Le gouvernement afghan a libéré jeudi 65 détenus présumés innocents par Kaboul mais considérés par les Etats-Unis comme des individus très dangereux pour la sécurité du pays, s'attirant la colère de Washington et de l'Otan. Le président Hamid Karzaï a défendu la décision de son gouvernement, adressant une réponse cinglante aux inquiétudes manifestées par les Américains. «Cela ne concerne pas les Etats-Unis et je souhaite que les Etats-Unis cessent de s'en prendre aux procédures et au système judiciaire d'Afghanistan», a-t-il dit lors d'une visite à Ankara. «J'espère que les Etats-Unis vont commencer à respecter la souveraineté afghane.» «Des Afghans innocents, qui étaient détenus illégalement depuis des années par les Etats-Unis dans la prison de Bagram (près de Kaboul), ont été relâchés et nous nous en félicitons», a déclaré Aimal Faizi, le porte-parole du président. L'ambassade des Etats-Unis à Kaboul a qualifié ces libérations de «profondément regrettables». «Le gouvernement afghan portera la responsabilité des conséquences de cette décision», ajoute la mission diplomatique. Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, dans un communiqué diffusé à Bruxelles, a déploré «une décision qui semble s'appuyer sur des considérations politiques» et «un énorme pas en arrière pour l'Etat de droit en Afghanistan». Abdul Shakor Dadras, chef de l'organe chargé de réexaminer les dossiers des prisonniers, a déclaré que leur détention était injustifiée depuis le départ, en dépit d'éléments fournis par les autorités américaines. «Nous n'avons pas trouvé un seul élément prouvant que ces 65 individus sont des criminels», a déclaré Dadras à Reuters TV. «Je suis convaincu que leur libération bénéficiera au peuple afghan et bénéficiera au peuple américain.»