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Hommage à Noureddine Ferroukhi, plasticien algérien
Publié dans La Nouvelle République le 23 - 07 - 2019

Un homme étreint une femme, il semble lui offrir un poisson dinosaure, sa coiffe est étrange, on le dirait échappé d'une scène shakespearienne, la main déstructurée, les yeux clos, la dame toute de rouge vêtue, semble subir ce baiser, intrigante peut-être, réelle victime d'un amour impossible, nul ne le sait !? L'intrigue est peut-être là-bas au fond du tableau.
Amor vincit Omnia.
Finalement pour l'artiste, l'amour triomphe de tout… Le maître d'œuvre de ces peintures passionnelles est feu Noureddine Ferroukhi, né à Miliana en 1959, et décédé à Marseille le 3 avril 2019. Il est un artiste plasticien algérien devenu depuis peu, un immortel de l'Histoire de l'art contemporain algérien.
Il a été diplômé de l'École supérieure des Beaux-arts d'Alger en céramique et ensuite en DESA option peinture au sein de l'atelier Martinez. Noureddine Ferroukhi a enseigné l'Histoire de l'art étant détenteur d'un doctorat délivré par l'université de Paris-Sorbonne I.
Il possédait également un diplôme en muséologie de l'École du Louvre ainsi qu'un diplôme de l'École nationale du patrimoine en conservation. Il a longuement, à cet effet, travaillé au Musée National des Beaux-arts du Hamma comme attaché de conservation, et relations publiques, de 1990 à 1993 et de 1998 à 2009, il a aussi officié à la conception de la muséographie du musée Dinet de Bou Saâda ainsi qu'à l'organisation du : «Fonds art et École nationale du patrimoine de la révolution», de la Maison de culture de Annaba. Producteur de radio, il animera plusieurs émissions culturelles sur Radio Chaîne III, il sera aussi commissaire d'exposition à Paris à l'Unesco en 1996, à l'Onu (New-York), pour l'Année de l'Algérie en France en 2003, en 2007 pour Alger, Capitale de la Culture Arabe, en 2009 pour le Festival Panafricain d'Alger, il sera membre du comité de sélection du Fiac d'Alger, il réalisera de nombreuses expositions collectives et individuelles marquantes.
A la fin 2000, il cofonde avec, Hellal Zoubir puis Karim Sergoua et Jaoudet Gassouma, Adlane Djeffal, Meriem Aït-El Hara, et Kheïra Slimani, le groupe d'avant-garde Essebaghine. Ce dernier militait pour le renouveau de l'art algérien et l'indépendance des artistes de tous les dictats picturaux imposés. Avec ce groupe, il réalisera l'exposition «0» à Timimoun, lors du Festival Cannes Junior, ensuite l'exposition «Cenekunregar» (peintures), «Istighrabisme» (peintures et dessins), «Hommage à Boudiaf» (peintures), «Independance Day» (peintures et rebuts), et «Byout l wit» les chambres des 8 (installations de l'octogone des Essebaghine dans les lambris de zellidj du Palais des Raïs).
Il triomphe de tout et réussit toutes ses images, sa propre représentation, qu'il met en scène l'artiste en a fait son œuvre générique, on a connu des dizaines de lui, autant d'œuvres emblématiques d'un esprit curieux et savant. «Le baiser» en est l'ultime expression, voilà que par sa destinée hiératique, Noureddine Ferroukhi qui vient intégrer la sienne dans la pléiade des œuvres dans une exposition par laquelle il intègre aujourd'hui la porte principale des artistes magistraux algériens.
«Brin d'amour» sa dernière grande exposition en est l'intitulé, il s'agit d'une monstration immense, puissante, toute en grands formats, de scènes de genres, et de dessins fulgurants réalisés à la plume et aux encres, il excelle dans sa connaissance de la Tragédie grecque, dans cette lutte homérique entre Eros et Thanatos en montrant dans ce passage philosophique une propension à accéder par la grande porte à l'esthétique aristotélicienne dans ce qu'elle a de plus beau, de plus fort.
Même dans son utilisation de l'acrylique, Noureddine Ferroukhi fait montre d'une attitude plastique très fine, son acrylique ressemble étrangement à de l'huile et il intègre un travail mûri depuis de longues années pour «revenir» de loin nous émouvoir, nous toucher et nous intégrer dans un monde iconique, onirique venu ou parti vers un très long voyage, justement autour du monde.
Issu du monde de la céramique, parti en 1988 vers la peinture, il s'attelle alors à s'investir dans cet art majeur en développant très rapidement un style unique qui n'aura de cesse que de s'améliorer en sus de formations pointues en théories de l'art, et au passage avec une formation très underground, fondamentalement alternative que sera le collectif «Essebaghine», devenu une étape inoubliable dans l'histoire de l'art algérien.
Noureddine Ferroukhi, peintre éclatant, fait scintiller ses incursions brillantes dans des scènes très sensuelles, volées aux éléments fantasmatiques les plus secrets, souvent des poupées kidnappées d'une quelconque noce de sang (peintures fétiches), des personnages mystérieux emprisonnés dans les rets arachnéens du doute, surfin et destructeur.
Le plasticien a sublimé ces états et en a construit une œuvre qui partage l'universel dans la thématique et l'universel dans la technique.
Les chimères et les poissons «Princesse d'une nuit» qu'il intègre dans ses travaux échappent aux frises persanes et aux histoires mésopotamiennes ou assyriennes plus précisément pour venir coller au train des scènes un peu baroques, victoriennes ou contemporaines dans un pied de nez à toute forme d'art classique.
Des vides, des pleins et des déliés avec quelques éléments d'ornementations scories heureuses des années céramiques «Jardin d'Eden» intègrent les grandes peintures de ce plasticien original qui nous montre aujourd'hui sur près de 35 travaux une résumé de la vie avec ses joies, ses peines et ses douleurs ou les «vides» parlent souvent plus que les pleins…
Aucune composition ne ressemble à une autre, et il n'y a aucune frontière technique qui donne au regardeur une piste artistique au dépend d'une autre. Pourquoi !? Tout simplement parce que cet artiste plonge ses pinceaux dans une inspiration hybride faite de douleurs toutes en fulgurances et d'optimisme toute en fulgurance aussi, comment définir la fulgurance de la couleur ou de la forme quand elle est vécue dans une transposition chimérique.
Noureddine Ferroukhi enseignant, maître-assistant en Histoire de l'arts à l'école supérieure des beaux-arts d'Alger, avec ses «Espoirs grotesques» nous emmène sur des pistes dessinées, entamées à l'encre et à la couleur, farouches et explicites, elles sont autant d'éléments d'un langage directe, de citations émotives, de sensibilité déclinée dans la sérénité et la lucidité d'une douleur physique mais aussi intellectuelle que le plasticien a domestiqué dans une lutte homérique.
Quand le regard se tourne, ébahi par le labyrinthe dédaléen qu'il nous impose, nous retrouvons heureusement les cartels pour nous reposer de ces agitations peintes pour lire «Songe d'été», «Le baiser», «Apollon», «Toilette nuptiale», ou «Le sommeil d'Orphée»,qui sont autant d'autres pistes, dans lesquelles Noureddine Ferroukhi nous raconte sa vie, ses questionnements et ses états d'âme «Le prétendant», «Adonis» ou «Nostalgie du matin» sont poignantes entre oiseaux mythiques qui reviennent par le feu régénérateur et compositions iconoclastes nous obliger à la réflexion, les chimères habitent ces œuvres dans une parfaite adéquation avec les plages qui semblent vides, mais qui sont en fait très pertinentes car très travaillées dans la matière.
La couleur est vive, certaines formes acérées, d'autres enchevêtrées dans un maelstrom de formes inextricables «Eros, en hommage au Caravage» ou la très belle peinture «La mariée» finissent par donner le ton à une saga peinte qui laisse passer entre ses mailles inspirées deux «accidents» de parcours inopinés (sic !) ou «Le marié» et «Amour et psyché» nous donnent les indices de cette nostalgie des premières amours peintes de notre ami qui, dans ces immenses propositions esthétiques bleues, donne libre cours à ses errances plastiques en rendant un sujet principal dans l'iconoclastie de ses compositions avec des éléments d'indices rendus épars par ses effacement sciemment utilisés.
Noureddine équilibre ses «égarements composés» par ces vides fascinants et prégnants qui en disent presque plus que les scènes «ouvertes» qu'il nous donne à voir, dans cette force immanente, il reste pour nous un peintre shakespearien, émérite de l'intrigue, de la compréhension des hommes et passé maître dans la transmission de valeurs essentielles universelles, le reste n'est que peinture, et la fin de l'aventure n'est que fioritures…
Il décède à Marseille le 3 avril 2019 des suites d'une longue maladie et sera inhumé au cimetière de Rouiba quelques jours après…


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