Réduire le bilan annuel alarmant des accidents de la route, qui fait ressortir 4 400 morts et 55 000 blessés, et coûtant 120 milliards de DA au Trésor, est devenu une préoccupation de premier plan et une urgence absolue pour les pouvoirs publics en Algérie. Tahar Messaoud Nacer, membre du conseil d'administration de la Société nationale des transports routiers (SNTR), en a parlé dans l'entretien qu'il a accordé à la chaîne 3 de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction. Il considère l'introduction d'un permis à points, et l'alourdissement des sanctions «sont nécessaires, mais pas suffisants», et qu'«il faudrait les accompagner par d'autres mesures». Il relève qu'il s'agit là d'un phénomène nécessitant, aussi, d'autres traitements. Il rappelle que la loi de 2001 a subi cinq modifications avec, à chaque fois le volet alourdissement des sanctions qui a toujours pris la part du lion. Il pense que c'est réducteur comme vision de la sécurité routière qui est, fait-il remarquer, «un domaine beaucoup plus vaste sur lequel il faut travailler sur l'ensemble des segments». En citant le triptyque «véhicule-homme-environnement», ajoute-t-il, cela signifie qu'il faut travailler sur les trois composantes et pas uniquement sur les sanctions. On traite, selon lui, en aval alors qu'il faut traiter en amont. «Il faut revenir sur les causes qui génèrent des comportements agressifs et délictueux. Pour traiter la délinquance de masse que représente l'insécurité routière, il faut aller vers des sanctions, comme cela se fait partout ailleurs dans le monde». «Il ne faut pas occulter d'autres dimensions liées à d'autres facteurs, comme l'apprentissage, la formation (mise à niveau des autos-écoles), sur laquelle la loi doit intervenir davantage, et revenir également sur l'environnement (la signalisation,...), et le facteur véhicule (les points de contrôle doivent être durcis). Il insiste sur la formation permanente de la conduite, et appelle à instituer une méthode d'apprentissage tout au long de la vie, à partir du niveau scolaire, puis le permis de conduire qui comprend l'apprentissage du maniement du véhicule, et la capitalisation de la conduite, de ses propres capacités aptitudes et surtout ses attitudes. «Après l'obtention d'un permis provisoire ou probatoire, les conducteurs doivent subir régulièrement, après un certain nombre de kilomètres, une évaluation plus objective de leurs attitudes, et aptitudes à conduire un véhicule automobile». «La formation doit être étendue à tous, y compris, pour le président d'APC, et ce pour que ce dernier ne permette pas aux commerçants d'occuper les trottoirs, et d'obliger les piétons à aller sur la chaussée». A propos de la création d'une Délégation interministérielle de lutte contre les accidents de la circulation routière, placée sous l'autorité du Premier ministre, il exprime sa satisfaction de voir «enfin décloisonnée cette problématique de la sécurité routière», «parce qu'elle est une préoccupation horizontale». Pour lui, «il s'agit dorénavant, d'afficher des objectifs tendant à réduire, sur une période déterminée, en taux chiffrés et mesurables, les accidents, afin que l'on puisse aller dans des directions que l'on corrigera chemin faisant». Tahar Messaoud Nacer a abordé aussi la question du brevet professionnel, et des cas particuliers des transports de voyageurs (transport en commun, catégorie D), de marchandises (poids lourds, C1 et C2), sans oublier les matières dangereuses pour lesquelles les conducteurs devront subir une formation spécifique à ce type de transport. Il note qu'en 1987, il y a eu la loi sur la «sécurité routière» au lieu de «circulation routière ». Il fait observer, par ailleurs, que «le fait que les statistiques sur les accidents de la route soient agrégées, et n'aillent pas dans les détails, empêche un véritable diagnostic, et ne donnent pas les types de collision (frontale,...), les types de véhicules en collision, les dimensions de la route, les points noirs, etc...» «Il n'y a pas d'informations précises, sur par exemple l'absence de glissières qui n'est pas signalée. Les informations, détaillées et précises, doivent être mises à la disposition des experts, pour que des solutions adaptées soient apportées». Enfin, à propos du rejet par les députés de l'obligation de la ceinture de sécurité aux passagers de l'arrière du véhicule, Tahar Messaoud Nacer dit «ne pas comprendre ce refus», « alors que tous les passagers sont embarqués dans le même véhicule et peuvent être éjectés». Autres points abordés : le permis à points, le chrono tachygraphe... ,«des mesures qui doivent être améliorées», selon Messaoud Tahar Nacer qui appelle à prendre des décisions pour le retrait des véhicules vétustes et réformés.