Boualem Sansal sait parfaitement que parler de «retour en Algérie» n'est pas un projet, mais un numéro de scène, presque du théâtre expérimental. Il fabrique un suspense qu'il sait lui-même irréalisable : on ne revient pas en Algérie comme on réserve un Uber depuis Paris. Il joue sur l'illusion, pas sur le réel — mais il faut reconnaître que, pour créer du buzz, il a un certain talent... de magicien. Parce qu'au fond, Sansal n'a jamais été aussi «puissant» médiatiquement que lorsqu'il était derrière les barreaux. C'est triste, mais son influence dépend du conflit, pas du style littéraire ; de la tension, pas de l'inspiration. D'ailleurs, s'il pouvait publier un roman sur «la vie en détention», il deviendrait peut-être enfin un best-seller en Algérie. Alors il invente un « faux » retour comme on invente un cliffhanger dans une série: Pour rester dans le scénario, pour garder son nom dans la bouche des diplomates et des éditorialistes, pour se rendre indispensable à un débat où il n'est plus acteur principal depuis longtemps. On croirait presque qu'il espère une saison 2. La vérité ? S'il veut vraiment «revenir», il reviendra exactement comme il est parti : par un vol Paris–Alger, billet en main, visa algérien en poche et sans passer par les fantaisies médiatiques. Et ça, ce n'est pas du récit, c'est la réalité — moins glamour, mais beaucoup plus solide. Son «retour» n'est pas une intention. C'est une tentative d'exister. Un réflexe médiatique. Une stratégie de survie dans un espace où le bruit compte plus que la sincérité. En parlant de rentrer, il ne s'adresse pas à l'Algérie. Il s'adresse surtout aux caméras. Et elles, au moins, ne lui poseront jamais de questions gênantes.