L'été dernier, j'ai rédigé un article intitulé « La vraie menace ne vient pas du Maroc voisin mais du lointain empire occidental », publié dans La Nouvelle République, le 3 août 2024. Voici ce que j'écrivais : Il serait faux de suspecter le Maroc de velléités guerrières contre l'Algérie, la menace ne vient pas de ce côté-là de la frontière. Ce serait, en effet, accorder à cette déliquescente monarchie trop d'honneur en la gratifiant de pouvoir de nuisance infaillible, de capacité de destruction imparable. En effet, le Maroc, pays semi-féodal semi-colonisé, embourbé dans une récession économique et une crise de légitimité institutionnelle, dépourvu d'une armée puissante susceptible de mener une guerre moderne, ne représente en fait aucun danger pour l'Algérie. Et son alliance avec Israël ne révèle pas d'une politique diplomatique à visées géopolitiques ou géostratégiques. Elle est bassement motivée par des considérations d'ordre intérieur, c'est-à-dire pour tenter de sauver la monarchie chérifienne menacée d'implosion. L'entité sioniste est le dernier rempart du Makhzen. Les sionistes israéliens, réputés pour leurs compétences en matière de maintien de l'ordre et de répressions contre les Palestiniens, ont été recrutés en qualité d'agents de sécurité pour assurer (vainement) la pérennité du royaume chérifien, menacé de l'intérieur par une population marocaine paupérisée de plus en plus frondeuse. En dépit des rodomontades bellicistes de ses narco-dirigeants et de ses serviles journalistes va-t-en-guerre, le Maroc ne dispose pas de forces armées performantes pour se lancer dans une suicidaire guerre contre l'Algérie. L'Etat marocain est tout juste capable de mener des opérations de maintien de l'ordre contre la population sahraouie déshéritée et désarmée, de faire régner la terreur dans le territoire occupé sahraoui, notamment par sa police haillonneuse et des bandes de civils déguenillés armés. Au reste, les gesticulations bellicistes de la monarchie anachronique moribonde visent en vérité à occulter la fragilité d'un régime aux abois. Et les récurrentes interventions militaires contre le Sahara Occidental (dernier vestige, avec la Palestine, colonial) ont pour unique dessein de détourner l'attention des masses populaires miséreuses marocaines, mobilisées ces dernières années dans de multiples révoltes sociales contre le royaume chérifien, qui chérit bien ses nouveaux partenaires sionistes, ces garde-corps dragués pour se mettre sous leur virile protection. Pour éteindre les brasiers incendiaires des revendications sociales du peuple marocain paupérisé, le régime despotique colonial allume fréquemment un feu nationaliste plus festif pour enflammer la fibre patriotique marocaine ternie par la crise économique, la répression policière et la normalisation de ses relations avec Israël. Ainsi, la population misérable marocaine est-elle appelée régulièrement à communier avec ferveur en faveur des exaltations chauvines et des manœuvres impérialistes chérifiennes dirigées contre le Sahara Occidental. Cette exhibition ostentatoire de la force ressemble, à s'y méprendre, à une farce. Cette fébrilité de la diplomatie marocaine, illustrée par la célébration de ses noces voluptueuses avec l'Etat (l'étalon) sioniste, s'apparente à une danse du ventre, tout juste bonne à exciter la concupiscence des partenaires plénipotentiaires. Activités voluptueuses dans lesquelles excelle la monarchie touristique libidineuse. Nul doute, dans l'éventualité d'une opération militaire dirigée contre l'Algérie, il est improbable que la population marocaine maintienne sa fidélité et son soutien au régime chérifien, amplement discrédité depuis la normalisation de ses relations avec l'entité sioniste. Le peuple marocain ne cautionnera jamais une telle entreprise militaire dirigée contre ses frères algériens. Non seulement il se désolidarisera du régime chérifien dictatorial par une mobilisation massive contre la guerre, mais il saisira cette opportunité pour abattre définitivement l'anachronique monarchie moyenâgeuse, déjà contestée par d'incessantes manifestations qui s'en prennent non seulement au gouvernement mais également au roi. Régulièrement, à chaque révolte sociale, le Makhzen est directement vilipendé et sa déchéance réclamée. A focaliser les projecteurs médiatiques alarmistes sur ce pays semi-féodal, on lui prête et une influence politique immotivée et une puissance militaire imméritée. On peut conjecturer que la survie du régime monarchique est en sursis, sa disparition imminente, sous l'effet conjugué de la crise économique, de la paupérisation généralisée de la population marocaine, de l'insurrection populaire. De surcroît, le Makhzen se jette dans les bras (sous les draps) de son nouveau partenaire sioniste au moment où celui-ci est impuissant, frappé d'une frigidité institutionnelle insurmontable. Ne pas perdre de vue qu'Israël est également menacé d'implosion. Israël est en sursis. Sa disparition est inéluctable. Deux régimes anachroniques aux abois réduits à aboyer car l'Histoire s'apprête à les broyer. Leurs aboiements n'illustrent pas la force de deux colosses militaires près à mordre, mais dévoilent les râles de deux cadavres étatiques agonisants. En réalité, si menace d'invasion de l'Algérie il y a, elle viendrait de l'autre rive de la Méditerranée, plus précisément de la France. En effet, la France, pour d'évidentes motivations géostratégiques primordiales et vitales, avec l'appui de l'OTAN, n'hésitera pas à envahir de nouveau l'Algérie. Cette conquête se fera même avec la complicité d'une certaine élite algérienne établie à l'étranger ou tapie à l'intérieur du pays. Récession et tensions internationales mondiales obligent, la France belliciste fourbit ses armes pour se lancer dans la prochaine guerre généralisée en préparation. D'autre part, il faut avoir à l'esprit qu'aujourd'hui, en France comme dans nombre de pays atlantistes, c'est la guerre qui dicte le tempo. C'est la guerre qui impose son programme politique meurtrier, son agenda économique militariste, son système de pensée chauviniste et caporaliste. Cela étant, au plan géostratégique, nul n'ignore l'aggravation des tensions entre la France et l'Algérie. Le dernier différend diplomatique en date est la révélation de la lettre de soutien officiel à l'occupation du Sahara Occidental par le Maroc apporté par Macron, ayant entraîné la décision du gouvernement algérien du retrait de son ambassadeur auprès de la République française avec effet immédiat. On se souvient comment le président français avait, en 2021, provoqué le gouvernement algérien par ses déclarations incendiaires. Macron avait accusé «le système politico-militaire algérien d'entretenir une rente mémorielle en servant à son peuple une histoire officielle qui ne s'appuie pas sur des vérités mais sur un discours qui repose sur une haine de la France». Selon le journal Le Monde, Macron avait également affirmé que «la construction de l'Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c'est la question (...)». Traduction : l'Algérie est une création de la France, l'œuvre de la France, donc l'Algérie reviendrait à ses fondateurs, ses légitimes propriétaires, y compris par la force. En tout cas, les relations entre la France et l'Algérie ne cessent de se dégrader. En particulier depuis le renforcement du partenariat entre l'Algérie et la Russie, pays «paria» menacé de destruction totale par l'OTAN qu'il lui livre une guerre de proxy et d'attrition. Khider Mesloub