents modèles de hayek, six mannequins font leur apparition sur le podium, un moment fort qui soulève youyous et applaudissements. Hayek m'rama, hayek sousdi chtata, tissé en laine, frangé de soie et orné de broderies faites main (chbika). Chaque hayek était porté sur un seroual m'daouer (rond) ou seroual chelqa (fendu) avec des drapés en tissus très fluides ceinturés avec des tekka (cordelière). Par ailleurs, chaque mannequin portait un « âdjar » de la même couleur que la tenue. Il faut dire que Nassila n'hésite pas à enchaîner les créations, entraînant les invités dans un tourbillon de soieries, de couleurs et de broderies. Elle poursuit avec la présentation de badroun, qouiyet, seroual m'daouar. Pendant 1h30mn, sur un fond de musique bien choisie proposé par un D.J., Nassila mère et fille distilleront 90 modèles traditionnels représentant toutes les régions d'Algérie, un remarquable chef-d'œuvre. Avant d'entamer la finale, une demi-heure de pause est annoncée par la présentatrice, moment de détente pour les mannequins, de joie et de bonheur pour les invités qui se délecteront d'un intermède musical, dans la plus pure tradition hawzie, proposé par une artiste à la voix sublime. Elle nous replonge dans les soirées ramadhanesques d'antan où régnait une atmosphère de joie et de gaieté qui exhalait un parfum de « musc » et de « jasmin ». Le défilé reprend, avec cette fois, en guise de final, la sortie sur le podium d'un joli couple de mariés algérois. La mariée était vêtue d'un caraco en soie sauvage rose nacré, porté sur un sarouel drapé, orné de broderie de soie en fil argent et de perles «Swarowski», couverte d'un voile transparent rose argenté. Le marié portait la tenue traditionnelle algéroise en tissu beige, composée d'un serouel «testifa» brodé en cordelière sur les poches et le bas de l'ourlet, porté avec une «bed'iya» (gilet) de couleur beige également, brodé main en cordelière, ton sur ton, sur une chemise en soie et, pour finir, sur ses épaules un burnous en «sousdi» beige brodé en cordelière marron avec une coiffe en «chachia». Le couple était suivi d'une jolie petite fille d'honneur habillée d'un caraco en broché de soie couleur nacrée et un pantalon rond (seroual zenka) le haut, perlé de coquillages nacrés, porté avec une coiffe «chechia» drapée avec «ktiâat essalef» sur le côté porté avec un sautoir de perles (djohar), et d'un adorable garçon d'honneur habillé en costume traditionnel identique à celui du marié. Formés par Nassila, ces mannequins en herbe de 9 ans et 12 ans, prénommés Maria-Selma et Samy, ont désormais acquis toutes les qualités pour réussir et entrer dans le monde de la mode. D'autres robes de mariées de différentes régions - kabyle, chaouie, oranaise, constantinoise, tlemcénienne... - font ensuite leur apparition sur le podium, sous le regard admiratif de l'assistance. Il est vrai qu'à chaque collection de mode, la couturière Nassila fascine et étonne agréablement son public. Il n'y a pas de doute, cette fois encore, c'est un défilé éblouissant que la créatrice de mode et sa fille nous ont proposé. C'est sous des applaudissements et des youyous que cette grande figure de la couture accompagnée de sa fille fait son apparition devant ses invités. Elle les remercie vivement ainsi que la ministre de la Culture d'avoir partagé ce magnifique moment, à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance nationale. Et pour rendre hommage à cette doyenne de la couture algérienne, la ministre de la Culture Khalida Toumi l'a félicitée et remerciée pour tous les efforts fournis durant toutes ces années pour la relance de la mode algérienne, ce trésor de notre patrimoine qu'elle a su ressusciter. Par la même occasion, la ministre de la Culture remet à Nassila un « Dé d'or ». Il faut préciser que ce présent a été offert par Nassila fille à sa mère comme un gage de reconnaissance pour une dame qui continue d'être l'une des meilleures ambassadrices de l'élégance algérienne.
