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Comment A. Camus est un éveilleur des consciences...
Publié dans La Nouvelle République le 03 - 12 - 2013

Le dernier documentaire de Abraham Ségal dédié à A. Camus nous propose une traversée dans l'œuvre camusienne. A partir des notions de l'Absurde et de la Révolte, il nous invite à découvrir leurs résonances sur le monde actuel. Le documentaire sera projeté à l'Institut français, le mercredi 4 décembre, à 18h30, suivi d'un débat en présence du réalisateur et de la monteuse, Dominique Barbier.
La Nouvelle République : Outre le fait que 2013 célèbre le centenaire de la naissance d'A. Camus, quel est l'intérêt de dédier un film à cet auteur ? Abraham Ségal : Un grand nombre de livres et de documentaires ont été consacrés à A. Camus en sa qualité de grand écrivain dont l'œuvre est traduite et lue mondialement. En réalisant ce film, je voulais mettre en lumière un auteur qui a réfléchi à des questions d'ordre éthique, politique, culturel qui ont des résonances en nous, avec nous, parmi nous. L'idée étant de réfléchir à l'éclairage que les réflexions camusiennes sont susceptibles de nous apporter dans le contexte du monde actuel. Le film est structuré sur le modèle d'une quête menée par Marion Richez, une jeune philosophe. Comment s'inscrit-elle dans l'objectif du film ? Je suis un homme du vingtième siècle. M. Richez s'inscrit plutôt dans le monde présent et futur même si elle a une culture du monde ancien puisqu'elle a étudié les auteurs anciens en philosophie. Sa recherche porte sur la question du corps habité qui n'est pas séparé de l'esprit. Son écoute, son intelligence, sa beauté l'inscrivent dans le champ du sensible. Son rôle a été conçu dans le cadre d'un dispositif fictionnel selon lequel un enquêteur mène une enquête sur le terrain. Marion a une forte présence dans le film. Sa visibilité et son investissement permettent aux spectateurs de la suivre, d'avancer avec elle et d'être associés à sa quête, c'est-à-dire questionner la résonance de l'œuvre de A. Camus dans le monde actuel. Aux éditions Gallimard, elle rencontre Boualem Sansal avec lequel elle dialogue. Puis, avant de se retirer, elle lui passe le flambeau. C'est ainsi qu'il prend le relais dans la partie tournée en Algérie. C'est par la parole de Boualem Sansal que le rapport de A. Camus à l'Algérie est raconté. Quel est le lien qui unit les deux auteurs ? Le choix de ce personnage s'est imposé car en plus d'apprécier ses écrits, B. Sansal fait partie des quelques écrivain-e-s algérien-ne-s qui reconnaît la «dette» de A. Camus à l'Algérie. Le lien qui les unit n'est pas seulement littéraire. Il est affectif et existentiel. Par ailleurs, B. Sansal est un écrivain qui vit une situation d'incompréhension comme l'avait été A. Camus à son époque. La partie tournée en Algérie a été réalisée selon deux modes de narration. D'une part, il répond aux questions que je lui pose. En ce sens, il joue un rôle de témoin. Et d'autre part, il dialogue avec Jacques Ferrandez qui a adapté sous forme de bande dessinée deux livres de A. Camus : en 2009, la nouvelle «L'Hôte» (1957) et en 2013, le roman, «L'Etranger» (1942). J'ai également utilisé cette méthode dans la scène qui montre Denis Salas et Antoine Garapon, à l'Ecole de la Magistrature, se livrer à un questionnement mutuel et à un échange relatif à la question de la justice et de la peine de mort. Le film prend l'allure d'une investigation à partir de deux notions camusiennes : l'Absur-de et la Révolte. Qu'est-ce qui explique ce choix ? Ces deux notions font partie de deux cycles importants dans l'œuvre camusienne. Le premier connu sous le vocable de «l'Absurde» est structuré autour de la figure de Sisyphe. Il est composé du roman l'Etranger (1942), de l'essai «Le Mythe de Sisyphe» (1942), des pièces de théâtre, «Caligula» (1944) et «Le Malentendu» (1944). «L'Absurde» est le divorce entre le désir de l'homme et le silence ou la non-réponse du monde. Il «peut frapper n'importe quel individu au coin de n'importe quelle rue». Cette idée présente chez Franz Kafka est valable aujourd'hui comme elle l'était hier. La Révolte n'annule pas l'Absurde mais il en ressort. Représenté par la figure de Prométhée, le cycle de la «Révolte» est composé du roman «La Peste» (1947), des pièces de théâtre, «L'Etat de siège» (1948), «Les justes» (1949) et de l'essai, «L'homme révolté» (1951). L'idée de révolte signifie le refus d'accepter notre sort, les massacres, la déchéance, les révolutions sanguinaires, les terrorismes, la violence, les meurtres d'Etat, la torture. Cette idée est de mon point de vue très importante. A. Camus a entamé un troisième cycle sous l'égide de «Némesis», déesse qui représente pour lui la juste mesure. Et d'ailleurs Tipaza s'inscrit comme lieu symbolique de la mesure et de l'entente avec le monde. Le film se termine à Tipaza car ce lieu annonce une idée préconisée dans «la Pensée de Midi» : l'amour. La phrase camusienne est d'ailleurs gravée sur la stèle dédiée à son au- teur :«Le droit d'aimer sans mesure». Il faut une mesure à la violence, à la révolution. Mais aussi bien pour A. Camus que pour saint Augustin d'Hippone (354-430), il faut aimer sans mesure. Vous mettez l'accent sur la voix de A. Camus lisant ses textes. Qu'est-ce qui justifie la mise en scène de sa voix au détriment de son image ? La séparation entre la voix et l'image est un procédé que beaucoup de cinéastes utilisent. La voix est une image en quelque sorte. Celle de Camus a une forte présence et une touche très personnelle. Quand il lit «L'Etranger», on ne le voit pas mais sa voix laisse transparaître une image de lui dans cet exercice de lecture. Il a une attitude naturelle contrairement à l'image que l'on a de lui à travers les interviews télévisées où l'on sent qu'il adopte un comportement, disons... appliqué. J'aurais souhaité intégrer dans le film un document visuel du discours de Suède lors de la remise du prix Nobel en 1957 car c'est un texte très inspiré. Cependant, nous ne disposons que de documents sonores et de quelques photos. Quel rôle la pensée de A. Camus peut-elle avoir de nos jours ? L'œuvre de A. Camus inspire. C'est un auteur qui a réfléchi à des sujets en lien avec son temps. Cependant, sa pensée a plusieurs temps. Car si elle est rattachée au passé, elle est dans le présent et sera dans le futur. C'est en ce sens que sa pensée est multi-temporelle. Le film met en scène la parole du philosophe Edgar Morin car il est attentif au présent. La dédicace à Stéphane Hessel qui aimait beaucoup A. Camus obéit au même objectif. Tout au long de ses années de lutte et malgré son âge, il a tenté de trouver des solutions aux problématiques actuelles. Comme le dit si bien Robert Badinter, A. Camus restera un esprit phare bien au-delà de son temps et du nôtre. Il n'est pas un maître à penser, mais un esprit qui éveille. Le film évoque les insurrections tunisiennes et les migrant-e-s qui tentent de passer en Europe à partir de la Grèce. Comment ces événements s'inscrivent-ils dans la pensée camusienne ? La notion de révolte telle que forgée par A. Camus s'applique parfaitement à l'insurrection tunisienne. Elle est une révolte non violente visant un changement dans le sens de l'édification d'une société qui se caractérise par une ouverture démocratique, la revendication de droits égalitaires, des libertés individuelles, civiques... Mais ceci est mis en cause aujourd'hui et en danger. Je voulais témoigner de ce qui se passe dans ce pays. Et comme on ne pouvait pas tourner en Tunisie pour plusieurs raisons, j'ai eu recours aux images d'archives et au témoignage de Sophie Bessis, historienne et journaliste née en Tunisie, qui milite pour les droits de l'homme et des femmes. Concernant les migrant-e-s, la Grèce est l'une des portes d'entrée en Europe. Leur tentative de passage est un éternel recommencement. Ils essayent de passer. Ils sont rejetés. Ils reviennent et essayent encore et encore. C'est en ce sens qu'ils font un travail sisyphien. Comment s'est déroulé le tournage en Algérie ? Notre producteur algérien, «Djinn Production» s'est chargé des autorisations pour filmer à Alger et à Tipaza. Nous n'avons pas eu de difficultés majeures. Nous avons tourné à Belcourt, dans un café où les gens étaient très gentils. Le marché de Bab El Oued est le seul endroit où on nous a conseillé de ne pas trop nous attarder. Je suis très content que le film soit projeté en Algérie par l'Institut français. J'espère qu'il y aura du monde. Je souhaite cependant qu'il soit vu plus largement dans ce pays car je pense qu'il peut intéresser les Algérien-ne-s. Filmographie : «Quand Sisyphe se révolte», réalisation, Abraham Ségal, montage, Dominique Barbier, production, «Films en Quête», Coproduction, «Zeugma Films» (Paris), Djinn Productions (Alger), «Minimal Film» (Athènes), 90 minutes, Novembre 2013.

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