En 2007, juste avant l'opération militaire «Plomb fondu» dirigée contre la bande de Gaza, le ministre de la Défense, Moshe Ya'alon, avouait son inquiétude de voir les gisements gaziers découverts en 2000 au large des côtes de Gaza être exploités, au double sens du terme, par le Hamas, pour l'aider, sinon à construire un Etat palestinien indépendant, du moins à financer «ses attaques contre Israël». Qui peut réaliser ce projet d'expansion territoriale et d'expulsion massive des Palestiniens, sinon des partis néo-fascistes et ultrareligieux pétris d'un racisme décomplexé et animés de violence meurtrière désinhibée, actuellement installés au pouvoir ? C'est-à-dire des sociopathes. Ainsi, pour comprendre la raison de la foudroyante riposte israélienne, préparée de longue date de connivence avec certains dirigeants du mouvement islamiste palestinien, complices ou manipulés (*), il ne faut pas porter son regard vers le Hamas, organisation islamiste créée et soutenue par Israël (que l'armée israélienne peut anéantir en quelques heures), mais vers les ressources gazières et pétrolières maritimes et terrestres de Gaza, un territoire toujours habité par 2,3 millions de Palestiniens. Si le pouvoir nazi mobilise ses colossales troupes militaires, ce n'est certainement pas pour éradiquer les 20 000 combattants du Hamas (dont il connaît l'identité, le numéro de téléphone, la résidence, y compris les abris installés dans les tunnels), mais pour exterminer et expulser les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza. Le déplacement des Gazaouis avait été envisagé au début de la guerre par le gouvernement de Netanyahou. Le journal israélien Haaretz avait révélé, le 30 octobre 2023, un document rédigé par le ministère israélien du Renseignement, selon lequel ce déplacement de la population palestinienne de Gaza devrait se faire en direction du Sinaï. Mais le gouvernement égyptien l'avait catégoriquement rejeté. Dès le déclenchement de l'opération de nettoyage ethnique, le pouvoir israélien a confié au Mossad la mission secrète de chercher des Etats qui seraient prompts à accueillir les Palestiniens. Des tractations auraient eu lieu avec la Somalie, le Soudan du Sud et l'Indonésie, voire la Libye, selon un haut-responsable américain. Ce refus d'accueillir les Gazaouis a radicalisé le pouvoir israélien. De là s'explique l'envergure de l'offensive militaire israélienne, jugée par certains disproportionnée et asymétrique. L'objectif de l'opération militaire n'est pas d'éradiquer le Hamas, mais d'anéantir (par expulsion massive ou explosion mortelle) tous les Palestiniens de Gaza. Aussi l'opération militaire sioniste n'est ni disproportionnée ni asymétrique, elle est conforme au plan de nettoyage ethnique et de génocide des Palestiniens de Gaza, planifié par la bourgeoisie israélienne liée au capital étasunien, notamment celui du pétrole et du gaz. Henry Kissinger aimait rappeler : «Contrôlez le pétrole et vous contrôlerez les nations» Israël et les puissances impérialistes occidentales, en particulier le capital étasunien, sont déterminés à accaparer le gaz et le pétrole de Gaza et de la Cisjordanie, non pour contrôler ces deux villes, mais pour détruire définitivement la nation palestinienne, en lui appliquant la solution finale. On ne s'explique pas autrement cette détermination exterminatrice du pouvoir israélien de mener cette génocidaire guerre contre les Palestiniens gazaouis, sinon par sa vorace volonté mercantile d'annexer définitivement Gaza pour s'approprier les gisements de gaz et du pétrole. La bourgeoisie israélienne pensait mener, dans l'indifférence générale de l'opinion internationale obtenue grâce au contrôle totalitaire de la communication, une opération militaire éclair de quelques semaines pour régler définitivement la «question palestinienne», en particulier gazaouie. Notamment par le déplacement forcé des populations. Autrement dit, une guerre éclair de quelques semaines. La bourgeoisie israélienne pensait en finir au plus vite avec une guerre qu'elle savait être impopulaire et, surtout, injuste. Elle escomptait remporter la victoire par la déportation aisée et rapide des populations civiles palestiniennes de Gaza vers l'Egypte et d'autres pays limitrophes. Le but était d'opérer une occupation rapide et décisive, dans une guerre qui se devait d'être courte. Au final, une guerre éclair qui aura tourné court. Car elle s'éternise. S'enlise. Le pouvoir israélien aura perdu et la bataille de la communication et la guerre de nettoyage ethnique. De là s'explique sa radicalisation, sa brutalisation. La guerre totale est dorénavant engagée à Gaza. Toutefois, si le pouvoir politique israélien, inféodé totalement aux intérêts du capital étasunien, notamment celui du pétrole et du gaz, est déterminé à poursuivre sa guerre totale, en revanche, l'état-major de l'armée, tout comme les soldats et les réservistes, épuisés et démoralisés, sont opposés à toute intensification de la guerre. Mieux : ils prônent un cessez-le-feu immédiat. Ils exigent la fin de la guerre. La semaine dernière, environ 550 anciens haut gradés de l'appareil sécuritaire de l'Etat hébreu avaient appelé le président américain Donald Trump à faire pression sur Netanyahou, pour mettre fin à la guerre à Gaza. Avraham Burg, ancien président (de gauche) de la Knesset, le Parlement israélien, a été jusqu'à se demander, dans le journal espagnol El-Pais, «si Israël mérite encore d'exister» en réaction aux massacres de civils dans l'enclave de Gaza. Ironie de l'histoire, cette opération militaire israélienne déclenchée le 9 octobre 2023, sous prétexte de riposte à l'attaque terroriste du Hamas, qui se voulait foudroyante et brève, rappelle étrangement l'opération Barbarossa, lancée par Hitler le 22 juin 1941 contre l'Union Soviétique afin de s'emparer de ses immenses richesses naturelles et annexer ses territoires. De bâtir un vaste espace vital (Lebensraum) Auréolé de ses fulgurantes victoires obtenues contre plusieurs pays européens de l'Ouest (France, Belgique, Pays-Bas), grâce à ses guerres éclair, le régime nazi pensait vaincre et conquérir l'URSS en quelques semaines. Assuré du succès de sa guerre éclair contre l'URSS, confiant au moment de lancer son attaque, Hitler est très vite confronté à la résistance et à la force de frappe de l'armée soviétique. Cette opération Barbarossa aura précipité l'effondrement du régime nazi. La guerre éclair planifiée s'est transformée en une interminable guerre totale, épuisante et ruineuse. Cette opération Barbarossa inaugurera à l'Est de l'Europe le front aux combats les plus sanglants de la seconde boucherie mondiale : exécutions sommaires, pillages, destruction systématique des villages. Ainsi, la guerre éclair – ou Blitzkrieg – qui avait jusque-là permis l'expansion rapide du IIIe Reich, ne fonctionnera pas en URSS, notamment à cause de la stratégie nazie de la terre brûlée appliquée lors de cette opération Barbarossa. Pourtant, les généraux de la Wehrmacht et Hitler lui-même croyaient que la campagne serait rapide, comme les précédentes en Europe de l'Ouest. Ils avaient estimé que l'armée soviétique s'effondrerait en quelques mois. L'échec de l'opération Barbarossa constituera le premier revers de l'Allemagne nazie depuis le début de la Seconde Guerre mondiale. L'opération Barbarossa marquera le début de combats particulièrement meurtriers pour l'armée allemande. Elle marquera aussi le début de l'internationalisation du conflit, jusqu'alors principalement cantonné à l'Europe. Elle marquera surtout le début de la désagrégation du nazisme et de l'effondrement de «l'empire hitlérien», destiné à «vivre mille ans», selon Hitler. Il ne faut jamais perdre de vue que la majorité des guerres modernes sentent fortement une odeur de pétrole et de gaz. L'actuelle guerre sioniste menée contre Gaza, ce camp de la mort, sent le gaz à plein nez, jusqu'à asphyxier mortellement les Gazaouis, victimes de la rapacité coloniale génocidaire des Israéliens. Ces sociopathes pour qui les Palestiniens, déshumanisés, sont des «animaux». Netanyahou est contraint de remplir le plan d'occupation planifié par ses parrains capitalistes étasuniens, même au prix du massacre total de la population palestinienne, du sacrifice de milliers de soldats israéliens. Y compris en bravant l'opposition de la population et de plusieurs organisations politiques. La fraction bourgeoise israélienne qui a déclenchée l'opération de nettoyage ethnique des populations civiles palestiniennes ne peut plus interrompre son plan d'annexion de Gaza. Or, cette intensification et extension de la guerre totale entraînera inéluctablement le pays dans une guerre civile. Voire provoquera immanquablement l'assassinat de Netanyahou par un membre de l'armée ou du Mossad, un réserviste ou un militant pacifiste. Les jours de Netanyahou sont comptés. Son pouvoir est en sursis. Mieux. La disparition d'Israël est imminente. Suite et fin… Khider Mesloub (*) Curieusement, le 7 octobre, 2 000 combattants du Hamas franchissent sans encombre la frontière israélienne la plus sécurisée et protégée du monde. Durant 6 heures, ils livrent leur «attaque surprise» – surprenante ? – sans rencontrer la moindre résistance de la part de l'armée la plus efficace et équipée du monde : aucun hélicoptère ni avion de combat n'a décollé pour neutraliser les assaillants palestiniens.