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Un Gardien du Temple du Savoir nous quitte
Professeur Slimane Chitour
Publié dans La Nouvelle République le 29 - 04 - 2023

Ainsi, le 1er mars dernier, s'éteignait, paisiblement, dans l'anonymat le plus strict, le professeur Slimane Chitour (à gauche sur la photo ci-contre), ancien interne des hôpitaux d'Alger, l'un des pères fondateurs de l'université algérienne post-indépendance. Il eut à se battre contre l'ignorance, édifier, instruire, éduquer et pendant toute sa carrière, donner l'exemple de l'humilité et de la force tranquille.
À bien des égards, à sa façon, le professeur Chitour joua pour ses étudiants, par son comportement intransigeant, le rôle d'un phare dans la nuit noire de l'intellect. Les messages de condoléances ont afflué de toutes parts.
Dans l'impossibilité de lister les centaines de témoignages de compassion des Algériennes et des Algériens, nous rapportons ce témoignage sous forme d'hommage rendu par le professeur Benbouzid à son maître, en décembre 2021. Nous lisons :
«Triste nouvelle pour la communauté médicale nationale ! Le professeur Slimane Chitour, figure emblématique de l'orthopédie algérienne, maître hors-pair et grand humaniste, s'en va comme il a vécu et travaillé : dans l'humilité. On ne peut dire ni cerner l'homme humble, serviable, épris des sciences et des libertés, grand défenseur de la dignité humaine, que merci et mille fois merci pour tout ce que vous avez donné à notre pays, à notre peuple et à notre médecine ! Ces images que nous diffusons sont prises lors de sa présence à la nuit de reconnaissance et gratitude que notre journal الصحة Esseha a organisée le mois de décembre 2021. Nous lui avons rendu hommage, ainsi qu'à sa femme, Pr Fadhila Chitour, et il était, cette nuit-là, rayonnant de joie de partager la soirée avec ses amis et confrères et consœurs.»(1)
Pour le professeur Mustapha Yakoubi : « Le Pr Slimane Chitour, l'un des pionniers de la chirurgie orthopédique algérienne vient de nous quitter Allah yerahmou pour un monde meilleur. Il y a quelques mois, il est passé me voir dans mon bureau au service, où il se plaignait de douleurs du genou. Cette consultation s'est transformée en un cours d'anatomie dont je me suis transformé en un élève qui écoutait son maître, j'avais un énorme plaisir à l'écouter avec sa grande élégance dans la description des différents ligaments du genou et pour chacun son rôle physiologique. Son dernier conseil était de sauver ce qui reste de l'enseignement hospitalo-universitaire où il était inquiet.»
Qui est Slimane Chitour ?
C'est un fils de l'Algérie profonde, cette Kabylie des longues peines, pour reprendre le bon mot du regretté Mostefa Lacheraf, dans le village d'Ighil Ali, qui a vu naître Fadhma Amrouche et tant d'autres vaillantes personnes.
Dans la Kabylie des années trente, il était très difficile pour les "indigènes" de sortir de la condition misérable où les avait cantonnés le colonialisme. Après l'école communale à à Bordj Bou Arréridj sous la bienveillante garde de son frère aîné Malek, son père ( qui est mon grand-père) a dû se saigner aux quatre veines pour lui permettre d'intégrer le lycée de Sétif.
Il eut comme condisciples au lycée Mohamed-Kerouani, anciennement lycée Eugène-Albertini, toute une jeunesse qui renfermait en son sein les graines de révolutionnaires, à l'instar de Belaïd Abdesselam, Mohamed Salah Benyahia, Kateb Yacine et tant d'autres. Ce ne fut pas simple !
Après avoir réussi, brillamment, aux deux baccalauréats, il opta pour la médecine, discipline rébarbative et demandant des qualités de résilience. Slimane Chitour exploita les interstices de tolérance permis par le pouvoir colonial pour prétendre se mesurer à l'élite et la voie royale de l'internat, seul étalon de référence que le gotha des dynasties de professeurs mandarins léguait de père en fils ou fille. Ce fut une gageure que de se battre contre le «système de cooptation", code non écrit, pour pouvoir s'imposer brillamment et décrocher le fameux sésame, la deuxième place de l'internat : la première lui ayant été refusée.
Il devint par la suite chirurgien des hôpitaux.
À l'indépendance, il répond à l'appel du pays comme plusieurs médecins. Il enseigna l'anatomie et devint chirurgien des hôpitaux, puis chef de service du pavillon Bichat. Appelé par les hautes autorités par deux fois dans les années 60-70 pour aider les pays frères et amis, peu de personnes se souviennent de ses missions pendant la guerre des six jours au Moyen-Orient et, plus tard, au Nigeria.
Il dirigea son service avec rigueur. Quelques données sur la Faculté de médecine d'Alger et le laboratoire d'anatomie. On sait que les études de médecine ont débuté dès le début de la colonisation.
À l'occasion du 150e anniversaire de la création de l'école de médecine, le professeur Abid a essayé de retracer les principales étapes de cette école. : « Le Docteur Baudens y a dispensé le premier cours d'anatomie en 1833. La création du laboratoire d'anatomie se fera en 1854, avec le professeur Trolard. Ce sera ensuite les professeurs Leblanc et de Ribet : «La Faculté de médecine et de pharmacie d'Alger est l'une des plus anciennes facultés de médecine du continent africain. Après cette loi de 1909, il y avait 100 étudiants en médecine, 16 en pharmacie et 23 pour les études de sages-femmes. Elle disposait de seize chaires magistrales. Dans les années 30, les grands maîtres de la faculté sont les professeurs Costantini Robert Courrier en histologie embryologie, Emile Leblanc et René Marcel de Ribet (1894-1967), grande figure de l'anatomie. Son œuvre, comme le rappelait son successeur, le professeur Slimane Chitour, peut se diviser en quatre étapes : sa thèse consacrée au périnée ; la fameuse polémique où il niait l'existence du trou de Magendie (1952-1954) ; l'important travail sur l'anatomie et la vascularisation du thymus et enfin l'important traité schématique sur le système nerveux connu mondialement. Il développera, par ailleurs, l'anatomie comparée et la médecine opératoire.»(2)
« Les études médicales vont prendre de plus en plus d'importance auprès des étudiants musulmans et à partir de la Seconde Guerre mondiale, c'est la Faculté de médecine qui possède l'effectif estudiantin le plus important et qui verra les premières étudiantes musulmanes, d'abord Aldjia Noureddine reçue au concours de l'internat des hôpitaux d'Alger en novembre 1942. Parmi les réalisations de la Faculté de médecine d'Alger, on peut citer en particulier la généralisation de l'anesthésie en circuit fermé à une époque où, en France, on utilisait encore le masque d'Ombreddane. L'invention du scialytique par Vérain, professeur de physique, scialytique qui fut installé pour la première fois à la clinique chirurgicale universitaire. Benhamou développera la transfusion sanguine et mettra en place l'un des premiers centres de dessiccation du plasma permettant de fournir les armées alliées en 1942-1944. Dans les années 50-60, les grandes figures de la faculté ont pour nom : Goinard qui dirigeait alors le service de chirurgie Bichat, René Bourgeon, pionnier des nouvelles techniques chirurgicales et un des premiers chirurgiens dans le monde à réaliser une hépatectomie réglée qui dirigea la chaire d'anatomie et de chirurgie expérimentale à la faculté. En 1957, on dénombrait trente-deux chaires pour 639 étudiants en médecine, 246 en pharmacie et 91 en chirurgie dentaire.»(2) « Les débuts de la Faculté de médecine post-indépendance Le départ des médecins français amena l'Algérie à prendre rapidement la relève et à appeler les compétences formées à l'étranger pour l'encadrement en mettant en œuvre des examens de passage et des concours, indépendamment des nominations de chefs de service par décrets ; décisions dictées par l'urgence des situations. Ainsi et comme l'écrit le professeur Abid, «à l'indépendance du pays (juillet 1962), il n'y avait qu'un seul agrégé, le docteur Aouchiche, ophtalmologue, agrégé en 1958 à Marseille. Il sera doyen de la nouvelle Faculté de médecine de 1963 à 1971. Le défi fut relevé par un noyau de médecins algériens. À l'exception de quelques-uns (Lebon, Maril et Seror), la plupart quittèrent l'Algérie peu après 1962. Parmi les autres spécialistes, il y avait très peu d'anciens internes ou de chefs de cliniques » (3)
« La majorité des spécialistes étaient des CES. Ces médecins spécialistes furent nommés, par nécessité, assistants sans subir d'épreuve préalable, mais comme le signale M. Djennas, «ce titre portait un péché originel. En aucun cas, dans une carrière destinée à permettre aux meilleurs d'émerger pour former la future élite médicale, qui aurait la responsabilité historique de fonder la médecine algérienne, le premier titre ouvrant la porte d'accès à cette dernière ne devait être acquis sans ''combat''. Seuls les concours, quelles qu'aient pu être leurs modalités, étaient à même de permettre aux candidats de se surpasser, d'extraire le meilleur d'eux-mêmes, de connaître également leurs limites et celles, donc, d'une ambition. Seuls les concours devraient consacrer une nomination. Une progression exclusivement administrative laisse toujours un certain relent d'insatisfaction, un sentiment d'usurpation de poste.Le corps des rangs magistraux algérien sera renforcé à partir de 1963 par quatre autres membres. Au premier noyau des cinq agrégés algériens sur concours vont s'ajouter les agrégés du premier concours organisé en octobre 1967 en Algérie : Slimane Chitour en anatomie (...) » (3)
La Réforme des études de médecine
de 1971
« Ainsi, à partir de la rentrée universitaire 1962-1963 et jusqu'en octobre 1971, les études de médecine duraient, comme en France, sept ans..L'année 1971 verra effectivement un grand bouleversement des études médicales avec l'application de la réforme générale des études universitaires initiée par le ministre de l'Enseignement de l'époque : Mohamed Sédik Benyahia. Cette réforme réduisit le cursus des études médicales qui passèrent de 7 à 6 ans et supprima le concours d'internat qui était le passage obligé à toute candidature à une carrière hospitalo-universitaire. Les enseignements sous forme de modules correspondant à chacune des grandes spécialités de la médecine.
L'évaluation se faisant essentiellement par des épreuves basées sur des QCM (questions à choix multiples). Une sixième année dite de stage interné clôturait le cycle de graduation : l'étudiant effectuait 4 stages de 3 mois dans les spécialités de base (pédiatrie, gynéco-obstétrique, chirurgie et médecine).»(3)
Pr CH.E.CH


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