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L'avenue Pasteur se colore de bons mots
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 09 - 2018

«Regards d'été», un intitulé, un programme du 15 août au 30 septembre 2018 avec de nombreux cadeaux pour un public qui fréquente beaucoup la galerie Racim, au 7 avenue Pasteur à Alger. De passage devant les vitrines de cette structure d'Art et Culture qui renaît depuis sa reprise de ses cendres.
Pour cette aventure qui anticipe un peu sur l'été indien, nous avons droit à un quatuor étincelant, qui virevolte entre la photo, les petits formats, la peinture et la sculpture. «Regards d'été» est un très bel exercice de style décliné en quatre tons proposés par des enfants terribles qui émergent sur la scène artistique algérienne de manière pertinente. Les dames d'abord avec Amel Benmohamed qui présente des travaux tirés sur toiles, d'aucuns se poseront la question, est-ce de la photo !? Est-ce de la peinture !? Pour nous, il s'agit d'arts plastiques, Amel Benmohamed, plasticienne avertie, laisse son regard errer sur des étoffes soyeuses qui offrent un grain fin d'une beauté qui est sublimée par le sens du détail de la brave Amel, dans un délicat numéro de voltige à l'alchimie assurée.
Elle compose des étoffes, construit les drapés, ensuite elle prend des pans entiers, des parties qui ont un élan graphique, un potentiel esthétique et elle monte en épingle cette aventure artistique pour livrer in-fine des tableaux à l'originalité certifiée. La couleur est au rendez-vous, la beauté et l'aspect surprenant de la texture obtenue sont autant de marques de fabrique qu'Amel Benmohamed propose avec générosité. Les photos-peintures d'Amel laissent la latitude à Idriss Amor Dokman, habitué des lieux, de se mouvoir à son aise sur les cimaises par une série d'interprétations libres déclinées en moyens et petit formats avec de l'acrylique et sans nul doute mille et une autres mixtures destinées à rehausser ses petites surfaces dessinées, peintes, colorées, grattées, surajoutées, le tout stratifié, composé, en une sorte d'abstraction lyrique souvent thématisée, souvent poétisée par un sens esthétique de très bonne facture.
L'art et la manière !!!
Dokman est aussi très engagé dans la peinture, il été enseignant. Il est toujours présent sur des plateaux télé, radio et autres médias, laisse son énergie toujours se diluer par sens didactique. Jamais une exposition de ce plasticien agité n'est gratuite, il rentabilise toujours son expression en partageant son savoir, en communiquant autour de son art, en essayant de changer les choses dans le domaine de la culture…le plaisir d'aller à la rencontre de son art est intact. Dans la série de peintures-dessins qu'il présente, son abstraction lyrique, sa quête d'originalité et sa perspicacité sont toujours aussi puissantes. Juste à côté de lui, Noureddine Chegrane, l'aîné de cette fratrie turbulente, présente quelques grands formats. Ce peintre amateur du signe et des couleurs insolentes volées à tous les arcs-en-ciel nous livre ici un ensemble de travaux aux grands formats, l'acryliques exprime ici toute sa palette, les formes se font plus floues, la matrice originelle garde ses signifiants, elle est centrale, trône sur des scènes semis abstraites, avec des figurine héritées de périodes immémoriales, des griffures, graffs, tourbillons de couleurs, le tout décliné en une harmonie dont seul ce peintre prolifique garde le secret.
On retiendra de lui une propension, aujourd'hui, a diluer la gestuelle dans des attitudes plus fluides, Chegrane n'a plus la même ardeur gestuelle, mais cela, paradoxalement, donne un effet de liberté savoureux au regard. Chegrane est donc un personnage hors pair, un plasticien qui a beaucoup de choses à dire, le tout sans jamais saturer le regard. Il reste aussi Madjid Guemroud pour un retour en lumière qui est tout simplement foudroyant. L'ancien diplômé des beaux-arts d'Alger en aménagement intérieur et peinture chez Denis Martinez a fait ses armes en activant un peu partout, il a été artisan dans une vie antérieure, il a enseigné les arts-plastiques dans le secondaire et fait mille et un villages, bus ou autres supports inédits où l'on peut voir sa touche si reconnaissable.
A la galerie Racim, il est un peu chez lui, nous présente des créations de 2017 avec une facture plus libre malgré le caractère systématique de ses constructions graphiques, ses collages et ses travaux très forts chromatiquement. L'aspect festif à la limite du ludique transfère ces notes inspirées de la possible illustration vers le concept de figuration libre puisque Madjid Guemroud présente une peinture aux couleurs franches, directes, incisives comme il se doit. Jamais ses travaux ne se départissent de sens, les titres équivalents en pertinence avec les tableaux, il s'agit de politique, de sociologie, d'amour, de mort et des rituels auxquels se livrent nos artistes dans une poésie très éloquente. Ce plasticien qui ne dédaigne pas les murales et autres grands formats sur toiles ou sur papier nous laisse ici l'impression vivace d'une grande maturité artistique en revenant aux fondamentaux d'une peinture subtile composée comme il se doit.
Il va sans dire qu'aujourd'hui on peut affirmer sans ambages que Madjid Guemroud est un des tenants aboutis de la figuration libre algérienne, qui n'a bien sûr rien à voir avec les autres tenant du néo-pop art mondial mais décliné à la sauce algérienne comme El-Moustach, jeune et riche algérien, Sven, Walid Bouchouchi… Madjid Guemroud présente un aspect qui peut sembler quelque peu amusant sans plus, c'est le principe d'usure d'une trivialité apparente comme chez Combas, Di Rosa, ou bien même votre serviteur signataire de ce papier, mais le sens et la conception de la peinture ont leur propre vie sur le travail de Madjid Guemroud qui n'est jamais innocent malgré son caractère rigolard. L'ironie est là, l'idée est intacte, la valeur esthétique rehaussée par une réflexion intellectuelle fondamentalement pointue et à sa place. Le plasticien est intéressant à ce niveau à plus d'un titre, par son engagement, la visite des cimaises qu'il occupe fera le reste…
Sculpture de fer, d'eau et de feu
Le discret Abdelghani Chebouche, repéré lors de quelques évènements artistiques d'envergure nous semble nouveau sur la scène, pourtant c'est de sa discrétion légendaire que cette fausse idée germe, il a toujours été présent sur la scène artistique d'une manière ou d'une autre. Apportant son aide, son assistance, un savoir-faire élégant à des amis, des proches ou tout simplement des artistes en devenir qu'il aura accompagné de bien savante manière. Abdelghani Chebouche est un maître du fer et du feu, probablement dans la grande tradition des forgerons immémoriaux qui ont résumés la vie en produisant des armes pour les guerres, des outils pour se marier avec la terre, ou des objets nés du feu pour améliorer notre quotidien. Ce plasticien averti à la douceur et à l'humanismes attachant est un sculpteur du paradoxe, un créateur de sens qui oppose la force du métal et du feu à la douceur des formes organiques qu'il produit dans son art aux secrets alchimiques.
Il présente dans la galerie Racim, des pans de corps, des parties d'êtres humains subtilement arrondis, qui apprivoisent le caractère têtu d'un métal qui ne se laisse pas faire facilement. Opiniâtre et tellement obstiné Chebouche dans son assurance d'une inspiration féconde nous livre ici du métal exclusivement, mais il sait aussi dompter la terre rétive, les modelages insolents et les matières hétéroclites assemblées comme des pièces qui ne se «parlent» pas en principe mais dont il a le secret pour réconcilier le tout dans un «conciliabule» savant qui donne au regard une œuvre complète, aboutie d'une grande esthétique. Le «jardin» de sculptures qu'il nous montre est un délicat chemin de fer aux courbes fabuleuses, aux «drapés» qui volent à la soie leur florescences douces en les transmettant au métal dans une alchimie esthétique très intéressantes.
Il est impossible de se contenter d'apprécier les travaux de ce sculpteur par le simple regard complice, il faut les voir avec les outils de la déconstruction, par l'entremise du passage obligé et initiatique du feu et de l'eau, s'imaginer les gouttes de sueur et les grimaces douloureuses qui siègent dans son visage buriné par la concentration et la lutte acharnée pour transmuter le métal presque en fusion de matière brute, en une œuvre d'art aux volutes et aux incurvations fixées dans la sublimation à tout jamais. Dans ces «Regards d'été» aussi, il y a une sorte de justice pour quatre artistes très présents sur la scène et très pertinents mais qui ne bénéficient que très rarement dans les médias «main stream». Puisse le public, nombreux à les visiter, réparer l'affront…
«Regards d'été», Exposition en quatre tons, Peinture-Photo, Peinture et sculptures avec Amel Benmohamed, Abdelghani Chebouche, Idriss Amor Dokman, Noureddine Chegrane. Du 15 aout au 30 septembre 2018. Galerie Mohamed Racim, 7 avenue Pasteur, Alger, entrée libre.


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