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Quel est le devenir de l'école algérienne face aux mutations technologiques et managériales ?
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 07 - 2014

Au moment où un débat initié par le gouvernement algérien aura lieu sur l'avenir de l'école le 20 juillet 2014 , je livre 40 ans d'expérience en tant que professeur des universités Alger et Oran. J'ai eu également l'honneur d'occuper bon nombre de postes de responsabilités entre 1974 et 2014 où j'ai eu le souci d'associer les universitaires des différentes régions du pays, ce qui m'a permet de mieux appréhender les liens indispensables entre la théorie et la pratique si l'on veut donner un souffle nouveau à notre système socio-éducatif. Evitons toute sinistrose (combien d'ingénieurs, de médecins, économistes-juristes, sociologues ect., de professeurs toutes catégories avions-nous lors de l'indépendance politique?) mais également toute autosatisfaction source de névrose collective.
Je rappelle qu'une polémique a lieu en Algérie suite aux propos du Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal courant septembre 2013, qui aurait dit qu'il fallait privilégier les sciences exactes au détriment de la poésie si l'on veut aller vers un réel développement. Certains, déformant les propos du Premier ministre ont voulu occulter les vrais problèmes qui sont le niveau alarmant de l'école algérienne avec des surcharges qui rendent impossible un suivi sérieux. Etant professeur à l'université depuis 1974 dans les sciences de gestion aux universités d'Alger et d'Oran, depuis 40 ans et ayant eu l'honneur de former des milliers de cadres de l'Algérie, j'ai pu constater au fil des années de ma carrière un très bon niveau entre 1974-1985, un bon niveau entre 1985-1990 , un niveau moyen entre 1990/1995 et un niveau très moyen entre 1995/2014 avec un effritement du niveau de mes étudiants de fin de licence, de magister et de doctorat qui d'ailleurs ne maîtrisent ni l'arabe, ni le français et encore moins l'anglais, excepté pour environ 20%. Les nombreuses infrastructures (moyen et non comme fin) que l'on brandit souvent pour faire le bilan et le nombre n'ont jamais été à l'origine des meilleures compétences. Les raisons sont multiples mais renvoient essentiellement au fonctionnement de la société. Et se pose cette question : gravite t- on en Algérie dans la hiérarchie pour les postes de responsabilités, en fonction des compétences ? Le manque de considération pour l'élite (mentalité de la rente) n'explique-t-il pas l'exode massif de cerveaux ? Ce n'est pas la faute seulement à l'enseignement supérieur. Si l'on fait passer des élèves du primaire au lycée avec un bas niveau, l'on aura au niveau de nos facultés un niveau déplorable. Et ce sont parfois des personnes de bas niveau qui enseignent tant au niveau du secondaire qu'au supérieur, misant actuellement sur la quantité et non sur la qualité. Concernant l'option de privilégier uniquement les sciences exactes, je ne pense pas pour l'avoir écouté attentivement que le Premier ministre ait usé d'un tel langage. Il faut donc nuancer et avoir une approche du juste milieu. Le poète, le philosophe, l'écrivain, le journaliste, dans leur diversité, favorisant la tolérance et la lutte contre toute forme de xénophobie sont le miroir de la société, reflet du niveau du développement. Ils permettent d'ailleurs de dynamiser l'économie, certaines filières productives comme les maisons d'édition, les médias le cinéma, la musique etc. L'école ne fabrique pas seulement des techniciens mais modèle les comportements futurs de la société avec des incidences socioculturelles. Les plus grands savants sont d'ailleurs devenus à la fin de leur vie des philosophes se questionnant si leurs inventions ont contribué à faire avancer dans le bon sens l'humanité. Il s'agit de réaliser la symbiose entre les sciences exactes et les sciences humaines car tout processus de développement a pour but une finalité humaine. Avec la dérive mécanique, le risque est de fabriquer des robots pouvant conduire à des comportements extrémistes dangereux. D'ailleurs, ceux qui sortent de polytechnique en France ou dans des grandes écoles spécialisés d'ingénieurs aux Etats-Unis, en Europe ou en Chine sont contraints d'avoir une formation solide dans les sciences de gestion notamment en matière d'informatique, de management stratégique et une large culture générale. En ce XXIe siècle, nous ne sommes plus à l'ère de l'accumulation mécanique des années 1960/1970, mais à l'ère du primat de la connaissance, devant donc revoir notre système de formation, car les nouvelles technologies préfigurent un nouveau modèle de développement complexe, impliquant la pluridisciplinarité. C'est dans ce cadre que les sciences humaines ont une importance capitale, sans compter l'éveil de l'esprit critique du devenir de la société. On ne plaque sur une société des schémas élaborés sous d'autres cieux sans connaître la morphologie sociale dont l'anthropologie culturelle, d'où l'importance des différentes branches de la sociologie et de la psychologie (branche essentielle pour les études de marchés et analyser les comportements). Dans toute étude de rentabilité de projet et d'analyse stratégiques de prospective, tant micro que macro, d'ailleurs solidaires, l'analyse de l'environnement est déterminante afin d'organiser et formaliser l'activité de veille. Il existe un théorème en sciences politiques : 80% d'actions mal ciblées et désordonnées que l'on voile par de l'activisme, ont un impact de 20% sur les objectifs et 20% d'actions bien ciblées ont un impact sur 80%. Aussi, aujourd'hui l'enjeu d'une nation et sa survie impliquent de mettre en place des instruments opérationnels capables, d'identification, d'anticiper les modifications de comportement des acteurs économiques, politiques, sociaux et miliaires. Il s'agira donc de définir l'environnement pertinent, identifier les sources, détecter, analyser, diffuser l'information recueillie, se fondant sur la collecte d'information fragmentaire et qu'il est donc important de bien l'analyser. C'est dans ce contexte, que les plus grandes armées sont organisées en réseaux et non plus en structures hiérarchiques, dont le noyau du commandement avec un rôle déterminant pour les services de renseignement, (la maîtrise de l'information au temps réel étant primordiale) et regroupent des équipes pluridisciplinaires complexes où cohabitent ingénieurs, économistes, psychologues, politologues, experts de l'information, et sociologues de différentes spécialités. Vient seulement ensuite, l'opérationnel. Il en est de même pour toute action stratégique au niveau des présidences des grands pays. Et on revient toujours à la compétence. Mais que l'on s'entende bien, privilégier ou pas les sciences exactes sans relance économique s'insérant dans le cadre des valeurs internationales, en ce monde instable et turbulent, d'où l'importance de la recherche opérationnelle devant porter sur des segments à valeur ajoutée (l'administration ne crée pas de valeur) équivaut à fabriquer des chômeurs potentiels. Sans compter les nombreuses déperditions scolaires entre le cycle moyen et l'université, et les nombreux universitaires en chômage, que deviendront les 1,5 million d'étudiants qui sortiront des universités horizon 2016/2017, une véritable bombe à retardement ? Le résultat est en juillet 2014 après 52 années d'indépendance mitigée, environ 83% du tissu économique est dominé par le petit commerce-services (tertiairisation de l'économie), le secteur industriel avec moins de 5% du produit intérieur brut (PIB), et sur ces 5%, environ 95% de petites PMI-PME peu initiées au management stratégique. Environ 97/98% des exportations proviennent toujours des hydrocarbures brut- et semi brut, plus de 50% des 2/3% d'exportation hors hydrocarbures étant des déchets sidérurgiques et pétrochimiques. C'est le primat à la connaissance qui permettra d'atteindre un taux de croissance qui puisse résoudre les tensions sociales de 8/9% cumulé sur 7/8 ans, alors qu'il n'a pas dépassé 3% entre 2000/2013 pour une dépense fonctionnement et équipement de 630 milliards de dollars ( part devises et dinars) , des recettes d'hydrocarbures en devises d'environ 700 milliards de dollars et des importations approchant 500 milliards. L'objectif stratégique est de dépasser le statu quo, le manque de vision stratégique pour la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures, devant reposer sur l'entreprise concurrentielle (coût/qualité) et son fondement le savoir, la rente des hydrocarbures par des distributions de revenus sans contreparties productives, pour calmer le front social, ainsi que les réserves de change (richesse artificielle provenant de la rente des hydrocarbures), étant une illusion de court terme, devant être bien utilisée et non gaspillée. En résumé, le défi majeur de l'Algérie entre 2014/2020, au sein d'une région qui devrait connaître une profonde reconfiguration géostratégique, passe par une profonde moralisation de la vie politique et économique (la corruption ayant atteint des proportions inquiétantes menaçant le fondement de l'Etat algérien), une nette volonté politique d'approfondir les réformes, souvent annoncées mais toujours différées, existant des liens dialectiques entre le politique, le social, le culturel et l'économique pour libérer les initiatives créatrices. L'investissement le plus sûr et le plus durable est dans la ressource humaine de qualité et non la quantité. Aussi, évitons les fausses polémiques, toute analyse unilatérale et attachons- nous à l'essentiel à savoir un large débat national sur l'école qui déterminera la future trajectoire du développement économique, social et politique de l'Algérie an sein d'un monde en plein bouleversement, notre adaptation étant une question de survie. La réforme du système socio-éducatif dans son ensemble du primaire au supérieur en passant par la formation professionnelle (loin d'une vision statique micro seulement du primaire au secondaire) devient impérieux car fondement du développement futur tenant compte des expériences dans le monde et des nouvelles mutations scientifiques et technologique en perpétuelle mutation où toute nation qui n'avance pas dans la recherche recule forcément. Et se pose l'opérationnalité des milliers de laboratoires implantés sur tout le territoire national, peu collants avec l'environnement national et international. D'où l'urgence d'un grand ministère de l'Education nationale, facteur essentiel de synchronisation et également d'un grand ministère de l'Economie pour les mêmes objectifs qui répondent aux normes de l'économie et du social pour plus d'efficience. La mentalité bureaucratique rentière est de croire qu'une loi peut modifier le fonctionnement d'une société alors qu'il s'agit d'aller vers de profondes réformes structurelles. Pour terminer, je rappelle les conclusions d'un grand économiste indien, prix Nobel d'économie en 1998,
Amartya SEN qui a démontré que sur le long terme, existe un lien dialectique entre développement et démocratie. Et là se posent, comme nous l'ont enseigné, les fondateurs de l'économie et de la sociologie, les liens dialectiques entre les sciences exactes et les sciences humaines pour un développement harmonieux de l'Algérie qui concilie l'efficacité économique et une très profonde justice sociale dans le cadre de cette mondialisation irréversible qui, en fait, réhabilite les vertus du travail et de l'intelligence loin des intérêts de la rente.


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