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Confusionnisme, clarifications…
Publié dans La Nouvelle République le 24 - 11 - 2019

Alors que les élections présidentielles sont officiellement lancées, que les cinq candidats ayant remplis aux conditions de qualification commencent à sillonner le pays du Nord au Sud et d'Est en Ouest, leurs discours politiques et leurs prises de position sur des questions centrales comme celles identitaire, institutionnelle, économique mais aussi culturelle voire cultuelle permettent de sortir modestement mais progressivement des œillères idéologiques que les censeurs de la pensée hégémonique fédéraliste ayant cours dans la presse, aussi bien arabophone que francophone, cherchent à imposer depuis trente ans aux élites désarmées par les tenants de la rente pétrolière. C'est ainsi que les partisans de la transition ad vitam aeternam, alimentent par tous les moyens, les feux allumés en 1991 pour rendre toujours plus épais les écrans de fumées qui ont de plus en plus de mal à cacher leur projet de soumission à la mondialisation et toutes les conséquences qui en découleront pour notre peuple. Ces rejetons à peine déguisés du courant des janviéristes, possèdent des moyens financiers colossaux détournés de la rente des hydrocarbures qu'ils mobilisent, pour empêcher l'Etat, de renouer avec ses fonctions gênantes de centralisation et de coordination de l'activité matérielle nécessaire à ses déploiements nouveaux, profondément marqués par les exigences populaires du Hirak du 22 février 2019 dans ses expressions premières, sincères, authentiques et désormais impérieuses.
Ce confusionnisme entretenu à dessein est d'abord le prolongement de celui, débridé qui a cours dans les médias de l'hégémonie culturelle et informationnelle mondialisée dont CNN et FOX NEWS représentent une véritable force de frappe nucléaire, ayant pour rôle de dissuader les élites anglo-saxonnes - et celles qui leur sont organiquement liées par la transnationalisation des biens matériels et des services puis des idées et enfin des idéologies – de remettre en cause les guerres impériales, les massacres, les déportations massives de population, les famines des masses en buttes à la déshumanisation des rapports sociaux qui a cours à l'échelon planétaire. Et s'il nous est aisé de porter un diagnostic lucide sur les mécanismes à l'œuvre dans les centres de la mondialisation, la raison essentielle en est un certain rapport d'extériorité à la civilisation américaine porté par notre langue, notre religion mais aussi par une histoire qui ne possède pas grand-chose en partage avec la première puissance mondiale.
De fait l'action US en Palestine, sa préoccupation de transformer la colonisation sioniste en une légitimité pleine et entière et non pas comme une violation des droits fondamentaux d'un peuple à qui l'on dénie toute once de vie comme on lui interdit chaque pouce de terrain volé, nous porte immédiatement à la conscience saillante des enjeux de l'heure. Les faits se déroulant sous nos yeux sur la scène moyen-orientale sont très justement réfléchis par notre peuple et d'ailleurs compris dans leur réalité objective sans aucune sorte de difficulté. Le sionisme est effectivement perçu comme un colonialisme blanc européen sur des terres arabes, la «colonisation de peuplement» comme une déportation massive des populations palestiniennes, l'envahissement de Jérusalem-Est comme une agression religieuse etc. Et de dérouler une réflexion caractérisée par la catégorisation précise des forces culturelles, sociales et politiques en présence, interrogeant dans la finesse, nos ressources intellectuelles afin de mieux saisir la nature originelle des phénomènes de domination du monde arabo-musulman.
Ce qui nous paraît tout à fait évident de ce qui est issu de la civilisation nord-américaine, devient cependant très confus dans nos esprits dès qu'il s'agit de l'action de l'ancienne puissance coloniale dans notre pays. Et d'abord la dénomination de notre régime politique par leurs politologues les plus en vogue, sous le vocable de «système», de ce qui s'apparente à un renoncement en bloc d'une analyse de détails du régime politique algérien pour mieux en manipuler la réalité objective, démarche dont nous ne faisons pourtant pas l'économie avec les agissements américains contre nos peuples arabes et en particulier contre notre peuple de Palestine. Ainsi, le quidam algérien sous-entend la domination sans partage «du Pouvoir» par la «dictature militaire», autres catégories globalisantes qui, bien entendu, préviennent toute réflexion nuancée des logiques de discernements qui fondent la compréhension de «l'Etat profond» algérien, là où il se trouve réellement, je veux dire dans la géographie confluente des rapports néocoloniaux et rentiers qui marquent la dérive de notre Etat et de ses relations internationales depuis ces trente dernières années.
Mécanique de la manipulation des esprits
Le but de l'utilisation immodérée de ces vocables (système, pouvoir, dictature militaire), n'est absolument pas neutre. Elle vise à rendre inopérant, c'est-à-dire ineffectif la compréhension de la situation politique dans laquelle la société civile se meut ; ce qui donne des marges de manœuvre particulièrement utiles lorsque des situations de crise comme celles que nous traversons adviennent, pour orienter de manière outrancière une «intelligibilité» qui ne reflète en rien la vérité des rapports de force concrets révélés par l'analyse concrète d'une situation concrète. En piégeant les mots, qu'ils soient exprimés en langue arabe ou française qui sont censés décrire une situation politique, non seulement la perception de l'intellect en est affecté mais aussi les déductions logiques qui l'accompagne. Cet effet d'éviction de la traduction précise du monde par des qualificatifs forgés par une science politique pensée ailleurs qu'au sein de la nation est renforcé par l'affaissement des élites nationales et leur neutralisation par la rente pétrolière leur assurant confort douillet contre leur non-implication dans la vie associative, partisane et intellectuelle.
Cependant, je souhaite attirer l'attention du lecteur attentif sur les conséquences dramatiques que le manque de discernement, le confusionnisme caché jusque derrière les qualificatifs qui semblent les plus communément admis portent de violence inouï en raison de discriminations qui tendent à désigner des personnes à cibler comme des ennemis de la nation ou du peuple. Quelques exemples ? Les Chaouias contre les Kabyles, les militaires contre les civils, les partisans de la bande contre ceux du peuple, les soutiens du «Hirak» d'Alger et de Tizi-Ouzou contre ceux du Hirak de Bordj Bou-Arréridj et de Sétif etc… avec, au final, un risque de dérapage incontrôlé pouvant dégénérer en début de guerre civile si on n'y prend pas un soin extrême. En effet, les conflits civils artificiels sont toujours provoqués au préalable par des anathèmes, des dénigrements désignant l'adversaire, systématiquement derrière l'anonymat des réseaux sociaux, de telle manière qu'on le déshumanise, lui ôtant la moindre qualité et en le réduisant le plus souvent à une comparaison d'avec une figure animalière.
Voilà que l'un des candidats se voit affubler une origine juive, un autre accusé d'être à la solde de tel pays du Moyen-Orient, un troisième serait un élément de la «bande» perdu dans la nature forcément compradore du régime, un quatrième aurait chèrement monnayé sa participation aux élections présidentielles etc… L'objectif est d'une évidente grande banalité. Celle d'obscurcir le jugement, de voiler les réels enjeux, de cacher au regard de l'intelligence les éléments de dynamismes déterminant les dénouements des situations les plus complexes en apparence. Quels sont les thématiques les plus essentielles sur lesquelles les confusionnistes fédéralistes jouent ? Elles sont au nombre de trois. Le parti de la confusion a d'abord présenté ceux qui sont emprisonnés comme des victimes d'une opération de règlements de comptes politiques.
L'action laborieuse mais sérieuse des officiers de la police judiciaire de la Gendarmerie nationale a permis de démasquer ce premier type de discours qui cachait mal ses racines régionalistes lorsque l'opinion publique prit connaissance des détournements par milliards de dollars donnant une première indication aux consciences éclairées que l'Etat profond, celui des intérêts suprêmes, ne se superposait pas forcement en Algérie avec celui de la défense nationale dans le sens large de son acception mais débordait largement dans le secteur économique dans des rapports d'intimité avec l'Etat rentier. L'emprisonnement des généraux de la corruption, des flibustiers d'industrie et des ministres de l'argent ont dessiné une autre carte de «l'Etat profond» que celle attendue, bien plus subtile que les dénonciations et les vociférations ne peuvent le laisser supposer. La défense du régime de Bouteflika par le Président français Emmanuel Macron, sa réception en grande pompe d'Issaad Rabrab patron du groupe Cevital, depuis mis sous les verrous, indiquent également que les frontières de cet «Etat profond» n'ont pas forcément une grande correspondance avec les limites de notre territoire national.
Les recettes infantiles du confusionnisme
Ensuite le parti de la confusion a fait courir, bannière tricolore idéologique jaune, bleue, verte en tête de revendications, que la résolution de la crise institutionnelle se devait d'être réglée par les «représentants auto-désignés du Hirak» sortis du chapeau magique de la transition vers l'aventure de la réfutation des institutions de la République, transformant les Bouchachi, Tabbou, Djillali, Assoul en incarnations nationales, là où cette multitude de noms ne désignent qu'un seul courant de pensée, celui du fédéralisme militant dans ses expressions monocordes pour oublier, certainement dans un moment d'innocente inadvertance, la richesse du mouvement national dans ses extensions nationalistes et islamistes. La ficelle fut tellement grossière et maladroite qu'elle accoucha d'élections présidentielles voulues par de larges pans de l'opinion publique lassées de la cacophonie du démocratisme infantile.
Et c'est là qu'intervient la plus dangereuse des manœuvres confusionnistes. Celle de la réfutation politique du processus électoral en cours, en manipulant les différents courants idéologiques pourtant anti-fédéralistes, jusqu'à inciter la population à empêcher physiquement la préparation matérielle des élections présidentielles, y compris par des manifestations nocturnes dans une tentative évidente d'épuiser les forces de l'ordre chargées de la sécurisation des manifestations. Dans quels buts inavoués ? Sur les conseils de quels centres de déstabilisation ? Nous avons pu voir les professionnels de la fitna à l'œuvre dans des tentatives ahurissantes d'intolérance intégriste, au sens premier de ce terme, celui du refus de toute évolution, stigmates psychologiques indélébiles des paralysies morbides de la décennie noire, celle des flots de larmes et de sang.
En empêchant une translation institutionnelle et politique des revendications du «Hirak» que tous les candidats à la magistrature suprême se font un devoir de réaliser dans les meilleurs délais (réformes constitutionnelles et législatives, réformes économiques et sociales, réformes éducatives et culturelles), les forces confusionnistes à l'aide d'un brouillard électronique aussi épais que le mur de la désorientation propagandiste de plus bas étage, cherchent à saboter – il n'y a pas d'autres termes plus justes – les élections présidentielles comme moyen démocratique et civilisé de résolution de la crise qui secoue le pays.
Le confusionnisme complotiste est cependant voué à l'échec cinglant. D'abord parce que la réalité du «Hirak» n'est pas d'essence démocratique, comme le confusionnisme tend faussement à vouloir l'accréditer, en cherchant désespérément des représentants improbables, en contradiction profonde de la nature du mouvement social. Le «Hirak» relève d'abord et essentiellement du sursaut patriotique unificateur, incluant bien entendu des dimensions démocratiques et sociales profondément anti-rentières, ce qui explique très largement son caractère anti-fédéraliste. Cependant, la grande innovation populaire qui distingue la période historique exceptionnelle que nous traversons reste sans aucun doute le génial pacifisme du peuple algérien dans ses dimensions aussi bien civiles que militaires.
C'est cette spécificité pacifique qui est la meilleure des promesses des transformations sociales, politiques et culturelles à venir que seuls les peuples déterminés se font le serment de réaliser. C'est donc ce pacifisme que les ennemis de la nation chercheront en priorité à abattre. Notre vigilance est de ce fait plus que jamais auparavant mise à l'épreuve. Cette attitude de vigilance, qualité anthropologique qui nous accompagne depuis la nuit des temps apportera alors la clarification suprême qui marquera notre victoire sur les forces de la réaction et de l'obscurantisme.


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