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Vers une redistribution des cartes ?
Publié dans La Nouvelle République le 31 - 12 - 2015

Le 17 novembre dernier, Bernard Bajolet, patron de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) française et John Brennan, directeur de la CIA, se sont croisés dans une conférence académique donnée à Washington, où ils ont défendu une position similaire.
«Le Moyen-Orient que nous avons connu est fini et je doute qu'il revienne», a déclaré le Français. «La Syrie est déjà morcelée, le régime ne contrôle qu'une petite partie, environ un tiers du pays établi après la Seconde Guerre mondiale (...). Le Nord est contrôlé par les Kurdes et nous avons cette région centrale contrôlée par le groupe Etat islamique», a-t-il expliqué, ajoutant que la situation était pareille en Irak.
John Brennan, patron de la CIA, a, lui, affirmé : «Lorsque je regarde la dévastation en Syrie, en Libye, en Irak, au Yémen, c'est difficile pour moi d'envisager un gouvernement central dans ces pays qui soit capable d'exercer un contrôle ou une autorité sur ces territoires bâtis après la Seconde Guerre mondiale.» Il a ensuite estimé qu'il était désormais «impossible» d'appliquer une «solution militaire dans chacun de ces pays».
Cela dit, comment détruire Daesh ? C'est la question à laquelle a tenté de répondre dans une tribune John Bolton, ancien ambassadeur américain aux Nations unies, proche des néo-conservateurs. Et pour lui, cela passera par la création d'un «Sunnistan». C'est dans le New York Times que John Bolton a développé sa vision stratégique d'un Moyen-Orient complètement redécoupé pour mieux combattre Daesh mais également afin de contrer la vision russo-iranienne de la situation.
Selon le néo-conservateur, d'abord pas de doute, la politique actuelle de Barack Obama manque d'une vision stratégique pour le Moyen-Orient et ne permet pas de répondre à la seule question qui vaille : quoi après l'Etat islamique ? Or, «il est essentiel de résoudre cette question avant d'envisager des plans opérationnels» pour défaire Daesh.
Une nouvelle donne territoriale et géopolitique : le «Sunnistan». Et l'ancien ambassadeur de développer ses idées : pour lui, la réalité est que l'Irak et la Syrie comme entités étatiques indépendantes n'existent plus. L'Etat islamique s'est taillé un territoire dans des pans entiers de ces deux pays. Ajoutez à cela l'émergence de facto d'un Kurdistan indépendant et vous avez un Moyen-Orient à la physionomie totalement inédite.
Dès lors, pour John Bolton, Washington doit reconnaître cette nouvelle donne géopolitique. La meilleure alternative à l'Etat islamique dans le nord-ouest de l'Irak et la Syrie est un nouvel Etat sunnite indépendant. Avantage de cette création étatique ex-nihilo : son potentiel économique certain en tant que producteur de pétrole. Il pourrait aussi constituer un rempart à la fois contre la Syrie de Bachar Al-Assad allié à l'Iran chiite, lui-même de Baghdad.
Les premiers gagnants de cette hypothèse développée par John Bolton seraient évidemment les Etats arabes sunnites du Golfe. Ceux-ci «qui ont dû maintenant comprendre le risque pour leur propre sécurité de financer l'extrémisme islamiste pourraient fournir un financement important» à la nouvelle entité. Et même la Turquie y trouverait son avantage en voyant sa frontière sud stabilisée par ce nouveau «Sunnistan».
Enfin, même les Kurdes pourraient profiter de la situation, pour peu qu'un Kurdistan voit le jour, officiellement reconnu par les Etats-Unis. Si John Bolton envisage ainsi un redécoupage à la serpe du Moyen-Orient, il ne se fait pourtant visiblement pas d'illusion sur le caractère démocratique de la future entité sunnite qu'il appelle de ses vœux. Mais pour cette région instable, la sécurité et la stabilité sont des «ambitions suffisantes».
Pour consolider cet Etat, l'ancien ambassadeur affirme qu'il faudra s'appuyer sur les structures sociales existantes et également sur les anciens responsables irakiens et syriens du parti Baas, préférables selon lui aux extrémistes islamistes. Seulement ce que semble oublier John Bolton est que Daesh a justement prospéré sur le vide politique créé par l'éviction par les Américains de ces membres du parti Baas en Irak. Contrer l'axe russo-iranien.
Cette proposition d'un Etat sunnite sous protectorat américain diffère nettement, selon John Bolton, de la vision russo-iranienne «et de ses alliés, Hezbollah, Bachar el-Assad et Bagdad». Pour lui, l'ambition de cet «axe» serait de restaurer les gouvernements irakien et syrien dans leurs anciennes frontières. Or ce but est «fondamentalement contraire aux intérêts américains, israéliens et à ceux des Etats arabes amis», avertit le néo-conservateur.
Selon lui, Moscou veut s'assurer ainsi la pérennité de ses bases navales de Tartous et de Lattaquié qui lui assurent un accès à la Méditerranée. Téhéran souhaite maintenir le pouvoir alaouite et une protection pour le Hezbollah au Liban. Surtout, l'Iran et la Russie souhaiteraient que les territoires sunnites retournent sous le contrôle du gouvernement chiite de Baghdad, renforçant ainsi de fait l'influence régionale de l'Iran.
En créant cette entité sunnite, John Bolton entend également couper le soutien des populations sunnites à l'Etat islamique en leur garantissant qu'elles ne seront plus sous contrôle alaouite syrien ou chiite irakien. Voilà pourquoi, après avoir détruit Daesh, les Etats-Unis devraient veiller à créer cette entité sunnite, ajoute John Bolton.
Evidemment, il faudrait alors déployer des troupes américaines au sol assure-t-il également, même s'il envisage l'aide de «troupes arabes». Mais, conclut-il très tranquillement, «l'opération militaire n'est pas la partie la plus difficile de cette vision post-Etat islamique». Une opinion qui ne sera peut-être pas partagée par Barack Obama dont la vision militaire se résume à «no boots on the ground» (pas de troupes au sol) et qui refuse désormais tout enlisement de ses troupes au Moyen-Orient.


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