«Rapprocher les gens de la nature», a été le slogan de la Journée mondiale de l'environnement organisée à la forêt de Ben Aknoun par la Direction de l'environnement de la wilaya d'Alger, en juin dernier. S'exprimant à cette occasion, la ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables, Fatma-Zohra Zerouati, a affirmé que l'enfant était un acteur essentiel dans la protection de l'environnement dont l'importance doit, en conséquence, lui être inculquée davantage. Si la volonté politique de l'Etat s'inscrit dans la problématique environnementaliste à travers différents engagements, en mobilisant les ressources humaines, financières et techniques pour défendre cette cause, en sensibilisant le public et l'inciter à prendre en charge son environnement, qu'en-est-il du citoyen ? Est-il conscient des enjeux environnementaux et civiques, à travers un engagement écocitoyen ? Les campagnes de sensibilisations environnementales, organisées occasionnellement ont-elles un impact sur son comportement ? Quelle prédisposition du citoyen à participer à la protection de l'environnement ? Questions certes complexes, mais auxquelles nous tenterons d'apporter quelques éléments de réponses à travers la présente enquête. L'éducation à l'environnement est aujourd'hui un sujet discuté politiquement, l'avènement du développement durable a participé à son institution- nalisation, les recherches et les colloques sur l'éducation environnementale commencent à se développer, le projet est devenu politique et planétaire. Aussi, l'émergence d'une culture environnementale concerne-t-elle tous les humains, quel que soit leur âge, leur statut et leur fonction dans la société. C'est une éducation civique qui a pour but d'amener les individus et les collectivités à saisir la complexité de l'environnement tant naturel que créé par l'homme, complexité due à l'interactivité de ses aspects biologiques, physiques, sociaux, économiques et culturels. Appréhender ainsi le comportement des individus en analysant leur conduite face à des problèmes relatifs à l'environnement revient à mesurer le degré de prise de conscience collective face aux dangers écologiques qui menacent la société. Amener le citoyen à s'approprier son environnement et à agir comme un consommateur responsable en participant activement aux actions de réhabilitation et de protection de la nature et de l'environnement demeure une norme sociale, une tendance socio- culturelle forte et durable qui devrait s'infiltrer progressivement dans la vie quotidienne du citoyen. Respecter ou agresser l'environnement sont des faits qui ont des conséquences morales sur l'individu ; sur le bien-être social. Se sentir membre de la société et entre autre faisant partie d'une cause humaine commune à savoir la protection de l'environnement, doit indubitablement déboucher sur l'émergence d'une nouvelle culture, en l'occurrence, celle de l'écocitoyenneté qui veut tout simplement dire : un citoyen averti et responsable envers son environnement. Ainsi, et à travers les réponses aux questions relatives à l'aspect général du cadre de vie de nos villes et espaces périphériques, toujours jonchés de déchets de toutes sortes, il ressort que nos interviewés semble encore très peu sensibles aux problèmes environnementaux, à la gestion des déchets et bien d'autres questions spécifiques à l'environnement. Si certains, les questions relatives à l'environnement, sont considérées comme nouvelles et non prioritaires, d'autres estiment que le public est sous informées par rapport aux questions environnementales et n'est pas assez sensibilisé aux initiatives en matière de gestion de l'environnement. Dans ce contexte, sur l'ensemble des interviewés, certains considèrent que les campagnes de sensibilisation environnementale n'ont pas eu d'effet sur la conduite de leur concitoyens. Cette attitude est adoptée par des individus ayant des caractéristiques socio-démographiques différentes. Les premiers d'entre eux sont principalement des individus âgés ne s'intéressant pas à toute action de sensibilisation. Ce qui s'expliquerait probablement par leur niveau d'instruction assez limité et peut-être une attitude bien spécifique et stéréotypée qu'ils sont incapables de modifier. Quant aux seconds, de niveau d'instruction assez élevé, ils avancent plusieurs arguments pour expliquer leur position quant à l'absence d'effets des campagnes de sensibilisation sur leur conduite. En effet, certains pensent que les actions de sensibilisation manquent de régularité ce qui entrave leur mémorisation et leur ancrage dans la mémoire collective. Parfois même ces actions sont complètement ignorées, ce qui engendre un manque d'information dans le domaine environnemental. En fait, le manque de synchronisation entre ces actions et l'infrastructure existante rend sans effet ces dernières et décourage par conséquent les gens à respecter leur environnement. Par exemple, l'inexistence de décharges publiques dans les quartiers ou leur placement à une grande distance du lieu de résidence est devenue est bonne raison pour nuire à l'environnement. Enfin, il est à noter qu'il existe quelques personnes qui, bien qu'elles adoptent un comportement pro-environnemental, considèrent que les actions de sensibilisation, particulièrement celles organisées dans le cadre des journées «portes ouvertes», sont très superficielles et du coup ne leur apportent pas de nouvelles informations par rapport à celles acquises, ou carrément se déclarent assez cultivées et éduquées pour ne pas avoir besoin des actions de sensibilisation. Elles essaient en fait d'exprimer leur supériorité par rapport au profane «inconscient» pour afficher leur appartenance à l'élite qui respecte l'environnement bien avant ces campagnes de sensibilisation. Cela dit, qu'en est-il de la disposition des individus à prendre en charge leur environnement ? Dans ce sens, si une minorité semble attribuer l'entière responsabilité aux pouvoirs publics, un bon nombre des personnes interviewées demeure globalement disposées à participer dans des actions de protection et de réhabilitation de l'environnement. Elles expriment en fait leur volonté à soutenir la cause environnementale ne serait-ce qu'à travers des actions sporadiques dans ce domaine (contribuer à la protection des plages, propreté du quartier, implantations d'arbres...). Cet élan citoyen, aussi minime soit-il et bien que relatif, montre bien à quel point les citoyens sont prêts à s'approprier leur environnement et le prendre en charge. Cette prédisposition à la participation à des actions de protection de la nature s'affirme de plus en plus lorsque les individus imbriquent l'environnement dans leur cadre de vie culturel. En effet ces derniers considèrent de telles actions comme faisant partie intégrante des devoirs religieux. En effet, «Dieu a crée la nature et a placé l'homme dans un environnement sain. C'est pour cette raison il doit le protéger et le garder sain», S.M, ingénieur agronome. Aussi, ce potentiel social et cet engagement volontaire de la part de certains citoyens envers l'environnement devrait-il être bien encadrés et consolidés. D'où l'intérêt et le rôle des pouvoirs publics, associations, instances éducatives, etc. à valoriser l'engagement de ces volontaires à travers des séminaires, des discussions, des sorties sur terrain ; ce qui peut participer à enraciner de telles tendances dans la vie quotidienne du citoyen. Sensibiliser les citoyens, les inciter à s'approprier et prendre en charge leur environnement à travers des journées portes ouvertes, ne semble pas suffire tant ces initiatives ne sont pas renforcée dans la vie courante du citoyen par d'autres actions de sensibilisation englobant à la fois les productions audiovisuelles (les spots publicitaires, les émissions sur l'environnement, les clips), les productions écrites (affiches, dépliants, brochures, banderoles, documents scolaires, autocollants...), en sus les manifestations de sensibilisation (la Journée mondiale de l'environnement, la fête de l'arbre, la journée de la Terre, etc. De ce fait, l'implication de l'individu vis-à-vis de son environnement l'incite entre autre à devenir de plus en plus responsable et à développer une culture citoyenne de l'environnement.