Personnalité incontournable de la culture populaire algérienne, Hassan El Hassani a marqué plusieurs générations par son humour, son talent et son engagement. Derrière ce nom de scène devenu mythique se cachait Hassan Bencheikh, né le 24 avril 1916 à Ksar El Boukhari. Très tôt, il suit une scolarité dans sa ville natale jusqu'à l'obtention de son certificat d'études primaires. Comme beaucoup de jeunes de son époque, il se lance ensuite dans différents métiers : d'abord coiffeur de campagne à Ksar El Boukhari puis à Berrouaghia, avant de gérer, avec son frère, la salle de cinéma Rex. Mais c'est en 1940, grâce au passage de la troupe de Mahieddine Bachetarzi, qu'il découvre véritablement sa vocation. Le grand homme de théâtre l'encourage à exploiter ses talents de comédien et à se consacrer à la scène. Peu après, Hassan écrit sa première pièce, «Les rêves de Hassan», une satire sociale qui lui vaut l'emprisonnement en 1945 pour ses critiques du colonialisme. Derrière les barreaux, il continue pourtant à jouer des sketches pour redonner espoir à ses codétenus. À sa libération, il s'installe à Alger, dans le quartier de La Casbah. Pour subvenir à ses besoins, il reprend ses ciseaux de coiffeur, mais consacre ses soirées au théâtre. C'est à cette période qu'il crée le personnage de N'înaâ, d'abord dans la pièce El Houria, puis dans Le complot et Ti goule ou ti goule pas. En 1953, il franchit une nouvelle étape en rejoignant la télévision, où il joue dans La poursuite sous la direction de Mustapha Badie. Lorsque éclate la Guerre de libération en 1954, Hassan El Hassani met sa carrière entre parenthèses et rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale. Ce n'est qu'après l'indépendance qu'il revient sur scène, cette fois au sein du Théâtre national algérien. Il délaisse alors son personnage de N'înaâ au profit de Boubagra, un paysan candide et attachant, qui découvre avec naïveté la modernité et les bouleversements de la capitale. Ce rôle deviendra son emblème, au point de faire de Boubagra une figure familière dans les foyers algériens. Toujours animé par le désir de rapprocher le théâtre du public, il fonde la troupe Théâtre des quatre saisons. Pendant près de dix ans, il sillonne les villes et villages d'Algérie, offrant au public des représentations qui mêlaient rire et réflexion sociale. Mais en 1976, élu député à l'Assemblée populaire nationale, il doit dissoudre sa troupe pour se consacrer à ses nouvelles fonctions. Hassan El Hassani n'a pas seulement brillé sur scène : il a aussi marqué l'histoire du cinéma algérien et international. On le retrouve dans des films emblématiques comme Le Vent des Aurès (1966) et Hassan Terro (1968) de Mohammed Lakhdar-Hamina, Z (1969) de Costa-Gavras, Les Aveux les plus doux (1971) d'Edouard Molinaro, ou encore Chronique des années de braise (Palme d'or à Cannes en 1975). Sa filmographie impressionnante s'étend sur plus de deux décennies, avec des œuvres devenues cultes telles que Les vacances de l'inspecteur Tahar (1973), Les Déracinés (1976), Une femme pour mon fils (1982) ou encore Les Folles Années du twist (1983). Après une carrière riche et engagée, Hassan El Hassani s'éteint le 25 septembre 1987, à l'âge de 74 ans, des suites d'une longue maladie. Il repose au cimetière de Sidi M'hamed. Plus qu'un acteur, il demeure une véritable icône de la culture algérienne, symbole de courage, de rire et d'humanité. Ses personnages, et particulièrement Boubagra, continuent de vivre dans la mémoire collective, rappelant que le théâtre et le cinéma peuvent à la fois divertir, éveiller et résister.