L'expert financier international Raif Mokretar Karroubi a appelé, lors de son intervention hier sur les ondes de la Chaine III de la radio Algérienne, à prendre en urgence les mesures et les mécanismes adéquats pour relancer l'économie nationale. Il a ajouté que l'économie algérienne est en crise depuis des années et c'est le moment pour mettre en œuvre des réformes. « La réforme, la prise des décisions et l'implémentation de la mise en œuvre sont plus important car tout le monde connait les priorités et les mesures à prendre, mais personne n'a le courage de les mettre en œuvre», a-il précisé. M Karroubi a signalé que la situation économique en Algérie risque d'être compliquée davantage à l'horizon 2022, et ce, avec l'épuisement des réserves de change en raison de la baisse du prix et de la quantité produite de pétrole, ainsi que l'augmentation de la consommation énergétique interne de l'Algérie. A propos des mesures économiques prioritaires à mettre en œuvre afin de sortir de la dépendance aux hydrocarbures, l'intervenant a évoqué «la suppression de la loi du 51/49, celle du droit de préemption de l'Etat, l'augmentation de l'assiette fiscale et l'amélioration de son recouvrement par la réforme, la mise en place d'un mécanisme de gestion du taux de change, la relance de l'agriculture et le tourisme, aller petit à petit vers la convertibilité, avoir une meilleure gouvernance du système bancaire». Il a ajouté dans ce sens que ce n'est pas les réformes qui manquent mais le courage décisionnelle de les entreprendre, et ce, parce que « se ne sont pas des réformes qui vont apporter des bénéfices très rapidemen» a-t-il expliqué. Pour l'expert financier, «les gens ne sont pas conscients de la gravité de la situation», en précisant par la suite concernant la situation de l'économie nationale, que la gravité des choses a engendré des conséquences telles que le «gel des salaires, blocage de la demande, licenciements... », tout en ajoutant que l'Algérie a déjà traversé cette conjoncture, et risque de la vivre une autre fois. Abordant le volet des mesures prises par l'Etat pour rationaliser les dépenses, stopper les subventions et libérer les prix des carburants, l'interlocuteur a estimé que la mise en œuvre de ces mesures n'est pas suffisante vis-à-vis de la situation délicate que traverse le pays.«En Algérie, il est encore plus facile d'importer que d'investir», a-t-il indiqué. A une question rappelant la surliquidité des banques censées être fatalement responsables de la fuite et leur dilapidation par des financements suspects, l'expert explique, en citant des exemples détaillés, comment les banques financent des projets parfois illicites sans vraiment le savoir, avant de conclure que «c'est comme ça que Daech exporte du pétrole et que certains pays exportent de la drogue, à cause de la fongibilité de l'argent».