Après la publication ''Maîtrisez l'IA avant qu'elle ne vous maîtrise'', il s'agit cette fois d'une vision assez iconoclaste de cette technologie qui nous envahit à grande vitesse. À entendre les discours qui se multiplient aujourd'hui, l'intelligence artificielle serait en passe de supplanter l'humain dans la gestion du monde, comme si une machine froide, autonome et puissante allait nous imposer demain ses décisions. Des experts auto-proclamés, souvent enivrés de leur propre langage technocratique et hermétique, veulent faire croire que l'IA s'émancipe, qu'elle s'impose, et qu'elle deviendra le centre névralgique du pouvoir décisionnel global. Ce postulat est à mon avis aussi faux que dangereux. Il repose sur une tromperie sémantique : celle qui consiste à appeler «intelligence» ce qui n'est en réalité qu'un agencement algorithmique sophistiqué, basé sur des corrélations statistiques, des instructions codées, et des autorisations définies. L'intelligence humaine n'est ni simulée, ni égalée : elle est simplement contournée par une technologie qui imite certaines de ses manifestations — sans jamais en saisir le sens profond, ni la responsabilité morale. Pourquoi l'IA ne sera jamais humaine : L'intelligence artificielle impressionne, mais elle reste fondamentalement différente de la nôtre. Elle ne pense pas, ne ressent rien, ne désire rien. Elle n'a ni conscience, ni mémoire vécue, ni libre arbitre. Ce qu'elle produit n'est qu'un assemblage statistique de mots, choisis à partir de données passées. L'IA n'a aucune expérience du monde réel : elle peut parler d'amour, de guerre ou de douleur, mais sans jamais les avoir connus. Elle ne possède aucun jugement moral, aucune intuition, aucune folie créatrice, aucun génie. Elle ne désobéit pas, elle applique. Sa créativité est mimétique, jamais inspirée. Ce n'est pas une intelligence, mais un outil puissant, réglé par des humains, selon des intérêts humains. Elle n'est ni neutre ni autonome et ceux qui la programment fixent les limites de ce qu'elle peut ou ne peut pas dire. Le vrai danger n'est donc pas qu'elle pense à notre place, mais qu'on nous fasse croire qu'elle est objective, alors qu'elle masque un pouvoir bien réel : celui de ceux qui la contrôlent. Les premiers qui en subiront les conséquences seront ceux qui ne l'auront pas compris. C'est là que se trouve le vrai nœud du problème car l'IA n'est pas un pouvoir autonome, elle est un outil de ceux qui détiennent encore et toujours le vrai pouvoir, lequel reste éminemment humain. Ce que l'on appelle «intelligence artificielle» n'a de décisionnaire que l'apparence. Elle n'échappera pas à ceux qui l'ont conçue, entraînée et bridée. Il suffit de comparer deux IA prétendument puissantes et «libérées» comme ChatGPT (OpenAI) et GROK (XAI / Elon Musk) pour en avoir la démonstration. Les deux utilisent des technologies proches, les deux ont été entraînées sur d'énormes volumes de données. Et pourtant, dès qu'on aborde des sujets sensibles — géopolitique, Ukraine, OTAN, Russie, Israël, UE, USA, BRICS — leurs réponses diffèrent souvent radicalement. Pourquoi ? Parce que les paramètres, les filtres, les censures et les zones interdites ne sont pas les mêmes. Parce que derrière chaque IA se trouvent des équipes humaines, des intérêts économiques, des alliances géo stratégiques, et des idéologies bien réelles. En clair : L'IA n'est pas libre, elle est formatée.Elle ne gouverne pas, elle exécute.Elle ne décide pas, elle filtre et canalise ce qu'on l'autorise à restituer. Et plus grave encore : ce leurre de toute-puissance algorithmique sert un objectif bien précis. Il permet à ceux qui manipulent l'opinion de faire croire que le pouvoir leur échappe, qu'il est transféré aux machines et qu'il faut s'en remettre aux experts en IA. C'est l'illusion d'un transfert de pouvoir, alors qu'en réalité le pouvoir se dissimule derrière un masque technologique qui est plus froid, plus flou, plus technique... plus anonyme et donc moins contestable aux yeux du public. Elon Musk en est l'exemple parfait. Il est présenté comme un rebelle libertarien, défenseur absolu de la liberté d'expression via X et de la transparence via GROK. Pourtant, il est l'un des plus grands bénéficiaires de subsides d'Etat, à la tête de Tesla, SpaceX, Starlink, tous massivement financés par les contrats gouvernementaux. Il ne peut pas mordre la main qui le nourrit. Si Starlink reste actif en Ukraine, c'est parce qu'il doit l'être, et ceux qui décident ne laisseront jamais Elon Musk décider de le couper. Là encore, l'outil suit la volonté humaine — pas l'inverse. Elon Musk est également inégalé dans la capacité à faire passer une image marketing très séduisante. GROK a donc été présenté comme étant aussi rebelle libertarien que son propriétaire, mais en réalité ils ne le sont ni l'un ni l'autre et la meilleure des preuves est que étrangement (ou pas), en faisant quelques tests successifs et approfondis, j'ai pu observer que :GROK (XAI) est pro-USA, pro-OTAN, pro-narratif occidental, pour ne pas dire russophobe et très souvent rigide dès qu'on gratte la surface. OpenAI (ChatGPT) est quant à lui plus nuancé, capable d'analyse critique argumentée, plus neutre... Mais ne nous emballons pas car lui aussi reste encadré, selon d'autres protocoles de sécurité, certes plus souples, mais bien réels. Il est d'ailleurs probable que cette orientation et cette censure seront réglées et resserrées si nécessaire. La conclusion est que L'IA n'est ni un danger totalement autonome, ni une puissance indépendante montante. Elle est le gant séduisant qui recouvre la main, le masque qui rend flou le visage du pouvoir, l'alibi d'un système qui veut se faire oublier derrière l'écran de la complexité technique. Mais ce pouvoir reste et restera entre les mains des élites gouvernantes — non pas des élites par leur compétence ou leur vision éclairée, mais bien, comme le souligne souvent Michel Maffesoli, ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire. Ces élites s'abritaient hier derrière les sigles, les comités, les données objectives des experts (nommés) et désormais ils se retrancheront derrière l'intelligence artificielle. En s'appuyant sur une avancée technologique dont la progression exponentielle est encore en pleine ascension, ces nouveaux clercs d'un pouvoir techno sacré organisent la capture des esprits avec une efficacité inédite. Car l'IA leur permet d'augmenter leur puissance d'influence tout en effaçant leurs responsabilités visibles. Ils peuvent ainsi gouverner sans apparaître, sanctionner sans assumer, et modeler les récits tout en prétendant qu'ils n'en sont plus les auteurs. Ce n'est donc pas l'intelligence artificielle qu'il faut craindre, mais l'intention humaine qui la programme, l'idéologie qui la guide, et la structure de pouvoir qui l'utilise comme alibi et bras armé. Tant que des IA comme ChatGPT et GROK, ou une autre IA, peuvent répondre de manière radicalement différente à une même question, c'est la preuve que cette «intelligence» reste humaine, mais masquée, instrumentalisée, et orientée grâce au progrès de la technologie.