Il y a exactement six ans nous quittait Ahmed Kellil plus connu par les intimes proches, amis et par l'ensemble des khenchelis de « Sidi Ahmed» «Hammoud» et de «Aâmi Ahmed». Sa disparition a laissé un grand vide au milieu de la population khenchelie, notamment le monde sportif. Ahmed Kellil, jouissait d'une grande popularité au sein de la population de la région des Aurès et plus particulièrement de la wilaya de Khenchela. Ahmed Kellil appelé également Sidi Ahmed ou Hamoud a été membre de la Fédération FLN de France, il a été emprisonné à plusieurs reprises en France et en Algérie. Selon des témoignages, M. Kellil a été arrêté et emprisonné après que les autorités françaises ont découvert qu'il militait pour l'indépendance de l'Algérie. Les mêmes témoins ont ajouté qu'il a été arrêté et expulsé vers l'Algérie pour avoir hébergé plusieurs membres du FLN alors qu'il était responsable d'un centre destiné à accueillir les migrants. En Algérie, il fut à plusieurs reprises interpellé par l'armée française, ont indiqué les mêmes témoins. En 1953, il signa sa première licence avec l'USM Khenchela aux côtés des chouhada Athmani Tidjani, Ben Abbès Ghazali, Hemmam Amar et autres. Après l'indépendance, M. Kellil a occupé les fonctions d'interprète au niveau du ministère des Affaires étrangères. Le multipartisme en Algérie a donné l'occasion à M. Kellil de militer dans divers partis démocrates dont le PNSD dont il était le secrétaire général de la wilaya de Khenchela. Sidi Ahmed a présidé également l'équipe de l'USM Khenchela et fut membre de l'association des amis de ce club. Au cours d'un meeting, Ami Ahmed a été invité par le président d'un parti à s'exprimer devant l'assistance. M. Kellil s'est exprimé en français pendant une dizaine de minutes avant de terminer sous un tonnerre d'applaudissement. Cela n'a pas plu au premier responsable du parti qui a tenu à présenter des excuses à l'assistance, à la suite de l'intervention de M. Kellil dans la langue de Molière. A la surprise générale M. Kellil reprend la parole et répond au président : «Vous n'avez pas à demander des excuses, M. le président, j'ai choisi de m'exprimer avec une langue alors que je peux le faire avec au moins une dizaine de langues dont tamazight.» L'intervention de M. Kellil a de nouveau soulevé les ovations de la salle et des présents qui se sont mis debout pour scander «Sidi Ahmed, Sidi Ahmed». «Le «défaut» de «Ami Ahmed» c'est qu'il ne met jamais sa langue dans sa poche», nous a déclaré un ancien moudjahid. Il devait ajouter que rien ne peut arrêter M. Kellil lorsqu'il a des «choses» à dire. M. Kellil a réussi à convaincre des dizaines de jeunes alors qu'ils étaient sur le point de mettre le feu au siège de la Cnas lors des émeutes de 1991. Alors que l'Algérie est confrontée à l'affre du terrorisme durant la décennie noire, Ahmed Kellil a été parmi les « hommes» et les femmes qui avaient beaucoup contribué à la sécurité et la sérénité de l'Algérie et plus particulièrement de la région de Khenchela. Au moment ou certains se cacher pour parler entre les lèvres du terrorisme, Ahmed Kellil et plusieurs enfants des Aures ont publiquement choisi leur camp en se mettant aux côtés des forces de sécurité pour lutter contre les forces du mal. Personne n'a oublié l'intervention d'Ahmed Kellil lors de la rencontre qui opposé les représentants de la société civile et le ministre de l'Intérieur en visite à la wilaya de Khenchela. Relatant le sujet du terrorisme, Ahmed Kellil a indiqué, je cite : « La peur doit changer de camp M. le ministre de l'Intérieur. C'est à nous d'aller chercher ces terroristes dans leurs fiefs et de ne pas les attendre venir assassiner nos enfants et nos proches». Nous avons donné ici, une partie de l'intervention de l'ancien Moudjahid Ahmed Kellil. Et ce dernier d'ajouter : « L'Algérie a vaincu l'Otan lors de la Guerre de libération nationale, ce n'est pas à ces groupuscules (terroristes) qui pourraient nous faire peur», a-t-il fait savoir. C'est grâce à ces «hommes» dont Ahmed Kellil que la région de Khenchela a redevenue durant la décennie noir une zone interdite pour les terroristes. Pourtant, la wilaya de Khenchela, l'une des plus grandes régions du pays n'est pas du tout facile à sécuriser en raison des montagnes, forets et surtout la région du Sud et la vaste territoire du Sahara. Grâce aux forces de sécurité et l'apport appréciable de la population, la wilaya de Khenchela a réussi à faire « exception» de la région de Khenchela lors de la décennie noire ou le terrorisme n'a pas pu s'installer. Pendant toute la décennie noire, les groupes armés on réussi que 3 à 4 fois à frapper dans la région. Hormis, ces attentats qui avaient coûté la vie à des Italiens exerçant dans le secteur et la perte d'un chef de daira à Khenchela et deux ou trois ex-Moudjahidines, la wilaya de Khenchela était complétement sécurisée. Les quelques terroristes qui avaient fait des incursions à partir de Batna, Tébessa et El Oued ont été mis hors d'état de nuire. En somme, repose en paix «Aami Ahmed», les fidèles, les «amis de l'USM Khenchela et la majorité de la population khenchelie ne vous oublieront jamais.