Le cinéma et le théâtre algériens viennent de perdre l'un de leurs visages les plus marquants. L'Office national des droits d'auteurs et droits voisins (ONDA) a annoncé, ce lundi matin, le décès du comédien Faouzi Saichi. L'acteur s'est éteint à Paris ce 29 septembre, des suites d'un AVC. Né le 9 avril 1951 à Aïn Sefra, dans la wilaya de Naâma, Faouzi Saichi grandit à Alger où il s'installe avec sa famille dès l'âge de six ans. Très tôt attiré par les planches et la caméra, il s'oriente vers les arts dramatiques et s'impose rapidement comme l'un des talents prometteurs de sa génération. C'est en 1977 qu'il apparaît pour la première fois sur grand écran dans Leïla et les autres de Sid Ali Mazif. Quelques années plus tard, il se révèle véritablement au grand public grâce à Un toit, une famille (1982) de Rabah Laradji, un rôle marquant qui lui vaut le prix de la meilleure interprétation masculine aux Journées cinématographiques de Carthage. Cette distinction consacre un acteur au jeu puissant et à la présence charismatique. « Rmimez », un rôle culte En 1986, Djamel Bendeddouche le choisit pour incarner le personnage de « Rmimez » dans le film musical Les Aventures de Rmimez. Œuvre singulière mêlant rêve et réalité à travers une succession de séquences musicales, ce film met en lumière la jeunesse artistique de l'époque et offre à Saichi un rôle inoubliable. Le surnom « Rmimez » deviendra indissociable de son image, au point de l'accompagner tout au long de sa carrière. Faouzi Saichi a multiplié les apparitions au cinéma comme à la télévision, explorant des registres très différents. On le retrouve dans Les Folles Années du Twist (1986), De Hollywood à Tamanrasset (1991), Cheb de Rachid Bouchareb (1991), ou encore Beur Blanc Rouge (2006) de Mahmoud Zemmouri. Plus récemment, il joue dans La Route d'Istanbul (2016), confirmant sa longévité et sa capacité à se renouveler. À la télévision, il s'est illustré dans des séries populaires comme Nass Mlah City ou Djemai Family, où son humour et sa justesse de jeu lui valent une grande popularité. Son rôle de directeur de prison dans la seconde série reste dans la mémoire des téléspectateurs. Sa voix reconnaissable, son énergie communicative et sa capacité à passer du drame à la comédie ont fait de lui un acteur incontournable du paysage artistique algérien. En 2015, un hommage lui est rendu au théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou, en présence de nombreuses figures du cinéma national. Ce moment de reconnaissance illustre l'estime que ses pairs lui portaient. Hospitalisé depuis août dernier à Paris à la suite d'un accident vasculaire cérébral, Faouzi Saichi vient de nous quitter à l'âge de 74 ans. Sa disparition a suscité une vague d'émotion immédiate. Sur les réseaux sociaux, artistes, journalistes et anonymes se sont empressés de saluer la mémoire de celui qu'ils appelaient affectueusement «Rmimez». Au-delà de ses rôles, Faouzi Saichi était décrit comme un homme joyeux, facétieux et d'une grande modestie. Son attachement à son métier, son authenticité et sa générosité laissent un vide immense. L'Algérie perd un artiste rare, mais son héritage, riche de personnages marquants et d'instants de cinéma inoubliables, continuera d'inspirer les générations futures.