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Destinées concentriques en chaîne
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 02 - 2019

Dans le style poignant, Djamel Mati fait fort par l'entremise de son nouveau roman paru chez Chihab éditions. En effet, la radioactivité est déclinée sous toutes ses formes dans cette nouvelle production littéraire de l'écrivain Djamel Mati, fils d'Alger, ingénieur en géophysique, auteur de plusieurs romans, lauréat du prix Assia Djebbar en 2016 pour son livre, «Yoko et les gens du Barzakh» paru chez le même éditeur.
Il est de retour cette fois avec «Sentiments irradiés», une fable paradoxale quoi surfe entre la densité de l'urbain dans toute sa splendeur parisienne en opposition radicale avec l'apparente sérénité saharienne. Le tout porté par un récit qui utilise le «Je» pour mieux nous inclure dans une histoire qui s'enracine dans les sables du désert et entre les pavés parisiens. Mais un indice marque d'une manière inaltérable le début du roman, un homme fait sa valise, donne des indications à son ami Kadda, «embrasse» presque son poisson rouge, appelé «Jules», peut-être comme Jules Vernes, qui aura probablement tourné en rond sur cette modeste planète qu'est la terre, allégorie à notre petitesse face à la force divine!? Kamel est notre héros, il est empli de doutes, d'approximations créées par le désert qui l'accueille pour quelques missions techniques, avec sans nul doute cette rédemption guérissant des blessures narcissiques que l'on aurait cru irréparables.
Kamel, ancien moudjahid sans âge aura vécu plusieurs vies, dans les maquis urbains, dans l'apparent anonymat des forêts urbaines, mais la cause le mènera dans les reliefs boisés du maquis, du vrais maquis. Celui qui ne pardonne pas et qui ne permet aucune discrétion. Ce parcours sera ponctué de points de suspension dans une famille d'accueil au milieu du désert saharien, dans un microcosme immense et paradoxal, riche en évènements et en issues amoureuses du plus bel effet. Mais l'amour ici explose en mille et une parties létales pour l'éternité de la radioactivité. Kamel, comme une sorte d'Icare déchu de ses ailes à la portance assurée par Kella sa belle Antigone qui se diluera dans l'évanescence de la douleur fondamentale, la douleur du feu immanent d'une bombe nucléaire…
Voilà un nuage immense, un nuage de feu intense, horrible qui laissera des séquelles irréversibles dont Kamel, touché en premier lieu se fera le symbole pour tous ceux qui en ont pâti au nom de la dissuasion vue par un pays auquel en fait ici dans le sud, nous ne sommes liés en rien. Kamel, perdant l'essentiel de ce qui constitue sa vie ira quelques années plus tard nous persuader qu'il est à la quête d'une vérité suprême, la vérité qui lui donnera les réponses, il écrit son texte, le présent à l'assemblée de Greenpeace, et il fait mouche ! Cependant, ce coquin d'Eros tue ici Thanatos, l'amour-roi fait pendre ses rets dans l'esprit d'un homme qui refuse de se laisser aller dans les bras de cette gente Zoe, petit brin de femme, militante, jolie et fortement respectueuse de cet antihéros décomplexé qui se balade dans tout Paris en nous faisant tourner en bourrique par des descriptions régulières de ce Paris pluvieux et gris.
Nous suivons, pas à pas, mot par mot, les pérégrinations sans nul doute mortifères de cet insolite personnage et de ce qui le guide. Il ne se passe quasiment rien, et le roman, avance, avance en dépassant la moitié admise dans le regain de tension. Et c'est ainsi que Djamel Mati, usant de références musicales, de clins d'œil à des chanteurs, frisant l'humour potache sur un sujet extrêmement grave sur ce meurtre nucléaire, ce qui est très moche de limiter au terme d'essais puisque la note létale a été atteinte jusqu'au bout…
L'auteur va, ici, nous mener au bout de son aventure, la fin sera ouverte, le tout n'est pas encore soldé, mais le dénouement poignant, la manière de concentrer les première pages dans un système d'écriture concentrique qui semblent répétitif, qui l'est ! Mais qui possède en fait sa propre radioactivité, sa propre radiance, fait de ce livre -et non pas roman-, le livre d'une affirmation avérée pour la vie et qui pose ses propres questions sur le quid de la résilience. Djamel Mati a dans ce livre bousculé les règles de la bienséance littéraire, tant-mieux ; il réussit à mettre un incipit ou ce qui peut y ressembler à la quasi fin du livre, il installe son intrigue quasiment dans les dernières lignes de son roman, et cela marche.
«Sentiments irradiés» est une belle fable des temps modernes sur cette ignominie que la France a bien voulu nous laisser comme trace des bienfaits du progrès et de la civilisation, qu'elle en soit remerciée durant les mille ans que dure la radioactivité et de ses massacres récurrents de toute trace de vie…Djamel Mati en a fait une œuvre littéraire, une fiction bien plus éloquente que la propre réalité, n'est-ce pas là un minimum de justice, n'est-ce pas !?
«Sentiments irradiés» de Djamel Mati, éditions Chihab, Alger, 2018, 255 pages, 1100 Da, prix public.


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