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La friche aux «Africhains»...
Publié dans La Nouvelle République le 06 - 05 - 2016

Peu importe le niveau de l'humour quand il a pour finalité un message bien clair. Voici pour ceux qui s'interrogent sur ce titre un peu étrange décliné comme un slogan ultime, revendicatif et précis dans sa demande impérative.
On a connu les picturies diverses, d'abord à l'espace Artissimo, ensuite à la Baignoire, pour se retrouver dans un espace inédit porteur de ce que nous avons connu de plus vif dans la consommation de masse des années 1980 : l'ancien Souk El Fellah de la rue Volta.
Picturie III, matière artistique générale trouve cette année l'énergie de regrouper 23 artistes plasticiens sur une friche, ou du moins, ce qui est assimilé à une friche puisque l'espace n'est pas abandonné. On appréciera assez le fait qu'Issaâd Rebrab, propriétaire du lieu, du moins à moitié, ait laissé ces garnements d'artistes l'investir dans une superbe exposition protéiforme qui regroupe du Street Art, de la photo, de la sculpture des installations, de la performance...
Maître de cérémonie d'un genre nouveau, Mourad Krinah, qui présente à l'occasion un immense collage en noir et blanc, organise un peu ce joyeux désordre basé sur quelques 23 artistes qui représentent quasiment ce qui se fait de mieux sur la scène picturale algérienne. De la céramique, il y en a avec une interrogation sur le corps, bribes, parties de puzzles assez surprenants, ils tournoient sur un fil ténu, transparent, bustes épars, cibles mouvantes et émouvantes, le regard est accroché, le mystère permanent...il s'agit d'une œuvre de Sabrina Bendali intitulée... «Hakli Dahri» au propos ancré dans la sociologie urbaine et la redéfinition des rapports sociaux.
Mehdi Djellil «Bardi» pour les intimes convoque la fameuse «Conférence des oiseaux» du Perse Farid-ud-Din 'Attâr, Djellil nous présente deux drôles d'oiseaux sur une surface immense, l'allégorie faisant le reste sur «Gangue I» et «Ganque II» avec un questionnement sur la notion de pouvoir, la notion de royauté.
Considéré comme une valeur sûre de la jeune peinture contemporaine, Mehdi Djellil promet à chaque exposition un renouvellement palpable. Pour Assila Chorfi et ses pistes photographiques, la vie suit son cours sur quelques collages photos inscrits à même le mur, elle propose des clés de lectures sur une intention à travers la scène d'un garçon qui met les voiles symboliquement mais aussi qui les met concrètement tout en galérant sous le regard amusé ou pas de spectateurs qui transforment cette scène en arène cinématographique.
Assila, habituée à donner vie à des photos en répétant la scène d'un mouvement à l'autre avec du son en appoint, s'avère très sensible à ses sujets, elle exprime cela dans le génie de la simplicité dans cette série de photos sous le titre «La Galère». Bien joué. Pour Adel Bentounsi, le grand trublion du groupe, sous ses airs enjoués ; est le maître de la gravité, son installation «Fil hawa sawa» sur fond noir écrit dans les ténèbres, une très belle installation fait froid dans le dos entre ce qui est dangereux ou pas, les trompettes de Jéricho ont changé de bruit, les flutes transformées en ceintures explosives font le reste comme évocation dans nos esprits, il est à noter que cette installation s'est faite avec l'aide de l'association El-Atlal de Jéricho en Palestine, Djaber Debzi, et les Ateliers Sauvages.
Pour Mounir Gouri, ses photos déclinées en petites scènes imprimées sur bâche laissent les questions d'équilibre prendre le pas sur le rendu un peu mystérieux de son sujet « L'équilibre» avec des photos insolites aux compositions assez originales. Pour Sarah El Hamed, elle reste dans la continuité de ses travaux précédent sur « Mots pour Maux » dans son 4ème opus sur un montage « mystico-artistique », les mots que l'on peut dire sur un espace aussi dédié aux écritures ésotériques, bien mystérieux tout ça, il fallait compter avec la performeuse Sarah El Hamed pour que nous intégrions les délires mystiques des tolbas et autres aigrefins mystiques.
Juste là, un peu sous nos yeux, une curieuse machine futuriste, « Roulma » avec des pièces d'une vieille R25, Farès Yessad, plus connu sous le sobriquet de Serdas, nous pose le postulat interrogatif sur nos traditions, les jeux d'antan, et ceux d'aujourd'hui en opposition ou en adéquation avec les nouveaux paradigmes de consommation, pourquoi pas !? Ecolos durables dans une sorte de pied de nez pas spécialement gratuit, il réalise un prototype high-tech écolo, quand on voit la mise du gars, un peu rasta, très new-âge, la suite de ses travaux avec le collectif de street artistes qui le composent nous rassurent sur l'art contemporain algérien.
« Panchow » et sa grande peinture collage « Dikimentaire » MKD et HMD, laisse les errances de langage de « Diki » entre derdja et mots populaires prendre les chemins de l'ironie, le street artiste laisse deviner dans les propos son esprit délicieusement subversif, très rigolo quand on connaît le sens de ses abréviations... Arslane Bestaoui plonge son objectif dans les couleurs saturées qui sont présentées dans ses collages et photos des « femmes de Sidi El Houari » autant d'histoires, autant de destins filmés, fixés pour l'éternité dans une œuvre et reportage fait avec Reporting Change et Word Press photo.
« La circoncision », « La première coupe de cheveux » et « La première sortie » sont autant de scènes fortes de rituels masculins, qui posent la question de savoir comment se passe l'entrée dans le monde adulte pour un jeune garçon, intéressante question posée par une femme, en l'occurrence Maya Bencheikh Lefgoun qui dans son triptyque laisse une belle impression, dans l'originalité de ses tonalités, ses compositions qui grossissent le trait et dans le caractère inédit de son style.
Même combat pour l'aspect original de « Souk enssa » de la formidable Fella Tamzali-Tahari, avec de superbes incursions « chorégraphiques » dans les univers de la femme en angles fermés. Femme-objet, femme-araignée, femme se lavant dans des renfoncements complètement à contre courant, Fella Tamzali, Fatma Chafaa et Maya Bencheikh Lefgoun sont ici un trio de plasticiennes qui pulse dans les chaumières par de nouveaux apports esthétiques aux interrogations pointilleuses, elles sont dans le coup et cela se voit dans leurs peintures et installations.
Comme d'ailleurs Fatma Chafaâ qui voit dans son installation de cannes à pêche sur fond de miroir et évocation d'égout la force d'un cri du cœur sur la disparition de zones de pêches, mais aussi de l'incurie de ceux qui ont privatisé des plages pour y déverser leur égouts, gabegie politique...la question est posée par la plasticienne dans son installation-constat.
Inversion des rôles pour l'immense toile de l'homme jaune, l'étrange monsieur Yasser Hachemi, une de nos stars contemporaines qui dédie son travail à nos torticolis accusateurs pour nous montrer une immense «cène» faite de ces milliers de migrants placés au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès, sur notre culpabilité, bizarrement Yasser esthétise cette douleur et la rend belle, la question reste posée sur son caractère séditieux. Houari Bouchenak et son immense collage-photo inscrit à l'entrée du site laisse pantois par son aspect visuel qui intègre parfaitement le coin de mur investi, surtout cet aspect interlope piqué à ce village mythique ou toutes les légendes sulfureuses se sont faites.
L'art y reprend ses regards volés et Houari se laisse happer par cet endroit, le trouvant souvent rassurant...Hichem Belhamiti, «Chkara», et «Nature morte à la pomme de terre » avec sa scène iconique de pomme de terre comme valant de l'or, ses personnages en jute valant juste la jute, Youcef Krache et son mur de 100 photos magistrales, noires farouchement noires, et Oussama Tabti, dans sa quête fantomatique en photos de stations services ayant eu une vie antérieure, sur « Food for thought ».
Djamel Agagnia et ses très belles peintures qui investissent un champ subversif sans avoir l'air d'y toucher. Et puis cet immense sac Tati décoré aux haricots, société de consommation quand tu nous tiens, vue par le sémillant Walid Bouchouchi. Mohamed Bourouissa et son mur de « Shoes », évocateur, voilà de quoi se nourrir allègrement aux sources d'un art novateur, inutile d'en rajouter juste aller visiter cette aventure, elle vaut juste le détour...nement, et puis le slogan est mérité pourquoi pas rêver de cette « La Friche...aux Africhains...».
Exposition Picturie Générale III, du 23 avril au 23 mai 2016, «Marché Volta», entre les rues Ahcène Ameziane (ex-Volta) et Achour Maïdi (ex-Ampère). Alger centre, entrée libre.


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