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Le nouveau bourbier
Publié dans La Nouvelle République le 10 - 01 - 2016

En décembre 2015, la situation en Libye ne semble guerre évoluer, ni sur le plan politique, ni sur le terrain. Les efforts de l'ONU pour tenter d'apporter des débuts de solution à la crise qui perdure depuis l'assassinat du colonel Kadhafi sont restés jusqu'ici vains.
La Chambre des représentants (CR), qui est l'organe exécutif libyen officiellement reconnu par la communauté internationale, devait pourtant voir son mandat prendre fin le 20 octobre. Or, rien ne s'est passé depuis cette date, le « gouvernement de Tobrouk » continuant à officier normalement. En effet, les longues négociations lancées sous l'égide de l'ONU pour le réunir avec le « gouvernement de Tripoli » - lequel s'appuie sur le Conseil général national (CGN) dominé par les Frères musulmans - n'ont pas été suivies d'effets. Il faut reconnaître que la communauté internationale est elle-même divisée sur ce dossier. Si les Occidentaux soutiennent la Chambre des représentants, en revanche le Qatar, la Turquie et le Soudan soutiennent en sous-main le CGN qui aurait dû être dissous à l'été 2014. Il est facile d'y voir la main des Frères musulmans qui n'ont pas perdu espoir de gouverner un jour le pays. Un signe de progrès tout de même : depuis début 2015, les milices qui officient en Tripolitaine sont parvenues à conclure des cessez-le-feu, lesquels ont été parfois accompagnés d'accords locaux consistant à définir des lignes de démarcation et à échanger des prisonniers. Cela a contribué à faire un peu retomber la pression. C'est particulièrement vrai pour des milices de Zintan et de Misrata. Il convient de reconnaître que l'ONU a joué un rôle important dans ces processus, même s'ils restent exceptionnels et très localisés. Partout ailleurs, les affrontements sporadiques comme à Benghazi - entre les milices et l'armée du général Haftar - ou dans le Fezzan - entre tribus toubous, touaregs et arabes] - perdurent. Pour le moment, personne ne semble en position de l'emporter durablement. Par ailleurs, la Libye a toujours constitué pour Al-Qaida « canal historique » une terre de prédilection. Les premiers djihadistes qui ont rejoint la nébuleuse, particulièrement en Afghanistan, provenaient de ce pays. Ensuite, le Groupe islamique combattant en libyen (GSCL), formé en Afghanistan en 1995, a tenté de s'attaquer au régime en place à Tripoli. Une répression féroce l'en a empêché, la plupart de ses activistes étant tués, emprisonnés ou contraints à l'exil. Son fondateur, Ammar Ashur al-Rufayi (alias Abou Laith al-Libi), ami proche d'Oussama Ben Laden et du docteur al-Zawahiri, a été tué par un drone américain en janvier 2008 dans les zones tribales pakistanaises. De nombreux vétérans du GICL contraints comme lui à fuir la Libye, ont écumé les terres de djihad de par le monde pour le compte d'Al-Qaida « canal historique ». Certains sont venus renforcer les rangs du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, qui est ensuite devenu Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). C'est par le biais de cette organisation qu'ils sont revenus discrètement en Libye au moment des « révolutions arabes » de 2011. Comme sur d'autres théâtres de djihad, Al-Qaida « canal historique » n'a pas voulu apparaître directement en Libye par choix stratégique. Pour cela, la nébuleuse a téléguidé directement certains mouvements comme Ansar al-Charia, soit elle a en infiltré d'autres, dont des milices islamiques locales qui écument le pays. Cette stratégie de dissimulation a été voulue par Al-Zawahiri car il ne souhaitait pas que ses forces apparaissent au grand jour de manière à ne pas représenter un objectif trop tentant pour ses adversaires occidentaux. Cela n'a pas empêché le mouvement de reconnaitre parfois sa présence, surtout lorsqu'il a connu des échecs comme lors de l'embuscade qui a coûté la vie à Hamid al-Shahiri et à ses hommes, sur la route menant de Derna à Benghaz,i fin nombre 2015. Al-Zawahiri a présenté ses condoléances en reconnaissant que ce groupe dépendait d'AQMI. Déjà, Mokhtar Belmokhtar, l'émir d'al-Mourabitoune devenu depuis cet été « Al-Qaida en Afrique de l'Ouest », avait échappé à une frappe américaine dans la région d'Ajdabiya, au sud de Benghazi. Si le déploiement d'Al-Qaida dans le Fezzan depuis le début de la révolution libyenne était connu, cette présence en Cyrénaïque était moins évidente. Elle traduit l'art de la dissimulation (la taqiya) auquel se livre la nébuleuse islamique. L'Etat islamique (Daesh) se fait moins discret, combattant crânement sous son étendard. Il a étendu sa « wilaya » à partir de Syrte sur 240 kilomètres de côtes aux alentours. Il a également poussé vers le sud espérant récupérer des champs pétroliers qui pourraient lui apporter les ressources financières dont il a besoin. Comme dans la région de Derna en Cyrénaïque, il se heurte aux Petroleum Facilities Guards, des milices chargées de protéger les installations pétrochimiques du pays. Mais Daesh ne rencontre pas en Libye tout le succès auquel il pouvait s'attendre. Cela est dû à plusieurs facteurs. Tout d'abord, la population ne lui est pas globalement favorable car il ne propose pas un combat contre un pouvoir central tyrannique et « apostat » - et pour cause, il n'y en n'a pas. En effet, il n'y a pas de chiites dans la région. Quant aux Occidentaux, ils brillent par leur absence. Il n'y a donc pas d'ennemi à désigner comme le diable à combattre, ce qui n'est pas très motivant pour les activistes. Pour mémoire, sur le front syro-irakien, l'EI lutte contre les pouvoirs alaouite et chiite considérés comme des traîtres à l'islam. De plus, de nombreuses milices locales, même islamistes radicales, voient d'un mauvais oeil ces « étrangers » venir leur faire la leçon. Cela explique que Daesh n'ait pas réussi à conquérir Derna car il s'est retrouvé opposé aux milices locales soutenues par la majorité de la population. Il a été chassé du centre de l'agglomération et contraint de se replier en périphérie. Ensuite, ses effectifs restent assez faibles, compris entre 2 000 et 5 000 combattants, avec peu d'apports extérieurs. Enfin, il manque de ressources financières ne contrôlant que peu de populations qui peuvent verser l'impôt. Daesh n'a pas accès pour l'instant aux richesses en hydrocarbures et aux trafics qui sont l'apanage des deux gouvernements (Tripoli et Tobrouk) et des différentes autres milices. Il lui reste toutefois un moyen qu'il utilise abondamment : la terreur. C'est pour cette raison que Daesh se livre à des exécutions publiques, à des décapitations et des crucifixions, et à des actes terroristes sur l'ensemble de la Libye, mais aussi en Tunisie voisine. En effet, les activistes qui ont menés les attentats du Bardo, le 18 mars 2015 (22 tués dont 21 étrangers), de l'hôtel de Sousse, le 26 juin (38 tués dont 30 Britanniques) et de Tunis, contre le bus de la Garde présidentielle, le 24 novembres (13 tués dont le terroriste) auraient été formés en partie dans un camp d'entraînement situé à proximité de la ville côtière libyenne de Sabratha. Cela signifie qu'en dehors de Syrte et de sa région, Daesh profitant de ralliements de quelques groupes locaux, a établi quelques implantations dans des villes le long de la côte méditerranéenne. Enfin, comme ceux d'Al-Qaida, les responsables de Daesh sont ciblés, dit-on. Ainsi, les Américains ont neutralisé, le 13 novembre, Wisam Najm Abd zayd al Zubaydi (alias Abou Nabil), un Irakien chef militaire du mouvement. Il s'était particulièrement fait remarquer lors de la décapitation de 21 chrétiens coptes égyptiens en février 2015. La plus grande inquiétude porte aujourd'hui sur une éventuelle intervention Occidentale qui risque d'embourber profondément le pays avec tous les corollaires que cela impliquerait sur la région. Cela dit, avec la récente attaque ayant occasionné 47 morts et 110 blessés, Daech semble reprendre les choses en main alors que le cycle infernal des interventions militaires étrangères qui, de l'Irak à l'Afghanistan, alimentent le chaos et les groupes religieux extrémistes plus qu'elles ne les réduisent, semble donc avoir de beaux jours devant lui...

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