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Dresser un bilan serein de la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF-2025) L'Afrique face à la convoitise des grandes puissances
Des stratégies d'adaptation s'imposent pour l'Afrique où se dessine une nouvelle architecture des relations internationales. Aussi, sans verser ni dans la sinistrose, ni dans la satisfaction, il s'agira d'établir un bilan serein de la foire intra-africaine (IATF 2025). Situation du continent africain : quelques indicateurs économiques L'Afrique couvre 30,353 millions de km2 pour une population, fin 2024, d'environ 1,4 milliard d'habitants, extrapolé à 25% de la population mondiale 2040/2050. Cependant, nous avons non pas une Afrique mais des Afriques, avec d'importantes disparités. Pour des comparaisons objectives, l'indicateur le plus pertinent étant le PIB par tête d'habitants et l'indice du développement humain du PNUD-IRH complété par une analyse plus fine de la répartition du revenu par couches sociales, la majorité des pays africains n'ont pas un système d'information fiable du fait de l'importance de la sphère informelle qui peut représenter en Afrique subsaharienne 70 à 80% de la superficie économise, certains ayant réévalué leur PIB comme le Nigeria et l'Algérie en intégrant une fraction de la sphère informelle, ce qui rend difficile la consolidation du PIB d'Afrique qui reste toutefois l'indicateur de référence de la création de la richesse d'une Nation, représentait en 2024 que 3,57 % du PIB mondial évalué à 103.000 milliards dollars. Les plus grandes économies africaines en 2024 (estimations du FMI) : – Afrique du Sud : 373,23 milliards de dollars, Egypte : 347,59 – Algérie : 266,7 – Nigeria : 252,74 – Ethiopie : 205,73 – Maroc : 152,38 – Kenya : 104,00 – Angola : 92,12 – Côte d'Ivoire : 86,91 – Tanzanie : 79,61 milliards de dollars. En 2024, l'Afrique a enregistré un montant de 97 milliards de dollars d'investissements directs étrangers (IDE), soit une hausse de 75 % par rapport à 2023, selon l'UNCTAD, l'Egypte ayant accaparé plus de 50% pour ses méga-projets. La dette publique africaine a atteint environ 1 860 milliards d'euros en 2024, représentant un fardeau significatif pour les économies du continent, avec 22 pays en situation de surendettement. Ce niveau d'endettement a presque doublé en dix ans, passant d'environ 30% à près de 60% du PIB pour l'Afrique subsaharienne. Historiquement dominée par les créanciers bilatéraux et multilatéraux, la dette africaine est de plus en plus détenue par des créanciers privés (fonds d'investissement, banques, qui représentent désormais plus de 40 % du total, contre 38 % pour les institutions multilatérales et 20 % pour les créanciers bilatéraux, le e Fonds Monétaire International (FMI) ayant identifié 22 nations africaines comme étant en situation de surendettement. Et comme obstacle majeur à son développement, sans compter, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la fuite des cerveaux, coûtant environ 4 milliards de dollars par an au continent. En 2024, la fuite des capitaux en Afrique qui a atteint près de 587 milliards de dollars, selon des estimations récentes de la Banque Africaine de Développement et de l'ouvrage « la fuite des capitaux d'Afrique : les pilleurs et les facilitateurs » de Léonce Ndikumana, publié en 2024. Ces fuites sont alimentées par la corruption, la fausse facturation commerciale et l'évasion fiscale (148 milliards de dollars) et les transferts irréguliers de bénéfices par les multinationales (275 milliards de dollars), causant une diminution de l'investissement, l'aggravation des inégalités et l'affaiblissement de la gouvernance. Quelques indicateurs : coopération de l'Afrique avec des pays clefs L'Afrique est l'objet de toutes les convoitises, comme en témoignent les différentes rencontres mondiales USA-Afrique – Europe – Afrique, Russie-Afrique, Chine – Afrique, Inde – Afrique, Japon – Afrique, Turquie – Afrique et bien d'autres rencontres. La concurrence est vivace, alors que l'intégration intra-africaine, selon la Cnuced, variant selon les années, entre 2022/2025, varie entre 15/17% ; les échanges commerciaux de la majorité des pays africains se faisant soit avec l'Occident pour des raisons historiques, et plus récemment avec la Chine et pour l'armement avec la Russie. Ainsi, en prenant quelques indicateurs, nous avons la Chine qui en 2024, pour les échanges commerciaux avec l'Afrique ont atteint un record de 295,6 milliards de dollars, enregistrant une croissance de 4,8% par rapport à 2023. La Chine est restée le premier partenaire commercial de l'Afrique pour la seizième année consécutive, avec 178,76 milliards de dollars d'exportations vers le continent et 116,79 milliards de dollars d'importations, Par contre, les investissements chinois en Afrique atteignent un record de 39 milliards de dollars en 2025, en hausse de 20 % par rapport à l'année 2024. L'Union européenne représente 31% des exportations et 29% des importations africaines en 2024. L'investissement de l'Europe en Afrique, sous l'égide de l'UE, vise un partenariat renouvelé avec au moins 150 milliards d'euros d'investissements prévus, s'appuyant sur des initiatives comme Global Gateway ; ces fonds, incluant les infrastructures, la transition énergétique, l'agriculture, le secteur privé et le développement social, avec un accent sur le renforcement des capacités locales. Les Etats-Unis se sont engagés à investir 55 milliards de dollars en Afrique sur trois ans, un objectif qui a été largement dépassé, avec plus de 65 milliards de dollars engagés et dépensés depuis le sommet. Les investissements directs étrangers (IDE) américains ont atteint 56,29 milliards de dollars en 2023, en hausse par rapport aux années précédentes. De plus, la société de financement du développement international – DFC des Etats-Unis a consacré plus de 2 milliards de dollars en 2023, soutenue par l'initiative Prosper Africa qui a facilité 547 accords bilatéraux, augmentant de 60% le nombre et la valeur des contrats. La Russie – Elle présente dans bon nombre de pays pour des raisons géostratégiques mais également économiques, pays qui possèdent des richesses importantes. Le Sommet et le Forum économique Russie–Afrique ont eu lieu les 23 et 24 octobre à Sotchi sous la devise « Pour la paix, la sécurité et le développement ». En dehors du matériel militaire difficile à évaluer pour des raisons de sécurité défense, au cours des cinq dernières années, le volume des échanges commerciaux entre la Russie et l'Afrique a plus que doublé, dépassant 20 milliards de dollars. L'Inde revendique 75 milliards de dollars d'investissement entre 1996/2024, selon l'agence officielle indienne. Le Japon lors de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique, s'est tenue du 20 au 22 août 2025 a eu comme principal objectif de concurrencer les nouvelles routes chinoises de la soie. En 2024, les échanges commerciaux entre le Japon et les pays africains s'élevaient à 8,9 milliards de dollars, selon des données officielles. Seulement 0,5 % des investissements vont vers l'Afrique. Lors de la précédente Ticad.Le Japon promet de consacrer jusqu'à 3 200 milliards de yens à des initiatives publiques et privées en Afrique sur cinq ans. Mais nous avons une tendance plus large dont la Turquie et trois pays du Golfe dans le Golf dont l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar et sans oublier d'autres pays qui augmentent leurs investissements en Afrique pour s'assurer de la nourriture, de l'énergie et de l'influence géopolitique. La Turquie. Les investissements turcs en Afrique ont considérablement augmenté, le volume des échanges commerciaux étant multiplié par huit en vingt ans, pour atteindre 40,7 milliards de dollars en 2022. L'accent est mis sur la coopération économique et le renforcement des partenariats, notamment dans les secteurs de la construction, des mines (comme au Niger), de l'aviation (via Turkish Airlines), et de l'armement, où la Turquie est un exportateur majeur, en particulier de drones. Des investissements importants sont également visibles en Somalie, où les entreprises turques gèrent des ports et des infrastructures. Les entreprises turques ont réalisé 1864 projets d'infrastructures d'une valeur cumulée de 85,4 milliards de dollars en Afrique à fin 2023. L'Arabie saoudite cherche à se repositionner dans un ordre mondial en plein changement. Bien que tardif, l'engagement africain du royaume saoudien combine ambition géopolitique, intérêts commerciaux et diplomatie d'influence. Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités