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Des bidonvilles à la cité Le Rocher, réalité ou illusion ?
Publié dans La Nouvelle République le 16 - 11 - 2013

Bah ! Bah ! Bah ! A première vue, dans ce tas indescriptible, ce n'est que cette expression qui devance vos paroles pour expliquer un état, une situation. C'est une expression indigène, locale, qui exprime l'extrême désolation, ce que les mots, dans certaines situations, ne peut décrire aussi explicitement.
Des bidonvilles comptant plus de 250 habitations d'une dimension d'un quartier, collées les unes aux autres, jonchant le long de la rivière de Mekra, à la cité Le Rocher On dirait un labyrinthe de torture de gens mis en quarantaine. Aucune intimité, que du plastique qui sépare les uns des autres. En voyant ces conditions de vie qui n'ont rien de comparable, vous avez l'air d'être à nu dans une scène où on vous dévisage et que vous devez supporter désormais dans l'indignité. Plusieurs familles vivent dans cet espace qui se rétrécit avec l'afflux de ces pauvres gens à la quête d'un petit coin où mettre ses enfants. Incommodité, sanglots, mal de vivre, constituent le décor. Tout le monde, sans exception, vous parle d'un mode de vie, vous déduirez à un certain moment, si vous n'êtes pas dans le tort, de voir le même langage s'échanger entre tous ces gens comme s'ils ont raison de souffrir, faire souffrir par la force des choses leurs petits enfants innocents. L'exiguïté des lieux, l'insécurité, et le manque d'affection, de chaleur humaine sociétale, ou encore l'intention de dénicher le maximum d'espace, font de leur existence un cumul de niches entassées les unes sur les autres que même les chiens fuiront sans aucun doute. Certains vivent maintenant dans une fabrique, crime serait de dire maison, elle cumule tous les ingrédients de la misère jamais connue, ni vue, ni lue même dans les contes. L'on pénètre dans cet endroit avec les spasmes d'entrer en enfer. À mesure que le spectacle de la désolation se déroule devant les yeux, les jambes chancellent, le cœur se serre. L'on se sent incapable de faire quoi que ce soit, que de les soutenir moralement et ça marche comme un miracle, bien que l'on n'ait absolument rien offert. Ces gens sont malades d'une situation qui les rend frêles, tellement fragiles, même d'apparence rigide par la dureté de leur existence, à accepter n'importe quelle stupidité illusionniste proposée comme remède qui les fait fuir, même à un petit instant d'un quotidien épuisant, très lourd à supporter. «Nous sommes sanctionnés à admirer notre mort dans la vie avec nos enfants et à accepter des tortures incommensurables en toute conscience, sans anesthésie, loin du rêve du plaisir d'exister, de vivre dignement», se confit un vieux célibataire chagriné par sa solitude et sa similitude à cet endroit meurtri . «Les promesses des autorités, on en a entendues de tout genre. Il faut dire que ça nous arrive souvent de penser que nous sommes une espèce indésirable qu'il faudrait mieux anéantir et ils n'ont pas meilleur façon que de nous laisser crever dans ces trous à rats avec nos enfants», ajoute une veuve en larmes. «Je vis avec le souci de laisser mes 3 filles toutes seules à l'abandon, j'ai déposé un dossier de logement en 1998, comme tous ici, et on me dit à chaque fois de ne rien craindre, c'est fou ce que j'ai cru. Maintenant, vous voyez je vieillis et à vous de deviner le reste, je suis en train d'attendre douloureusement ma fin, il n'y a pas plus affreux que de ne plus avoir confiance en son propre pays et en ses dirigeants», a-t-elle ajouté. On fait un tour dans les alentours et partout où les yeux se posent, on a l'impression de découvrir étonnamment le vrai visage de la misère qui accapare ces pauvres comme une maladie incurable dans un milieu où l'assistance est drôlement étrangère. On a peine à croire que des êtres humains vivent dans un endroit pareil. Pourtant, les taudis sont bien là, dressés comme une vérité qui défit toute vantardise, ils existent, signe de présence humaine, serrées en rang d'oignons, les amas de tôles et plastiques qui forment le toit sont là pour témoigner d'une injustice sociale incomparable et d'une indifférence indescriptible à servir d'abris pour les familles dont on imagine l'existence qui fait froid dans le dos. La pluie, nous racontent les occupants, «tombe dedans comme dehors, et l'hiver, c'est le cauchemar». Les sanitaires, l'électricité, l'eau qu'ils achètent en citerne ! C'est vraiment un autre bas-monde. Des familles abîmées, maltraitées, disloquées par une vie de misère que seul qui y ont goûté et qui y goûte sans cesse peuvent sentir et comprendre. L'enfer est le moins qu'on peut décrire qui est sous le toit de ces cabanes d' (in)fortune. L'enfer c'est la vie des familles qui y vivent et les douleurs qu'elles goûtent à chaque instant et à longueur de leur pénible existence : violence sournoise, violence privée, intime. Violence des foyers, des couples, alcoolisme par désolation, maltraitance par absence choquante de moyens, divorce gratuit, ces mots frappent impitoyablement dans le tympan et résonnent naïvement dans tout le corps de toutes les âmes, même dans les cœurs en pierre. Pour une fois, on ne songe à nos faims. L'immensité de la chose et le courage de ces familles font honte même d'y penser à manger. On s'imagine que ces réalités sont sporadiques, qu'elles touchent des cas isolés. Malheureusement, ici comme ailleurs au quartier Sidi Amar, elles sont le lot commun, le quotidien de cette frange en Algérie qui refuse tout ragot sur les élections et ses dérivés. Les enfants en bas âge aux mèches de cheveux roussis, signe de malnutrition chronique, ne comprennent rien, leur éducation n'est pas sans souci dans ce milieu indescriptible où la raideur et la haine se forgent légitimement en toute discrétion. L'on vous parle d'un petit garçon de 5 ans que les microbes ont tué par manque de soins et d'assistance. Les serpents, les rats, les insectes, scorpions aussi circulent comme chez dans leurs réserves. «La nuit nous fait tellement peur», se confient ces femmes, surtout celles qui vivent sans mari et sans homme qui peut procurer une petite sécurité. La terreur décore cette misère que vivent ces parents avec leurs petits enfants. Les mamans pleurent de jour comme de nuit, leur misère est tellement complexe qu'une femme a dit : «Je pleure parfois dans ma solitude sans savoir la raison.» La vie a-t-elle un prix ? La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. La vie : un rien l'amène, un rien l'anime, un rien la mine, un rien l'emmène... Aie, c'est fou ! Ce relief que prennent soudain ces toutes petites confidences au bout d'un cri poussif... Il vous semble que ces quelques mots alignés comme des perles sur un collier prennent dans cet instant tout leur sens dans cette douloureuse confidence. Qu'est-ce qui fait tenir des personnes meurtries, abusées, détruites, et à plus forte raison des enfants, des adultes en devenir ? Qu'est-ce qui donne la force de surmonter l'infamie du quotidien ? Force et fragilité de l'être. Plus que jamais, l'on se dit que la nature humaine est à la fois terriblement vulnérable et étonnamment tenace, résistante, endurante. Il existe un mot, paraît-il pour se réfugier d'une description infernale infinie pour décrire cela : «Résilience». Quand on pénètre pour la première fois dans cet univers et qu'on découvre ces rangées de baraques les unes contre les autres, étouffantes peuplées par une présence charnelle des corps mêlé par une absence de l'âme, des enfants quasiment perdus, ni aires de jeu ni espaces vert. Ni on va ninier jusqu'à faire (dormir) éternellement dans un cimetière, on ne pourra jamais décrire des sentiments qui sortent de chaque membre d'un corps tout en chagrin. Les petits enfants sont tous malades, qui par l'asthme, qui par allergie, par l'anémie. ! Si j'étais médecin, ou j'en connaissais des choses sur les maladies, les microbes, je dirais, tout bonnement «au secours», dans le profond espoir d'être un «nouveau espoir» dans la nouvelle république. Ces pauvres gens souffrent énormément. On aurait dit tout, sauf être humain en plein ville de Sidi Bel-Abbès, petit paris si vous voulez. On reste lucide sur le fait que dans le cours de nos vies confortables, préservées, parfois égoïstes, souvent blasées, on emploie plus de temps, d'argent, d'énergie et verbiage politique qu'il n'en faut pour assouvir des préoccupations mensongères, futiles et superficielles qui nous détournent toujours plus de l'essentiel, de ce qui importe vraiment, de ce qui compte au bout du compte. Comme on est foncièrement optimiste et idéaliste on persiste à croire que si certaines réalités dépassent tout entendement humain, il est pire encore de rester comme un mort, ne pas les dénoncer et continuer à vivre tranquillement en feignant de les ignorer.

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