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Sonatrach versus Sonelgaz ou César contre la République !
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 03 - 2016

Une première remarque s'impose d'emblée. Il est quand même curieux que dans une industrie où les productions sont vendues sur le Nymex (New York Mercantile Exchange) au centime de dollar près, la Sonatrach n'ait aucune indication à fournir sur les valeurs qui sont dues aux rentes et sur celles imputables à sa transformation industrieuse des hydrocarbures pour leur faire gagner des valeurs ajoutées. Il est tout aussi étonnant de voir les deux mastodontes du secteur énergétique algérien (la Sonatrach et la Sonelgaz) adopter des attitudes diamétralement opposées.
La Sonatrach rit, toute aise des largesses rentières qui lui sont accordées par le pouvoir politique alors que la Sonelgaz n'en finit pas de pleurer des insuffisantes rémunérations des prix de l'électricité et celui de la distribution du gaz qui lui sont concédés. Derrière ces deux attitudes bien différentes se cachent, entre les deux organismes publics, une distribution de la rente inégale d'une part et un arbitrage de l'Etat rentier propriétaire particulièrement contestable et irresponsable. Que coûte techniquement de produire un baril de pétrole à la Sonatrach ? Nous avons souvent posé cette question à des cadres supérieurs de cette entreprise publique avant enfin en recevoir la réponse sous forme de confidence de l'un de ses anciens numéros un : « environ 17 dollars ». L'importance du chiffre qui nous fut rapportée est choquante. En effet, Sonatrach exploite des gisements de taille mondiale (Hassi Messaoud pour le pétrole et Hassi R'mel pour le gaz) et les coûts de production technique, ce que les spécialistes appellent le « cash cost », même si on veut bien considérer qu'ils soient plus élevés que ceux des pays du Golfe situés pour ce qui les concerne entre 3 et 5 USD le baril ne sauraient en aucun cas, en Algérie, dépasser la fourchette de 7-8 USD par baril... Il faudrait appliquer à la Sonatrach une clause de « Cost Stop », c'est-à-dire une clause de limitation des coûts de développement d'un gisement, comme nous l'appliquons aux sociétés pétrolières internationales qui opèrent dans notre pays car la Sonatrach est devenue une entreprise, par bien des aspects, étrangère à toute politique de développement national, poursuivant des objectifs déterminés par les marchés internationaux sans lien avec les besoins réels du pays, entrainant l'Etat dans sa fuite en avant. La Sonatrach n'est en rien intégré à la Nation si ce n'est financièrement dans un contexte de dépréciation des rentes externes qu'elle ne valorise pas suffisamment. Aussi l'Etat doit se réveiller de sa torpeur, ne plus laisser filer des rentes qui sont aujourd'hui indument ristournées à la Sonatrach pour ne rémunérer à cette entreprise publique gaspilleuse que ses frais opérationnels, ceux de la maintenance de l'appareil de production et un premium raisonnable pour ses investissements futurs. Au vu de l'importance des rentes qui lui sont si généreusement accordées par l'Etat, on comprend mieux l'étalement des chiffres tout simplement faramineux que la Sonatrach se complait à annoncer dans la presse nationale et cela alors que toutes les entreprises de taille mondiale du secteur s'empressent de rassurer leurs actionnaires en réduisant la voilure de leurs investissements pour maintenir des profits à des niveaux acceptables, compatibles avec les rémunérations à terme du marche pétrolier. Ce n'est pas là, le moindre des paradoxes d'une entité technocratique publique arrogante qui souhaite injecter 100 milliards de dollars sur 5 ans pour améliorer, affirme-t-elle (sic !), ses taux de récupération et développer encore et ...toujours de nouveaux gisements. Pourquoi ne pas l'avoir fait lorsque le prix du baril était haut ? Pourquoi est ce, lorsque les prix du pétrole baissent, que nos technocrates pensent à améliorer le rendement de nos gisements ? Pourquoi avoir sciemment privilégié une politique de l'exploration tous azimuts, y compris vers l'élargissement de la production aux gaz de schiste au lieu d'améliorer par une politique rigoureuse la rentabilité de nos gisements en production ? Quelle ironie cinglante ! C'est à la veille d'un effondrement du marché sans précédent qui a entrainé la fermeture accélérée de tous les puits non conventionnels liés aux gaz de schiste aux Etats-Unis, que nos technocrates du pétrole ont eu l'intuition littéralement géniale d'en ouvrir dans notre pays ? Que l'on se rappelle ces experts américains venus tout droit du pays de l'Oncle Sam nous administrer des leçons en matière d'exploration gazière non conventionnelle ! C'est du forage horizontal expliquaient-ils à ces pauvres demeurés que nous sommes ! Si la situation n'était pas si dramatique nous nous moquerions allégrement de cette incompétence étalée au grand jour....Pourquoi exporter du Nafta en lieu et place de produits raffinés ? Pourquoi la Chimie dans notre pays se situe entre le coma et l'état végétatif ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? La Sonatrach fainéante nous coûte trop chère Les prix d'exploitation exorbitants de nos hydrocarbures coûtent trop chers à la Nation. Il est urgent que l'Etat clarifie ses relations avec cet organisme public qui confond allégrement son intérêt avec celui du peuple algérien ! Et pendant ce temps les torches brûlent toujours du gaz en quantité phénoménale, à savoir 6 milliards de mètres cubes par an ou bien encore 7% de notre production gazière nationale ! La production des puits de pétroles et de gaz présentant des quantités variables de condensat, génère des surpressions dans le système d'exploitation qui conduisent au délestage par torchage des gaz miscibles aux fins de préserver l'outil de production. De manière traditionnelle, les techniciens de Sonatrach, délestent à tour de bras sans se préoccuper de mieux en gérer les surpressions aux fins de diminuer leurs effets négatifs et ainsi augmenter les quantités récupérables d'huile et de gaz. Pourtant des solutions existent. Réinjection dans les puits en exploitation, génération d'électricité pour mieux couvrir les besoins énergétiques du site d'exploitation ou pour mettre de l'électricité à disposition du réseau, voir production de méthanol par craquage du gaz naturel sont des alternatives que Sonatrach ferait mieux d'exploiter au lieu de nous enfumer avec des stratégies répondant à ses intérêts étroits de géant énergétique, aux mains d'une classe technocratique de type nomenkluriste, ayant peu de rapport avec un développement national authentique. Et l'Etat, ce propriétaire théorique de la Sonatrach devrait réviser son approche pour ce qui concerne sa politique de taxation des rentes pétrolières pour mieux contraindre la Sonatrach et ses cadres fainéants à remplir des buts compatibles avec ses missions publiques au service de la Nation en redevenant une entreprise guidée par la performance et non pas par le gain rentier facile. La plus simple des initiatives serait déjà de taxer les gaz torchés. Du coup on verrait les bureaucrates pétroliers se préoccuper de ce qui les concerne au lieu de dicter à la Nation et à l'Etat une politique énergétique distordue, contraire à ses intérêts supérieurs, préparant le lit d'une dérive oligarchique potentiel du régime politique. On peut légitimement se demander si le lien ombilical à la Sonatrach ne cache pas en réalité un conflit d'intérêt consubstantiel de l'articulation douteuse entre la classe technocratique nomenklaturiste de la Sonatrach et la classe politique dirigeante matérialisée par une collusion évidente entre l'esprit rentier de l'Etat propriétaire d'une part et le capitalisme d'Etat rentier de la Sonatrach d'autre part. Alors que la Sonatrach n'en finit pas de couter à la Nation des sommes faramineuses contre des services aux performances bien médiocres, de se vautrer dans la fange de dividendes indues de la rente pétrolière, la Sonelgaz peine à boucler ses budgets d'investissement pour ne serait ce que couvrir les frais affectés à la maintenance de son parc de centrales électriques et de son réseau de distribution. La Sonelgaz cherche désespérément 10 milliards de dollars (le dixième des sommes prévues par le plan d'investissement de la Sonatrach) pour répondre aux besoins pressants du marché intérieur. C'est ici que se situe toute la problématique des années à venir. Passer d'une rente externe à une rente interne La Sonelgaz est par nature différente de la Sonatrach. La Sonatrach génère des rentes au service de l'Etat et de ses classes dirigeantes qui en tirent des dividendes à tout le moins de légitimation politique. La Sonelgaz, elle, fournit de l'électricité au Peuple ! La où la Sonatrach cultive l'esprit complotiste et cesariste, la Sonelgaz joue la transparence et fait preuve d'esprit républicain. Dans la chaine logistique de valorisation des rentes, elle n'est qu'un intervenant de second rang dans l'exploitation et la transformation des rentes. Son métier est de produire de l'électricité et de distribuer du gaz pour servir ses clients. Elle est dans l'obligation de transformer le gaz en électricité en utilisant les technologies les plus performantes pour atteindre la meilleure efficacité énergétique possible. Si la Sonatrach de la mauvaise performance ne peut se prévaloir que des rentes liées à l'exploitation des hydrocarbures, la Sonelgaz de l'excellence technique appliquée ne peut même pas bénéficier, aujourd'hui, d'une rente raisonnable liée à son positionnement naturellement monopolistique sur le marché algérien. Les prix de l'électricité et du gaz distribués sont fixés par l'Etat en dehors de toute rationalité économique et la Sonelgaz malgré ses efforts méritoires sur le terrain se trouve contrainte par le pouvoir politique à trainer une dette publique colossale. La Sonatrach, c'est du cash pour la consommation immédiate du régime politique. La Sonelgaz, c'est de la dette pour les générations futures... Il est profondément vrai que la Sonelgaz n'a rien à offrir aux classes dirigeantes, les dividendes issus de sa production électrique ne peuvent être détournés car ses circuits commerciaux sont orientés vers l'intérieur du pays et sont pour l'essentiel captifs. Ce n'est pas le cas des hydrocarbures dont la nature de l'industrie plus ouverte en raison de l'intensité de la sphère de l'échange est soumise à nombre d'intermédiaires, « traders », à tous les niveaux de la chaine de valorisation des hydrocarbures. Mais cette pression organisée par l'Etat contre la Sonelgaz, l'obligeant toujours à plus d'endettements revêt également une signification politique inquiétante. Nourri au biberon de la rente externe, le centre
du Pouvoir ne sait même plus organiser le transfert des rentes externes vers des rentes plus internes. Il ne s'agit pas seulement du réajustement des prix des hydrocarbures comme le préconise le CNES. Il nous faut basculer de manière déterminée le pays vers un mode de consommation outrageusement gazier, de capter de manière bien plus efficace les rentes liquides pétrolières en substituant partout le pétrole par du gaz. Nous dégagerons et économiserons alors bien plus de produits dérivés liquides du pétrole pour nos exportations dont les rentes associées sont cinq fois moins dépendantes de considérations logistiques couteuses des qu'il s'agit de la commercialisation du gaz difficile à transporter. L'assujettissement de la Sonelgaz à la dette publique ne lui laisse aucune marge de manœuvre pour faire face à ses responsabilités d'operateur public. Les « politiques à l'esprit rentier », prisonniers de l'idéologie de la redistribution sociale proportionnelle à la captation de leurs privilèges par le truchement de la rente externe, dégagent des boulevards à la Sonatrach sans trouver au bout de ces avenues des perspectives stratégiques pour l'économie nationale. C'est aujourd'hui l'exacte expression de l'impasse politique dans laquelle le peuple algérien se trouve, livré pieds et poings ligotés aux calculs des rentiers professionnels. Pourtant l'épuisement de nos rentes pétrolières ne fait de doute dans l'esprit de personne. Il est un fait têtu que celui de la décroissance graduelle de nos rentes externes. Alors organisons ce mouvement irrépressible de dépréciation de nos rentes externes de manière maitrisée, vers des rentes internes enfin exprimées, au lieu d'en subir les pressions des marchés internationaux ou des idéologues du FMI et de la Banque Mondiale. Nous gérerons alors mieux toutes les conséquences sociales et politiques qui en découleront. Il est possible en encourageant, en interne, partout la substitution du pétrole par le gaz et l'électricité, de dégager des dynamiques économiques capables d'agir en stabilisateurs du front social non pas uniquement par la redistribution de la rente mais aussi par un début de formation de la valeur ajoutée dégagée par les activités de tous ordres autour de ces deux formes (Gaz et électricité) énergétiques de la modernité. Le modèle pétrolier rentier de la Sonatrach est mort. Allons nous endiguer la Sonatrach ou cette dernière sacrifiera-t-elle la Nation sur l'autel de ses intérêts égoïstes et corporatistes aux relents de domination d'une classe technocratique sur le Peuple ?


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