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La reine du crime en Mésopotamie
Publié dans La Nouvelle République le 22 - 08 - 2016

A partir de 1930, date de son mariage avec l'archéologue Max Mallowan, le destin d'Agatha Christie (1870-1976) est indissociablement lié à la carrière de son époux, qu'elle accompagne dans toutes ses missions en Orient.
La romancière à succès participe activement aux fouilles, et y trouve matière à ses plus belles intrigues policières. Le premier voyage d'Agatha Christie à Bagdad remonte à 1928. A l'époque, il n'y avait qu'un moyen d'aller au Moyen-Orient : le train. Et pas n'importe quel train : le légendaire Orient-Express. Agatha Christie a toujours adoré les trains. Dans son esprit, le rêve, l'aventure et tout simplement l'évasion. Elle part de la gare Victoria à Londres sous la pluie, traverse la manche à Douvres, puis reprend son trajet à Calais jusqu'à Istanbul.
Là, elle doit traverser le Bosphore pour monter à bord du Taurus-Express, ainsi nommé parce qu'il franchit les monts Taurus jusqu'à Alep. Un chemin de fer local la conduit ensuite à Damas. C'est le terminus. Les voyageurs qui désirent continuer vers Bagdad le font en autocar de la compagnie des frères Nairn. Curieuse de voir autre chose en Irak que la colonne britannique de Bagdad, Agatha Christie décide de se rendre sur le site de l'antique Ur, où Leonard Woolley conduit des fouilles depuis 1923.
Elle a lu un reportage à ce sujet dans l'Illustrated London News. Devenue l'amie de Katharine, la femme de Woolley, elle est invitée à retourner à Ur en 1930. C'est lors de cette deuxième visite qu'elle rencontre le jeune archéologue Max Mallowan, qui a reçu la consigne d'accueillir Agatha Christie à son arrivée et de lui faire visiter la région. Ils tombent amoureux au cours de ce périple et se marient en septembre 1930. Elle a presque quarante ans. Il en a vingt-cinq.
D'Ur à Ninive
Dorénavant, Agatha Christie sera inextricablement liée au travail de son mari au Moyen-Orient. Elle l'accompagne dans chacune de ses missions archéologiques. Les séjours au Moyen-Orient ont des répercussions immédiates sur son écriture, et lui inspirent quelques-uns de ses plus grands succès littéraires. Les jeunes mariés effectuent un voyage de noces en Egypte, après quoi, Max quitte le site d'Ur pour celui de Ninive, plus au Nord. Agatha Christie partage pour la première fois l'existence d'une équipe d'archéologues en mission.
Elle raconte dans son autobiographie sa joie d'assister personnellement à la découverte de ce que fut le foyer de la civilisation au 1er millénaire av. J.-C. Elle devient experte dans l'art de trier les tessons de poterie, de nettoyer et réparer les fragments et, surtout, de photographier les objets antiques exhumés du site. Pendant tout ce temps, elle a continué à écrire des romans. En 1933, Max Mallowan s'estime assez expérimenté pour diriger des fouilles à son tour. Son choix se porte sur le site préhistorique d'Arpachiyah, à quelques kilomètres au nord de Ninive.
Agatha Christie l'aide à ouvrir un chantier et s'occupe de photographier et d'enregistrer les trouvailles. C'est lors du voyage de retour en Angleterre que surviennent certaines péripéties (sauf le meurtre proprement dit) spectaculairement retracés dans le crime de l'Orient-Expresss (1934).
Pendant la période qui précède la Seconde Guerre mondiale, les Mallowan vont tous les ans en Irak ou en Syrie et prospectent la vallée du Khabur. Agatha Christie brosse un tableau humoristique de ces expéditions dans Tell Me How You Live, paru en anglais en 1945 et publié en français sous le titre La Romancière et l'archéologue, qui offre un récit savoureux des bonheurs et des vicissitudes du campement su un champ de fouilles.
L'archéologie en filigrane
De tous les livres d'Agatha Christie situés au Moyen-Orient, le plus important aux yeux des archéologues est Meurtres en Mésopotamie (1936). Le site d'Ur où se déroule le roman est fidèlement décrit, tandis que la présence d'un personnage qui n'y connaît rien (l'infirmière Amy Leatherman) permet d'expliquer le travail des archéologues. Le lecteur apprend tout en en distrayant tout ce qu'il faut savoir sur les niveaux céramiques et les sépultures à corps fléchi.
Le Moyen-Orient sert de décors à d'autres romans d'Agatha Christie. Dans Mort sur le Nil (1937), un Egyptologue apporte un éclairage érudit sur l'histoire des pharaons. Rendez-vous avec la mort (1938) raconte une excursion dans les ruines de Petra, et l'expérience des touristes de l'époque s'avère particulièrement intéressante pour le voyageur actuel. Ils logeaient au choix dans une grotte ou sous une tente, l'une et l'autre luxueusement aménagées, aux bons soins du patron du célèbre hôtel Nazzal, partenaire local de Thomas Cook.
Un seul roman d'Agatha Christie se déroule dans l'Antiquité : La mort n'est pas une fin (1945), inspiré d'un obscur papyrus de Hekanakht qui lui a fourni des personnages sur mesure, un homme âgé et sa jeune concubine bien décidée à déshériter les enfants du premier mariage. Rendez-vous à Bagdad (1951), le dernier roman d'Agatha Christie sur fond de Moyen-Orient, remporte un immense succès malgré son intrigue cousue de fil blanc. L'héroïne Victoria Jones, totalement néophyte, sert de truchement au lecteur pour lui faire découvrir le travail des archéologues de manière extraordinairement vivante, et l'on sent bien que, ni les briques de fondation plano-convexes ni les niveaux de fouille n'avaient de secret pour Agatha Christie.
Après la Seconde Guerre mondiale, les Mallowan reviennent en Irak. Le pays a changé et l'attitude d'Aghatha Christie à l'égard des Irakiens se modifie également. Max Mallowan entreprend des fouilles sur le site de Nimrud auquel son nom restera à jamais attaché. Il a dans son équipe, plusieurs membres du service irakien des Antiquités et des hauts fonctionnaires accompagnés de leurs invités viennent visiter le chantier à intervalles réguliers.
Agatha Christie, de son côté, filme et photographie des femmes, des enfants et des animaux de la région. Rendez-vous à Bagdad révèle le regard qu'elle porte à présent sur sa seconde patrie. Elle a face à elle un pays neuf soucieux d'affirmer son identité. Agatha Christie reste trop marquée par son époque et par son éducation pour s'intégrer vraiment à la population locale et ses écrits sur le Moyen-Orient traduisent brillamment sa vision personnelle, somme toute limitée.
Ils apportent un témoignage précieux sur les missions archéologiques des années 1930 et 1950, et aussi sur les conditions de vie des expatriés qui menaient une existence de colons tout en s'adonnant au décryptage des mystères de l'Antiquité. Si le ton peut paraître un peu condescendant aujourd'hui, c'est que nous projetons nos critères actuels sur des textes écrits voici plus de soixante dix-ans.
L'affection lucide qu'Agatha Christie voue à l'Irak et à la Syrie échappe à toute espèce d'arrogance ou de sentiment de supériorité. Dès le début de sa vie conjugale avec son second mari, Agatha Christie a compris que l'enquête policière et l'archéologie se rejoignaient sur bien des points. Les indices épars remis dans l'ordre ébauchent des pistes, à partir desquelles la perspicacité jointe au sens de l'observation arrivent à fournir une explication claire.
In Qantara n°81


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