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On n'intègre pas la sphère informelle par des mesures administratives !
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 04 - 2016

Il semble bien que certains responsables n'aient pas réagi du fait qu'ils reprennent le même constat dressé par certains experts depuis de longues années sans avoir apporter des solutions, vivant de l'illusion de la rente éternelle. Ainsi, le ministre des Finances après avoir décidé d'intégrer le capital argent au sein de la sphère informelle au sein de la sphère réelle, résultats très mitigés pour ne pas dire un échec, vient d'annoncer le 25 janvier 2016 qu'il s'agit d'intégrer la sphère informelle afin que les indicateurs statistiques puissent mieux refléter la réalité économique du pays, rappelant une vérité connue depuis longtemps que des sphères économiques et sociales n'étaient pas encore couvertes par les statistiques tels que l'emploi et les flux de capitaux et de marchandises du secteur informel. Pourquoi alors avoir mis la charrue avant les bœufs, cette mesure étant une condition préalable? Je l'invite à relire l'étude opérationnelle réalisée sous ma direction pour l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI- 8e Think Tank mondial Paris France décembre 2013) intitulé « le poids de la sphère informelle au Maghreb et impacts géostratégiques » où en 2012, selon les données officielles de la banque d'Algérie et du ministère du Commerce, cette sphère contrôlait 50 milliards d'euros au cours de l'époque. En 2014 le Premier ministre annonçait le montant de 37 milliards de dollars.
Cette période qui commence donc vers les années 1990, est caractérisée par une libération des prix et la levée du monopole de l'Etat sur le commerce extérieur qui expliquent pour beaucoup les changements qui ont lieu dans l'économie informelle, changements sans la mise en place de nouveaux mécanismes de régulation dans la mesure où en économie de marché la fonction de l'Etat régulateur est stratégique. Ce qui explique que l'ouverture anarchique avec une tendance du passage d'un monopole d'Etat à un monopole privé beaucoup plus néfaste a donné lieu à de nouvelles pratiques informelles. Avec la consécration de la convertibilité commerciale du dinar en 1994, les sociétés d'import-export ont ainsi commencé à connaître une prolifération, la majeure partie de ces sociétés ayant été créées soit par des détenteurs de capitaux ou par d'anciens cadres du secteur public en quête de placements à gains à très court terme. Faute d'institutions solides s'adaptant à la nouvelle situation, car le contrôle s'avère de peu d'efficacité (sinon il faudrait une armée de contrôleurs avec des coûts faramineux), nous assistons à une multiplication des petites activités informelles se concentrant surtout dans le petit commerce et les services, comme mode de survie dans un marché de l'emploi en crise. A cet aspect, se sont greffés la fraude fiscale, la corruption et les détournements des fonds publics. Avec la chute du cours des hydrocarbures qui sera de longue durée , la période 2016/2020 sera certainement caractérisée par des ajustements économiques et sociaux, impliquant un sacrifice partagé renvoyant à la morale, si l'on veut éviter le retour au FMI horizon 2020. L'enjeu à l'avenir sera l'ajustement social de la fonction publique qui sera inévitable avec la réduction des emplois improductifs. 3- Quel est le poids de la sphère informelle ? La sphère informelle contrôle 40/50% de la masse monétaire en circulation et plus de 65% des produits de première nécessité : marché du poisson, de la viande rouge et blanche, le marché des fruits et légumes et à travers l'importation, le textile et le cuir, le secteur industriel étant marginal représentant moins de 5% du produit intérieur brut et sur ces 5%, environ 95% sont des PMI/PME familiales, peu initiées au management stratégique. Environ 97/98% des exportations sont le fait des hydrocarbures à l'état brut ou semi brut y compris les dérivées et important 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15%, posant d'ailleurs un problème pour le retour au crédit à la consommation. Environ 70% du pouvoir d'achat des algériens et la valeur du dinar via les réserves de change sont corrélés à la rente des hydrocarbures. En 2016, Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie c'est Sonatrach. En matière d'emploi, les données sont contradictoires variant entre 25% selon le ministère du Travail et 50% selon certains organismes internationaux. L'Office national des statistiques (ONS) a mis en relief le 20 juillet 2010 relatif à une enquête du second semestre 2009 selon lequel la moitié de la population occupée n'était pas affiliée à la sécurité sociale soit un taux de 50,4% de l'ensemble des travailleurs occupés. Et que 69,1% des salariés non-permanents et 80,1% des travailleurs indépendants n'étaient pas affiliés à la sécurité sociale durant la même période. Plus précisément, sur les 9 472 000 travailleurs occupés recensés, 4 778 000 personnes ne sont pas affiliées au régime de la sécurité sociale, soit un occupé sur deux. La proportion des occupés du monde rural qui ne sont pas affiliés à la sécurité sociale représentante 60,1%, tandis qu'elle est de 46,3% dans le monde urbain. Concernant justement l'évasion fiscale due à la sphère informelle il y a plusieurs estimations contradictoires. Pour l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), le manque à gagner induit par l'évasion fiscale dans les transactions commerciales en Algérie dépasserait 3 milliards de dollars annuellement tout en précisant que 80% des transactions commerciales se font sans aucune facturation, alors que 70 à 80% des transactions utilisent le « cash », comme moyen de payement. Et que près de 80% des commerçants inscrits au CNRC ne payent pas leurs cotisations à la Casnos. A travers l'ensemble du territoire national, toujours selon cette organisation, plus de 50% du marché algérien est occupé par le secteur informel et plus de la moitié du chiffre d'affaires des activités commerciales échappe au Trésor public, contrôlant environ 4O% de la masse monétaire en circulation hors banques (avec une intermédiation financière informelle limitant la politique monétaire globale de l'Etat), mais beaucoup plus si l'on inclut les transactions en nature et l'on soustrait la rente de Sonatrach. Cela a un lien avec la corruption. 4- Instabilité juridique, manque de cohérence dans la politique économique et extension de la sphère informelle La lutte contre la mauvaise gestion et cette corruption qui se généralise tendant à être socialisée, implique avant tout l'efficacité des institutions et une moralisation de la pratique des structures de l'Etat eux-mêmes au plus haut niveau, niveau de dépenses en contradiction avec les pratiques sociales malgré des discours moralisateurs, avec cette montée de la paupérisation qui crée une névrose collective. Dans ce cadre, la sphère informelle en Algérie est favorisée par l'instabilité juridique et le manque de visibilité de la politique socio-économique. Les entrepreneurs qu'ils soient nationaux ou étrangers demandent seulement à voir clair, du moins ceux qui misent sur le moyen et long terme (investissement inducteurs de valeur ajoutée contrairement à l'importation solution de facilité). Or ils sont totalement désemparés face aux changements périodiques du cadre juridique ce qui risque de faire fuir le peu de capitaux surtout en cette période de crise qui montre le rapatriement massif vers les pays d'origine et orienter les nationaux vers la sphère informelle. Que nos responsables visitent les sites où florissent l'informel de l'Est à l'Ouest, du Nord au Sud et ils verront que l'on peut lever des milliards de centimes à des taux d'usure mais avec des hypothèques car existe une intermédiation financière informelle. Le gouvernement ne peut empêcher cette pratique, ayant fait deux fois marche arrière. Car, existe un contrat moral (la confiance) entre le vendeur et l'emprunteur dans les règles de l'art. Les mesures autoritaires bureaucratiques produisent l'effet inverse et lorsqu'un gouvernement agit administrativement et loin des mécanismes transparents et de la concertation sociale, la société enfante ses propres règles pour fonctionner qui ont valeur de droit puisque reposant sur un contrat entre les citoyens, s'éloignant ainsi des règles que le pouvoir veut imposer : exemple les transactions au niveau des frontières pour contourner les myopies des bureaucraties locales, agissant sur les distorsions des prix et des taux de change et le droit coutumier dans les transactions immobilières. On ne peut isoler la sphère réelle de la sphère monétaire, le cours du dinar sur le marché parallèle dépasse depuis janvier 2016, 180 dinars un euro. Avec la crise mondiale, l'épargne de l'émigration ayant été affectée (diminution de l'offre) n'explique pas tout, l'explication essentielle étant le grossissement de la sphère informelle (accroissement également de la demande). (Suivra)

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