L'été dernier, j'ai rédigé un article intitulé « La vraie menace ne vient pas du Maroc voisin mais du lointain empire occidental », publié dans La Nouvelle République, le 3 août 2024. Voici ce que j'écrivais : C'est dans ce contexte de tensions internationales marquées par la guerre russo-ukrainienne et la crise énergétique que l'OTAN avait publié, l'année dernière, un rapport «secret». Ce document confidentiel de l'OTAN, révélé par le site d'information américain Business Insider et relayé par l'agence Ecofin, qualifiait, à dessein, l'Algérie de «risque pour la sécurité de l'Europe». La menace d'une intervention contre l'Algérie est implicitement évoquée dans un passage du rapport : «La sécurité énergétique est considérée depuis de nombreuses années comme un facteur important en matière de politique étrangère et de sécurité, au sein de l'OTAN.» L'OTAN craint que l'Algérie, à l'instar de la Russie, «utilise ses livraisons de gaz aux pays d'Europe du Sud comme une arme géopolitique, ce qui représenterait un risque pour la résilience politique et économique de l'Europe et à long terme, menacerait le statut de l'Algérie en tant que fournisseur d'énergie pour l'Europe». Pis, selon la France, les sous-marins et les missiles de croisière acquis par l'Algérie lui donnent dorénavant un avantage significatif dans le contrôle de l'accès à la Méditerranée. L'Algérie a la possibilité d'interdire l'accès au détroit de Gibraltar. Pour sa part, l'Union européenne a ouvert délibérément les hostilités contre l'Algérie, en exigeant d'elle l'ouverture de son marché. L'UE a accusé, le 14 juin dernier, l'Algérie d'avoir imposé «des restrictions commerciales visant les acteurs européens, dont un système de licences d'importation, des subventions subordonnées à l'utilisation d'intrants locaux pour les constructeurs automobiles et un plafonnement de la propriété étrangère dans les entreprises importatrices». L'Algérie est explicitement ciblée par l'OTAN, notamment en raison de ses liens privilégiés avec la Russie et la Chine, de sa coopération technique et militaire avec ces deux pays, dorénavant hissés en puissances ennemies à abattre. Dans la guerre généralisée en préparation par le bloc occidentalo-sioniste-atlantiste contre le bloc russo-chinois-iranien, l'Algérie est classée parmi les pays à neutraliser pour son appartenance au second bloc (sic). En revanche, le Maroc, pays entièrement sous domination franco-sioniste, est qualifié de pays fiable pour défendre les intérêts du bloc occidentalo-sioniste-atlantiste. Ainsi, si le Maroc n'a pas les moyens militaires de soutenir, seul, une guerre contre l'Algérie, par contre il peut servir de base arrière pour soutenir l'effort de guerre du bloc occidentalo-sioniste-atlantiste. De point d'appui au bloc occidentalo-sioniste-atlantiste pour neutraliser l'Algérie, c'est-à-dire envahir l'Algérie. Pour assurer ce plan d'assiègement militaire de l'Algérie, le Makhzen a exigé de ses partenaires, notamment la France, des contreparties. Outre la sécularisation et la pérennisation de son régime, la reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental. La France de Macron a accédé aux exigences de Mohammed VI (non pas par faiblesse diplomatique, par l'attachement indéfectible du Maroc ou par esprit revanchard néocolonial, mais pour des raisons de la guerre impérialiste en préparation). Par sa lettre «confidentielle», rendue publique à dessein, le président Macron apporte son soutien officiel à l'occupation du Sahara Occidental par le Maroc. Il l'a confirmé dans sa lettre. Macron a dit considérer que «le présent et l'avenir du Sahara Occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine». La lettre lui a été dictée par Tel-Aviv, Washington et l'OTAN. Car la marche à la guerre mondiale s'accélère. Et la principale cible du bloc occidentalo-sioniste-atlantiste est la Chine. Tout comme le déclenchement de la guerre de proxy et d'attrition contre Moscou par le bloc occidentalo-sioniste-atlantiste a pour visée de neutraliser, autrement dit de mettre hors état de nuire, le principal allié (militaire) de la Chine, la Russie, et surtout faire main basse sur les précieuses richesses naturelles du pays, en particulier ses matières énergétiques, à la fois en vue de les exploiter pour leurs besoins économiques (pays atlantistes), mais également de les soustraire au régime chinois, le privant ainsi de ces matières indispensables à son industrie, l'assiègement de l'Algérie répondra également aux mêmes visées géostratégiques : priver le bloc russo-chinois du soutien logistique de leur allié algérien. Et, surtout, prévenir toute cessation de livraisons de gaz algérien aux pays d'Europe, ou blocage à l'accès au détroit de Gibraltar par les sous-marins et les missiles de croisière algériens. Si le Maroc s'apprête à devenir l'«Ukraine de l'Afrique du Nord», la base arrière depuis laquelle le bloc occidentalo-sioniste-atlantiste compte mener ses opérations militaires dans son imminente guerre mondiale, l'Algérie s'expose à devenir la «Russie», pays «paria» contre lequel sera mené une guerre de proxy et d'attrition. C'est ce que j'écrivais l'été dernier. Pour rebondir sur la dernière phrase de mon article, j'ajouterai, aujourd'hui , l'élément suivant. Si le Maroc est appelé à servir de base arrière du bloc occidentalo-sioniste-atlantiste pour mener les opérations militaires contre l'Algérie, la France outre sa participation directe à la guerre, compte servir de centre hospitalier pour soigner les blessés. On ne s'explique pas autrement la décision de la construction d'un nouvel hôpital militaire à Marseille, ville située à moins d'une heure de vol d'Alger, et de la récente note d'instruction du ministère de la Santé, révélée par « Le Canard Enchaîné », invitant les Agences régionales de santé (ARS) à préparer les hôpitaux publics à « un possible engagement [militaire] majeur » et à l'accueil de soldats en cas de conflit armé généralisé d'ici mars 2026. En effet, une instruction adressée aux ARS par le Ministère de la Santé affirme que « les hôpitaux doivent se tenir prêts à accueillir des milliers de blessés en cas de conflit armé en Europe ». Dans un contexte international convulsif, les pays européens, la France en tête, se préparent à devenir la base arrière de conflits à grande échelle dans les mois et années à venir. Vu les tensions avec la Russie, on pourrait penser que la construction du nouvel hôpital militaire à Marseille, annoncée le 27 juin 2023, tout comme l'instruction adressée aux ARS sont destinées à accueillir des militaires blessés sur le front Nord du continent européen, en Ukraine. Au vrai, tout porte à croire qu'il s'agit d'accueillir des milliers blessés du front de guerre d'un pays du Sud. Et ce pays, ce ne semble pas être l'Italie, la Grèce, la Tunisie, le Maroc, l'Espagne ou un autre pays du bassin méditerranéen. Mais assurément l'ALGERIE. Au reste, depuis deux ans, politiquement et diplomatiquement la guerre est déjà déclarée contre l'Algérie. C'est à dessein que le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a affirmé récemment «que la France ne souhaite pas la guerre avec l'Algérie. C'est l'Algérie qui nous agresse». Conséquence logique : la France, en riposte, a le droit de se défendre. Non plus seulement diplomatiquement et politiquement, mais militairement. Au plan politique, depuis plusieurs mois, de multiples indicateurs démontrent que le régime de Paris est en train de tisser une toile de guerre visant l'Algérie. Les projets d'abrogation des accords du 27 décembre 1968 et de suppression de la double nationalité constituent les premières salves bellicistes. En appui aux intenses préparatifs militaires de l'ancienne puissance coloniale, ces projets visent à neutraliser la population algérienne. L'Etat français veut contraindre les Algériens déjà détenteurs de la double nationalité à choisir entre leur nationalité d'origine et française. La bourgeoisie française est aux abois. Elle a atteint les limites des pouvoirs octroyées par la 5ème République. Elle a usé toutes les armes de gouvernance despotique, grillé ses dernières cartouches tyranniques : le recours systématique au 49.3, l'instauration répétitif de l'état d'urgence, la suppression de tous les contre-pouvoirs, les dissolutions récurrentes de l'Assemblée nationale, la répression permanente policière. Comment basculer dans une dictature pleinement assumée et l'état de siège permanent, pour mettre au pas la population et endiguer toute dissidence, sinon par le déclenchement d'une guerre. En particulier contre l'Algérie. Néanmoins, une guerre est forcément impopulaire. Il faut donc conditionner l'opinion. Notamment par la propagande anti algérienne, des campagnes d'hostilités déclarées contre l'Algérie pour créer un contexte favorable à la mobilisation militaire. Le régime de Paris est en train de conditionner les Français à cette guerre contre l'Algérie. L'Algérie sauvera-t-elle la bourgeoisie française décadente ou creusera-t-elle sa tombe ? À vouloir fuir la révolution par la guerre, la bourgeoisie française court le risque d'être rattrapée par la révolution ! Khider M