Visiter Skikda, c'est comme voyager dans un univers paradisiaque plein de surprises. Il va falloir du temps, beaucoup de temps pour se rassasier de sa beauté magique, de son charme naturel et sa mosaïque culturelle. Au moment de sa création, le bon Dieu a décidé que cet endroit soit la déesse de la Méditerranée. Bienvenue à Russicada, votre prochain amour. Si vous voulez découvrir les anciennes villes et la belle architecture urbaine, vous n'avez qu'à vous rendre à Venise, sinon à Barcelone, et si vous recherchez une belle plage pour passer de bonnes vacances et se faire un bon bronzage, il n'y a pas mieux que la Côte d'Azur ou Ibiza Beach. Et si votre choix était plus exigeant et cherchiez-vous à avoir tout cela, rendez-vous à Skikda, quelque part en Algérie. Nostalgie andalouse Entendre parler ou lire de la beauté de cette ville ne suffit jamais pour en savoir vraiment de quoi parle-t-on. En d'autres termes, il faut voir avec ses propres yeux pour croire. Grâce à un éductour organisé par l'Association des médias spécialisés dans le tourisme «Plumes Touristiques», avec la collaboration du ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, et l'Office national du tourisme, nous avons eu cette chance de voir avec nos propres yeux, découvrir le passé glorieux et contempler les paysages splendides de cette ville. Nous sommes enfin arrivés à la mythique Russicada. L'aiguille de la montre affiche 14h pile. La chaleur s'annonce propice notamment pour les baigneurs et les adeptes des Jet-ski et du beach-ball. Notre impatience bat son plein pour plonger dans les secrets non-dits de cette cité antique aux mille et une histoires. Après une brève détente à l'hôtel Royal Tulip où nous avons pris nos quartiers, la destination ensuite était le centre- ville. Un semblant de musée sans clôtures grâce à ses jolies bâtisses érigées depuis des décennies, voire des siècles. D'abord l'hôtel de Ville, un vrai chef-d'œuvre de la civilisation humaine, signé Charles Montaland. A l'époque coloniale, Skikda, qui s'appelait Philippeville en hommage au roi Philipe de France, représentait un lieu stratégique important pour l'administration française de par son positionnement géographique et son passé historique. Dans les années 1930, le roi Philipe invite alors Charles Montaland, célèbre architecte à cette époque, pour édifier un ensemble d'infrastructures dont l'actuel siège de l'APC et ce, dans le cadre de la célébration du centenaire de la présence française en Algérie. Charles Montaland a fait en sorte que sa touche soit présente sur toutes ses œuvres, ce qui explique en partie leur vue presque uniforme avec d'immenses minarets surplombant la plupart des constructions au style andalou mauresque. Aujourd'hui, le visiteur à Skikda ne peut pas se surpasser du trésor artistique que cache l'hôtel de Ville. L'édifice garde toujours son charme d'antan. Du rez-de-chaussée jusqu'au plus haut niveau, chaque palier possède une histoire à raconter. En revanche, les tableaux artistiques de grands peintres accrochés sur les mûrs et les salles demeurent une belle surprise pour le touriste. J.F Raffaelli, MontMartre et d'autres ont laissé des vestiges inédits. «Ce que vous voyez ici, ce sont des dessins de renommée mondiale : Le Veuf de J.F Raffaelli, Idylle marocaine de Adam Styka, Utillo de Montmartre. Ces tableaux sont un trésor, un bien incommensurable pour notre ville, et la wilaya en général », explique fièrement le maire de Skikda qui nous a accueillis dans son bureau. Quelques unes de ces œuvres se trouvaient à l'origine au musée du Louvre en France, et à l'occasion d'une exposition à l'ex- Philippeville, elles y étaient déplacées pour être affichées. Après, il y a eu le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale ce qui a obligé les organiseurs de garder ces tableaux ici et ne pas les retourner en France. Par la suite, la guerre de la Libération nationale se déclenche, ce qui a fait que ces même tableaux restent encore là jusqu'à nos jours. Le centre-ville de Skikda abrite également un petit joyau d'une architecture assez spéciale : La gare ferroviaire. Cette construction fut inaugurée en 1937. Elle a été édifiée en remplacement de l'ancienne gare couverte de tuiles rouges et ne comprenant qu'un rez-de-chaussée. Aujourd'hui, elle s'élève sur deux étages dans une architecture évoquant une mosquée avec un minaret, supporté d'une horloge en forme de dé. Skikda, c'est l'histoire. Partout où l'on se dirige, on y trouve le patrimoine des anciennes civilisations. D'ailleurs, à quelques encablures de la gare férroviaire, d'autres lieux se démarquent par leur look extérieur exceptionnel. Le théatre municipal en est un. Construit en 1854, les Français l'ont détruit quelques années après pour en ériger un autre. Le nouveau théatre fut inauguré en 1932 et s'étend sur une superficie de 1 000 m2. Veritable œuvre d'art, il est l'un des plus beaux théâtres du pays grâce à son imposante façade principale et le faste des différents éléments décoratifs de son agencement intérieur. Outre le théâtre municipal, le palais Meriem Azza est également une construction incontournable à Skikda. Il prend également le nom de Dar Meriem, sa réalisation date de 1913 et il est l'initiative de Paul Cuttoli, un brillant avocat né à Bab El Oued et ancien député de l'immense département de Constantine. Le projet a été confié à l'architecte attitré de la ville, Charles Montaland, qui y a élevé des baies faites d'arcs volutes. A l'intérieur du palais, une décoration alliant grâce, subtilité et légèreté saute à l'œil, un pur plaisir à ne pas rater. Baignade à Fil-fila le matin, promenade à Stora le soir Ce qui distingue aussi la ville de Skikda, c'est l'attractivité de son port Stora. Coincé au beau milieu de la corniche, ce port de pêche et de plaisance est réputé pour son activité bouillante pendant toute la saison estivale. Les commerces et restaurants se trouvant aux alentours de ce port, maintiennent leurs services jusqu'à des heures tardives du soir au grand plaisir du visiteur. «C'est super ici. La corniche et le port sont notre destination préférée, nous y venons chaque soir car il y a plein de gens ici, les magasins sont toujours ouverts et la sécurité est impeccable. On peut venir à n'importe quel moment sans se soucier de quoi que ce soit», précise un touriste algérois. Stora n'est qu'un seul élément parmi d'autres qui vous attend à Skikda. Les plages de sable fin et doré bordant le long du littoral sont autant fascinantes qu'elles offrent une vue imprenable. Oued Bibi, Fil-fila, la Grande plage, le Ravin des lions, Miramar... c'est au total plus de 10 km de distance formant un étendue de plages d'eaux limpides qui attirent chaque année des centaines de milliers d'estivants. Le tourisme balnéaire, un secteur à encourager Les potentialités touristiques de Skikda n'ont pas de limites. Du côté de la mer, plusieurs atouts sont disponibles mais qui demandent plus d'intérêt de la part des responsables concernés. Les îlots plantés au beau milieu de la Grande bleu peuvent susciter quelques bonnes idées qu'il faudra concrétiser : traversées, visites guidées, voyages de groupe aux plages vierges (inaccessibles par route), activités sportives et de divertissement...Toutes les conditions sont réunies et offertes par Dame nature pour réussir ce secteur et aider ainsi une économie déjà mal en point. Skikda, la ville de la fraise se dévoile. Elle vous accueillera à bras ouverts. D'une générosité hors du commun, des gens comblés de sympathie, ses lieux sains sont là pour vous révéler des histoires, vous raconter des fantaisies. Bienvenue à Skikda, votre prochaine destination.