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Charia, droits des femmes et lois des hommes
Islam
Publié dans La Nouvelle République le 25 - 01 - 2022

Dévastateurs sur les droits des femmes. Au nom d'un retour à la pureté du temps de la Révélation, des groupes extrémistes ont décrété, à leur accession au pouvoir en Afghanistan, en Malaisie, en Somalie ou au Nigéria, une stricte ségrégation entre les sexes dans les lieux publics, les hôpitaux et le système éducatif, etc.. Ils ont imposé aux femmes le port de vêtements tels que le hijab, le niqab ou la « burqua », et leur ont interdit, entre autres mesures répressives, d'exercer toute activité professionnelle.
Sous prétexte d'appliquer la charia, ils ont bafoué non seulement les droits que l'Islam avait octroyés aux femmes dès le 7e siècle, mais également l'essentiel des acquis des femmes en matière juridique, économique, politique et sociale, qu'elles avaient obtenus à l'issue de décennies de haute lutte à travers les pays musulmans, tout au long du 20e siècle.
Cette régression des droits des femmes prend actuellement, et avec le passage des ans, une ampleur croissante dans de nombreux pays d'Afrique et d'Asie. Etrangement, elle fait également des adeptes dans les communautés musulmanes d'Europe et d'Amérique du Nord. Même des pays qui avaient échappé aux tourmentes de l'extrémisme, à travers leur histoire, tels que la Tunisie et le Maroc, en sont aujourd'hui affectés.
Face à l'assaut des courants religieux conservateurs sur les droits des femmes, les associations féminines musulmanes ont dû revoir leur stratégie. Pendant des décennies, elles avaient mis l'accent sur la nécessité d'appliquer dans leur intégralité les dispositions des conventions internationales sur les droits de la femme que les pays musulmans avaient signées, sous l'égide de l'ONU. Elles insistaient, en particulier, sur la nécessité de lever les réserves exprimées par les gouvernements de ces pays au sujet de diverses dispositions de ces conventions, qui les vidaient d'une grande partie de leur contenu. Sous la pression de la nécessité, de nombreuses associations se sont attelées à la lecture attentive de la charia, afin de développer de nouveaux outils pour lutter efficacement contre les discours des extrémistes religieux. Comme l'explique la pakistanaise Riffat Hassan, elles ont découvert, à leur grande surprise, qu'il existait un grand fossé « entre ce que le Coran disait au sujet des droits des femmes et ce qui se faisait en réalité dans un environnement culturel islamique ». « Par conséquent », observe-t-elle, « il faut distinguer entre le texte coranique et la tradition islamique.
La Nigérienne Ayesha Imam a procédé à une étude minutieuse de cette question, dans un article intitulé « Les droits des femmes dans les lois musulmanes ». Elle explique qu'il faut «distinguer entre l'Islam – la voie d'Allah – d'une part, et ce que les musulmans font, d'autre part». D'après elle, l'Islam ne peut pas être remis en cause, mais ce que les musulmans font peut l'être, car ce ne sont que des êtres humains, qui sont sujet à l'erreur.
D'après elle, bien que les lois religieuses tirent leur inspiration du divin, elles ne doivent pas être confondues avec des lois divines. La charia incorpore le facteur humain dans tous les aspects de son élaboration, de son développement et de sa mise en œuvre. Le nombre de versets coraniques à la base de la charia est très modeste, comparé à la multitude et à la complexité des règles juridiques qui constituent le corpus du droit musulman.
Même les experts n'arrivent pas à s'accorder sur le sens exact de divers versets coraniques. Par ailleurs, il est admis que de nombreux hadiths sont apocryphes, et sont le produit de luttes entre sectes ou entre dynasties. Certains hadiths relevant de cette catégorie semblent avoir eu pour unique objectif de réduire les droits des femmes, bien qu'ils ne puissent s'appuyer ni sur des dispositions coraniques ni sur d'autres hadiths pour les conforter.
Ayesha Imam note, à ce propos, que les musulmans croient, à tort, que la charia est la même dans l'ensemble des pays musulmans, alors qu'elle varie de manière considérable d'un pays à l'autre, et d'une époque à l'autre. Cela est parfaitement illustré par l'existence de quatre grandes écoles de pensée juridique dans la seule tradition de la sunna (et qui s'élevaient à une vingtaine dans des temps plus anciens). Il existe également un rite shiite regroupant un nombre considérable d'adeptes, et de nombreux courants religieux d'importance moindre, qui regroupent néanmoins des millions d'adhérents chacun. Les fondateurs des quatre grandes écoles de pensée juridique sunnite ont emphatiquement souligné, en leur temps, que leurs interprétations des dispositions de la charia ne devaient en aucun cas être considérées comme des données définitives, qui lieraient les musulmans en tous lieux et en tous temps. Par conséquent, observe-t-elle, « le refus de l'ijtihad n'obéït pas à une prescription religieuse. Ni le Coran ni la Sunna n'exigent cela. Bien au contraire, aussi bien le Coran que la Sunna encouragent la pensée individuelle, le raisonnement et la diversité d'opinion ». A l'appui des observations de Mme Ayesha Imam, on peut citer la multiplicité de codes nationaux de statut personnel appliqués, aujourd'hui, dans les pays musulmans. Les exemples d'évolution des dispositions de la charia à travers le temps, dans le même pays, abondent également. Les différents textes de loi formant code du Statut Personnel, qui ont été successivement appliqués en Egypte au cours du 20e siècle, illustrent cette proposition.
Le Code du Statut Personnel appliqué au Maroc peut également servir d'illustration, ayant enregistré des modifications considérables, entre sa première version adoptée en 1957, au lendemain de l'accession du pays à l'indépendance, et le nouveau Code de la famille adopté en 2004.
Il faut noter que ce dernier est le fruit d'un demi-siècle de lutte des associations féminines marocaines pour la réforme de nombreuses dispositions restrictives que le texte de 1957 comprenait et ce, face à une opposition acharnée des mouvements religieux conservateurs, en particulier au cours des dernières années. Ces derniers ont d'ailleurs failli faire capoter le projet de réforme, qui ne put être sauvé que grâce à l'appui personnel décisif du roi Mohamed VI.
Le Code marocain de la famille de 2004 place cette dernière sous la responsabilité conjointe des deux époux. Il permet à la femme d'agir comme son propre tuteur, et fixe à 18 ans l'âge minimum de mariage des personnes des deux sexes. Il impose des conditions draconiennes au mariage dans le cadre du régime de polygamie et encourage l'épouse à inclure dans le contrat de mariage, si elle le désire, une clause pour interdire un second mariage de l'époux. Il place la répudiation sous un strict contrôle judiciaire et exige la répartition équitable des biens du couple avant que le divorce ne puisse être finalisé. L'exemple marocain est intéressant à étudier, dans la mesure où toutes les dispositions du nouveau Code sont basées sur une lecture attentive, minutieuse et complète de la charia, dans toute sa complexité. Nul ne peut lui reprocher de s'être éloigné de la lettre ou de l'esprit du droit musulman, pour incorporer des concepts et des règles issus de la culture occidentale.
La comparaison des dispositions des textes de loi adoptés au Maroc en 2004 et en Egypte en 2000 témoigne, quant à elle, des divergences considérables dont les juristes musulmans peuvent faire preuve dans l'interprétation et l'application de la charia, même dans le cas de pays musulmans à culture relativement comparable, par ailleurs. Les juristes musulmans s'enorgueillissent de cette flexibilité du droit musulman, qui constitue pour eux la preuve de sa vitalité. Les associations féminines peuvent aussi s'en réjouir, puisqu'elle peut leur permettre de réaliser des progrès considérables en matière de droits des femmes musulmanes, dans le respect aussi bien de la lettre que de l'esprit de la charia.


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