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Le peuple algérien retrouve sa…. gravité !
Publié dans La Nouvelle République le 06 - 04 - 2019

Dans un pays irrigué par les hydrocarbures nous découvrons, petit à petit, la «dialectique antigravitationnel» induite par la rente et ses effets d'aubaine de mise en situation de disponibilités sociales centripètes que le mouvement populaire par un tour de force étourdissant, réussit à générer pour constituer la trame de sa dynamique et en dernier ressort de sa trajectoire politique. Cela permet paradoxalement à chacun des acteurs impliqués dans cette révolution à la fois décontractée et appliquée, d'obtenir ce que tous recherchent le plus ardemment à l'étape actuelle et ce sur quoi ils sont en réalité tacitement mais contradictoirement en plein accord réciproque : être en situation d'agir de manière pleine et entière, en toute légitimité pour le «hirak» et en toute légalité pour l'ANP, en attendant l'ébauche d'un nouveau «contrat fondateur plus politique que social».
Le «dégagisme radical» exprimé par certains slogans du «hirak» est certainement une expression d'un ras-le-bol généralisé des turpitudes sans fin d'un régime inefficace, corrompu et corrupteur. Ce jusqu'au-boutisme apparent est trop souvent relayé de manière irresponsable par des militants politiques ou des parties intéressées de tous bords qui cherchent à établir une stratégie de la tension aux fins de pousser les forces de l'ordre à la faute et les autorités militaires au discrédit. Cela procède bien évidemment d'une profonde méconnaissance de la situation actuelle et de sa signification réelle. Dans l'étape présente, la démarche pacifique et les revendications populaires, convergent vers un changement qui permette enfin à l'Etat de retrouver l'ordre des priorités qui auraient de tous temps du être les siennes ; à savoir une préoccupation permanente en direction de son immense majorité ; c'est-à-dire sa jeunesse en disponibilité de participation effective à la vie de la Nation dans toutes ses dimensions.
Mais le Peuple algérien ne pourra pleinement réussir ce pari que si, par un arsenal d'actions et de mesures et d'orientations judicieuses sa direction politique librement choisie rompt avec l'économie rentière, première responsable de la situation dans laquelle il se débat, tout en prenant conscience que c'est bien la rente pétrolière qui a permis des avancées sociales qu'il s'agit pour lui de préserver par d'autres voies et moyens que les revenus de la rente des hydrocarbures. D'autres Nations se sont trouvées face à des problématiques similaires et ont réussi en un laps de temps relativement court à concilier démocratisation réelle de leur vie politique et rupture d'avec le système de la rente. Mais ce n'est pas là l'objet de nos soucis immédiats. Il est un fait indiscutable que l'Etat algérien est d'abord rentier. La fiscalité pétrolière effective représente 40% des recettes budgétaires globales de l'Etat.
Quant aux ressources fiscales ordinaires effectives, elles culminent à 60% des recettes budgétaires globales. Cette répartition de l'origine des impôts ne doit cependant pas nous faire penser qu'elle est l'exact reflet des logiques économiques qui s'exprimeraient en opposant de manière très caricaturale, une Algérie de la rente minoritaire profitant des largesses induites par les hydrocarbures concernée par la fiscalité pétrolière et une Algérie laborieuse, majoritaire, celle du travail et de la plus-value collectée par les recettes ordinaires. En réalité, y compris les secteurs générant des fiscalités ordinaires, profitent en raison du coût de l'énergie extrêmement modeste pour ne pas dire négligeable, des effets d'aubaine du modèle rentier.
Un cimentier de taille mondiale comme le Groupe Lafarge, installé puissamment en Algérie, aurait-il choisi notre pays comme destination d'investissements conséquents, si les prix du gaz n'avaient pas été aussi bas et si la rente pétrolière n'avait pas généré des surliquidités bancaires a même d'accompagner la réalisation de ce type d'investissements ? Ce qui caractérise, en réalité, les relations de manière générale du système rentier algérien est que le gros de sa rente trouve son origine à l'extérieur de ses frontières et que sa légitimité sociale est fondée dans sa distribution partielle et inégale à l'intérieur du territoire national. En effet, les revenus des hydrocarbures sont issus de l'offre et de la demande exprimées sur le marché mondial.
Cette position d'acquisition d'une rente plus externe qu'interne (aux deux tiers externe) a concouru à une profonde centralisation de l'Etat et conséquemment à la promotion d'une diplomatie de l'apaisement plus que de l'indépendance aux fins d'assurer des débouchés stables et pérennes de ce qui constitue l'essentiel des revenus de la rente dans le pays. Le leitmotiv de notre diplomatie, «l'Algérie exportatrice de stabilité» est la parfaite illustration de ceux qui confondent intégration dans la division internationale du travail et de l'énergie et reconnaissance d'actions diplomatiques qu'Alger n'est plus en mesure de porter depuis de très longues années déjà, en raison d'un discours sur les relations internationales vide d'un réel contenu porteur de prestige et d'élargissement d'influences positives au service de la Nation. Les réactions internationales très prudentes à la tournée internationale de Ramtane Lamamra au mois de mars sont là pour en témoigner.
Remettre l'Etat algérien à l'endroit
Il est évident que dans ce type de configuration, qui est maintenant une constante structurelle de l'économie algérienne, le pouvoir discrétionnaire de l'autorité centrale et plus encore de ses plus hauts représentants politiques légaux autorisent des comportements qui ne pourraient en aucun cas exister, de cette manière, dans une économie développée, c'est-à-dire une économie du travail et de la plus-value. C'est ici que se situe la première et la plus violente des déconnexions entre l'Etat et sa société, permettant ainsi, entre autres exemples, au Président de la République d'annuler d'un seul trait de plume les dettes par milliards de dollars dues à notre Banque Centrale par nombre de pays africains ou encore de faire signer des contrats géants dits «politiques» très largement assujettis à manipulation au profit exclusif et intéressé des élites dirigeantes cooptées. Cette déconnexion entre les démembrements de l'Etat et sa société civile et sa cohorte d'intérêts sociaux divers et variés fonde les rapports d'extériorité qu'ils établissent entre eux et vient soutenir une très longue tradition datant au minimum de la période ottomane en rapport avec le «Beylik», perçu comme étranger à la réalité sociologique des tribus d'antan.
C'est, paradoxalement, de ce rapport d'extériorité d'avec l'action d'un Etat qui agit pour le compte d'autres forces mondialisées, en dehors de son cadre national, que le mouvement social tire sa conscience. Tant que la rente pétrolière assure un niveau de subventions et de services suffisant il n'y a que peu de place à l'expérience sociale pour se faire une idée de la nature exacte de l'Etat. Mais dès que la redistribution est défaillante pour de multiples raisons, dont le niveau de prévarication est un élément saillant, alors le mouvement social objectivise la nature de ces maux et la situe parfaitement et immédiatement dans son espace social. En manifestant pacifiquement, le mouvement social s'accapare à nouveau symboliquement de son Etat et remet «à l'endroit», c'est-à-dire dans un ordre naturel soumis enfin à la gravité et aux lois de la physique, les rapports qui régissent l'Etat et son Peuple.
Le pacifisme du Peuple algérien est ce que la nationalisation fut aux hydrocarbures : une réappropriation pure et simple au profit de la Nation de son Etat, évitant ainsi un choc frontal entre les différents acteurs, permettant l'établissement d'espaces de dialogue inédits, au travers de manifestations ou des millions d'algériens inventent la démocratie directe en marchant, contribuant chaque vendredi que Dieu fait, à l'élaboration non pas d'une «sortie de crise» comme certains se complaisent à l'affirmer mais d'une solution de continuité historique d'une Algérie en dialogue intime avec elle-même dans un moment exceptionnel de conscience nationale. De ce point de vue-là, ce qui se déroule sous nos yeux est bien plus une revendication d'approfondissement d'un Etat algérien souverain libéré de ses contraintes structurelles auquel la rente le soumet que l'expression de besoins démocratiques qui ne règleront, en eux-mêmes, rien des logiques centrifuges auxquelles la mondialisation oblige les Nations.
Et pour ceux qui s'étonneraient de cette immense intelligence sociale dont fait preuve le Peuple algérien, il est peut-être temps de leur remémorer ce très beau texte de Mustapha Lacheraf ou évoquant un souvenir d'enfance, il raconte comment il allait avec un membre adulte de sa famille, très tôt le matin à dos de mulet, au marché hebdomadaire dans la région de Sidi Aissa et que cette immense colonne, venant de tous les recoins du Titteri par mille et un chemins bruissait d'un dialogue intense pour au final partager les dernières nouvelles et commentaires sur les évolutions du mouvement national. La jeunesse d'aujourd'hui ne fait que retrouver les attitudes culturelles et le génie politique de ceux qui les ont précédés, réseaux sociaux à l'appui, démultipliant par les effets des nouvelles technologies, ce qui a constitué la puissance du mouvement populaire d'antan.
Un référendum pour consacrer le tour de force du «mouvement social»
Le peuple algérien, avec d'autres peuples avant lui, vote avec ses pieds tout au long de boulevards qui portent dans toutes les villes algériennes et jusqu'aux bourgades les plus reculées, les noms glorieux de nos martyrs. Mais de quoi vote-t-il exactement ? Le slogan «Dégagez tous !» s'adresse-t-il uniquement à des personnes représentants les institutions les plus hautes de ce pays ou à un mode de fonctionnement qui contraint Nation, Peuple et société ? Au vu des masses en mouvement, il est un fait que nous avons à faire à l'expression volontaire, totale, libre et unanime de l'ensemble du Peuple algérien qui par sa multitude démonstrative donne un contenu vivant et concret à un concept…le Peuple. L'article 7 de notre constitution est ainsi largement consacré et il ne fait de doutes pour personne, que c'est le Peuple dans la plénitude de sa souveraineté nationale qui s'exprime d'une manière étourdissante pour le Monde entier.
C'est cet engagement pacifique, cette disponibilité totale et permanente qui forge l'admiration des observateurs internationaux et qui oblige médusés les gouvernements de partout à n'être réduit qu'à souhaiter le respect de la souveraineté populaire reconnaissant ainsi pleinement la légitimité de son action. Dans son application originale de l'article 7 le Peuple algérien s'est donc assuré de marges de manœuvres telles qu'aucune ingérence de quelle que nature, soit, de facto impossible à mettre en œuvre. Considérant le bien-fondé de cette démarche populaire, au minimum au même titre que les capitales occidentales, l'ANP en a tiré les conclusions nécessaires et a agi avec détermination pour obtenir la démission d'un Président de la République qui au soir de sa vie n'était pas capable de se hisser au niveau des exigences impératives de l'heure.
Il est remarquable de constater qu'aucune des capitales du Monde n'a remis en question la légalité de l'action ferme et respectueuse sur le plan constitutionnel des agissements de l'ANP sauf…certains de nos démocrates qui y ont vu…un «Coup d'Etat», là où tous, unanimes ont célébré dans une joie indescriptible un «Coup de Peuple» aux cris de «Chaab, Djeich Khaoua, Khaoua». La démission du Président de la République étant actée au moment où nous écrivons ces lignes, l'application de l'article 102, procédural et non principale de par sa nature, renvoi a une période transitoire problématique aux yeux des forces démocratiques qui ont investi le mouvement social, en ce qu'il confie la phase de transition aux réminiscences de l'ordre politique ancien ; de facto disqualifié pour organiser des élections honnêtes. Arc-boutée non sans raisons, dans le maintien coute que coute de la stabilité du pays, l'ANP qui a joué un rôle déterminant aux cotes du mouvement populaire ne voit pas, dans la phase actuelle, d'autres alternatives qu'un respect du cadre constitutionnel que le Pays s'est fixé tout en considérant comme recevable l'exigence du mouvement social de l'organisation d'élections irréprochables dans leur intégrité.
Si l'article 8 indique tout logiquement que le Pouvoir constituant appartient au Peuple souverain qu'il exerce par l'intermédiaire des institutions qu'il se donne ; ce même article dispose que l'exercice de la souveraineté ne se réalise pas uniquement au travers des institutions élues mais également par voie référendaire. Il nous faut donc, pour sortir des faux débats stériles cachant mal les ambitions politiques de certaines forces, s'exprimant en dehors et au sein du «Bloc au Pouvoir» mais qui n'exercent plus directement au niveau de la Direction du Pays, formuler une proposition référendaire, à même d'apporter les garanties nécessaires aux revendications légitimes du Peuple pour s'assurer des élections présidentielles incontestables en tous point de vue. Ainsi sera renouvelé le lien entre la légitimité souveraine du Peuple et la légalité de la démarche de son Armée en ces moments de surgissement du mouvement national qui constitue, en raison de circonstances historiques particulières, l'âme profonde et structurante de l'Etat républicain algérien.


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