De la conquête préméditée à une indépendance douloureuse, les relations franco-algériennes restent marquées par une mémoire blessée et des tensions récurrentes. 1830 : Une conquête planifiée dans l'ombre En 1830, l'armée française s'appuie sur un plan d'invasion élaboré en 1808 par l'espion Vincent-Yves Boutin. Ce document, resté enfoui pendant vingt-deux ans dans les archives napoléoniennes, détaillait les fortifications d'Alger, les forces en présence et les conditions sanitaires locales. Ce plan témoigne d'une volonté coloniale préméditée, bien avant l'incident diplomatique de l'éventail en 1827. 1830–1962 : Une colonisation marquée par la violence et la dépossession La conquête d'Alger marque le début d'une colonisation brutale. Les troupes françaises utilisent des méthodes violentes pour soumettre la population algérienne, notamment les « enfumades » du Dahra en 1845, où des centaines de civils sont asphyxiés dans des grottes. La colonisation s'accompagne également d'une spoliation des terres et d'une volonté d'effacer l'identité culturelle et religieuse des Algériens. 1962 : L'indépendance, une rupture inachevée Après plus de sept ans de guerre, les Accords d'Evian sont signés en mars 1962, mettant fin à 132 ans de colonisation française. Le référendum du 1er juillet 1962 confirme l'indépendance de l'Algérie à 99,72 %. Cependant, la transition est marquée par des violences, notamment de la part de l'OAS et de certains groupes armés algériens, ainsi que par le départ massif des Pieds-noirs et le drame des harkis. 1962–2025 : Une relation bilatérale en dents de scie Depuis l'indépendance, les relations entre la France et l'Algérie ont été marquées par des tensions récurrentes. Des tentatives de rapprochement ont eu lieu, comme la visite de Jacques Chirac à Alger en 2003 et la signature d'une « déclaration » pour un « partenariat d'exception ». Cependant, des événements tels que l'adoption en 2005 d'une loi française reconnaissant le « rôle positif » de la colonisation ont ravivé les tensions. Plus récemment, la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en 2024 a provoqué une nouvelle crise diplomatique. L'Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris et suspendu certains échanges diplomatiques. Des tensions subsistent également sur les questions de visas, d'immigration et de mémoire historique. 2025 : Vers une réconciliation possible ? En avril 2025, les Présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont convenu de relancer le dialogue entre les deux pays. Des efforts sont en cours pour réactiver la coopération dans divers domaines, bien que des obstacles subsistent, notamment sur les questions de mémoire et de souveraineté. Conclusion : Une mémoire à apaiser, un avenir à construire Deux siècles après la conquête d'Alger, les relations franco-algériennes restent marquées par une histoire douloureuse. La reconnaissance des crimes coloniaux et un dialogue sincère sont essentiels pour construire une relation apaisée et mutuellement bénéfique.