Nous parlons des décideurs comme si cela était une caractéristique politique purement algérienne. Existe-t-il un seul pays au monde dans lequel il est une certitude que tout se décide dans le champ politique ? Reformulons la question. Existe-t-il un seul pays au monde où il n'existerait pas de décideurs dans l'ombre, de ceux qui décident et influencent les gouvernants sans cependant passer par les urnes ? A propos des guerres menées par les américains au Proche et Moyen-Orient, nous en imputons bien les motivations ou les causes au lobby «industriel américain». Cette fois-ci, les décisions prises par décret présidentiel relatives à la restructuration au sein de l'armée jettent un trouble sur l'existence ou l'identification des décideurs. Les analyses qui intégraient les décideurs (c'est-à-dire les militaires) ne sont plus assises sur les anciennes convictions. S'il s'était agi d'une restructuration d'un quelconque ministère, cela n'aurait pas soulevé autant d'interrogations, de suppositions, de «certitudes» pour certains et d'incertitudes pour d'autres. Ceux qui se sont déclarés candidats à la magistrature suprême et ceux qui ont tout fait pour qu'ils soient perçus comme candidats potentiels à celle-ci n'ont apporté aucune précision sur leurs propres perceptions de l'existence d'un lien de cause à futur effet avec l'échéance politique d'avril 2014. Dans le camp du pouvoir, seul le SG du FLN en a fourni «des» raisons. Des raisons qui seraient de simples avis, des opinions personnelles ? Cela ne fait pas partie des traditions qu'un SG du parti FLN s'exprime sur un tel sujet, en tout cas pas depuis l'époque où c'est le président de la République qui est en même temps secrétaire général de ce parti. Il est difficile de changer de logiciel d'analyse quand le niveau à qui il faudrait imputer la décision n'est plus correctement identifié. Faudrait-il cette fois identifier le milieu (le lobby ?) plutôt que le niveau ? Quelle source de légitimité nouvelle viendrait en substitution à la légitimité historique ?