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L'Islam dans le monde arabe
Publié dans La Nouvelle République le 09 - 01 - 2017

La mort du Dieu chrétien (Nietzsche) et le désenchantement du monde occidental (Max Weber) ont donné au thème de la religion une charge polémique. L'Islam joue un rôle non négligeable dans le processus de retour du religieux tel qu'il est constaté dès la fin du XXème siècle. Les débats et les peurs qui entourent ce retour proviennent de la puissance idéologique de l'Islam dit politique, de l'Islam comme philosophie politique. Il semblerait à certains que l'Islam puisse être une alternative programmatique, face à la domination du capitalisme marchand et de la démocratie libérale.
Il est certain, dans ces conditions, que les précautions autour de la volonté de ne pas amalgamer l'Islam comme religion et le terrorisme comme technique politique sont assez vaines, dans la mesure où précisément, ce n'est pas le terrorisme en lui-même qui inspire cette crainte, mais les objectifs finaux du djihadisme international, dont les Occidentaux craignent qu'il ne fascine les citoyens indifférents des démocraties représentatives agonisantes. Fin des religions, règne de l'argent, satisfaction du confort matériel, droit de désigner les ennemis de tous et domination absolue sur le monde...l'homme européen n'est pas assez sorti de cette histoire. Si en effet les religions en Occident sont devenues de simples systèmes de croyances où des consommateurs du spirituel peuvent faire leur marché, ils ont encore une réalité dont la force est à prendre en compte pour analyser finement la géopolitique de notre monde. L'attention naturelle portée sur le monde arabe en tant qu'unité substantielle provient pour une large part, de façon parfois inconsciente, du fait que le territoire en question a vu naître les trois religions monothéistes et est encore l'enjeu d'un conflit mondial sur l'avenir des religions. Le monde arabe est en lui-même un espace historiquement religieux, dont les contours ont été dessinés par les guerres, les conquêtes, les spasmes et les remous liés aux affrontements et aux arrangements religieux. Le fait que l'Islam ait été initialement imposé au monde à travers la conquête militaire des Arabes, du VIIème au VIIIème siècle, a eu une importance fondamentale dans le regard jeté à la fois sur l'Islam et le monde arabe. Une sorte d'équivalence transitionnelle s'est établie entre les deux termes, si bien que s'est instaurée une identité quelque peu confondante. Cette équivalence a une part de vérité, comme nous pourrons le constater dans un premier temps. Cependant, elle n'entraîne en rien une homogénéité religieuse dans le monde arabe. Comme l'explique René Khawan, dans son Introduction au Livre des ruses, « l'homme arabe, aujourd'hui comme hier, n'entreprend rien, que ce soit en politique ou dans tout autre domaine, sans en référer à une tradition qui remonte aux prophètes et, par-delà ces Envoyés, à Dieu ». L'Islam est né dans le monde arabe : c'est un fait que nul ne conteste ; mais que l'arabité soit née de l'univers islamique, voilà qui mérite une réflexion plus poussée. L'islamologue allemand Ludwig Ferdinand Clauss (1892-1974) avait réussi à se départir du ferment matérialiste de l'évolutionnisme, en imaginant une conception de « la race » plus culturelle et spirituelle que biologique et physique. Appliquant la méthode de l'observation participante de Malinowski, Clauss tenta de mettre en place de façon plus ou moins agencée le concept classique de « caractère » avec les données biologiques existantes et les faits naturels observés, afin de définir avec précision la psychologie d'un peuple. Le parti pris méthodique du chercheur allemand consistait, d'un certain côté, à prendre le risque de faire jouer l'opposition métaphysique corps/âme, voire même d'accorder la primauté causale à l'esprit, dans un cadre cognitif platonico-chrétien. Néanmoins, la puissance d'une telle approche théorique vient du fait qu'elle était, à l'époque où Clauss la formulait, à la fois originale et innovante, puisque l'objet d'étude défini par l'islamologue reposait sur une défiance vis-à-vis du régime épistémologique général prégnant dans les sciences sociales de sont temps. D'une manière plus tranchante, Clauss choisit une option humaniste et prit ses distances avec le décentrement de l'homme dans la sphère des connaissances et son rangement raisonné dans la taxinomie des vivants près des animaux, pour considérer l'humain comme un être singulier échappant à toute catégorisation scientifique. Paradoxalement, cette approche philosophique est aussi antihumaniste, en cela qu'elle va à l'encontre de la définition européenne de l'homme comme animal rationale – rappelons qu'Heidegger, dans sa Lettre sur l'humanisme (1945), évoquait la nécessité ontologique de penser plus haut la question de l'homme... La psychologie phénoménologique des races humaines permet à Clauss d'envisager l'altérité sous un angle réellement alternatif – c'est précisément cet élément qui fait que son œuvre est actuelle. Pour l'islamologue germanique, le désert est l'environnement à partir duquel doit se comprendre la psychologie du peuple arabe. Le désert, espace apparemment vide et sans intérêt, est le substrat à partir duquel les Arabes ont développé une forme de spiritualité spécifique. Cette forme explique le style prophétique typiquement arabe et est en accord avec les bases psychologiques musulmanes. Dès lors, dans l'optique de Clauss, un rapport de consubstantialité ethnique, environnementale et spirituelle est établi entre arabité, désert et Islam. « La piété musulmane est définie comme une spiritualisation des lois du désert » (Robert Steuckers, « L'Islam dans les travaux de Ludwig Ferdinand Clauss », Vouloir, n°89/92, 1992.). La mystique désertique prégnante dans le monde arabe est ainsi à mettre en lien avec le monothéisme intégral invitant à une soumission absolue à un Dieu unique et transcendant, sans visage mais tout-puissant, invisible mais partout présent. De fait, le marchand de la tribu des Quraïch qu'était Muhammad durant la période antéislamique, n'est devenu Prophète qu'une fois qu'il s'en est allé au désert, seul, en quête d'absolu. S'il est tellement nécessaire d'insister sur cette approche, c'est qu'elle nous enjoint de considérer la question du rôle des religions dans le monde arabe d'une manière particulière. Malgré son caractère universel et le côté prosélyte de ses adeptes, l'Islam est le produit d'une mystique d'un espace bien déterminé. L'Islam est plus qu'une religion parmi d'autres, dans le monde arabe : il est un véritable « fait social total » (Marcel Mauss), qui explique maints aspects de ce territoire et nombre de comportements typiques de ses habitants. Le fait qu'à l'époque contemporaine, dans des pays arabes aussi divers que le Maroc, la Jordanie ou les Etats du Golfe, la Charia, sous des formes extrêmement variées, régisse la sphère publique, témoigne de cette prégnance mentale même du point de vue des institutions politiques et sociales modernes, de même que le fait que les pays arabes fassent partie de l'Organisation de la Coopération Islamique, au niveau des Etats-nations sécularisés – bien que l'OCI soit réduite à l'impuissance politique du fait des divisions de ses membres, qui défendent perpétuellement leurs intérêts nationaux et non ceux de la communauté musulmane, la Oumma. (A suivre)

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