Lors du Sommet de l'Union africaine, le samedi 15 février 2025, l'appui de l'Algérie à un texte présenté par le Ghana, a été décisif pour faire adopter une résolution inédite visant à criminaliser le colonialisme et à exiger des réparations pour les injustices historiques subies par les peuples africains durant des décennies. Cette résolution est intitulée « Justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine à travers les réparations » et a été retenue comme thème de l'année 2025 pour l'Afrique. La résolution a été saluée comme un tournant historique. Cette décision illustre une prise de conscience croissante des Etats africains quant à la nécessité de réclamer justice et reconnaissance pour les crimes du passé. Il s'agit d'une initiative qui a marqué une avancée majeure dans la construction d'un front africain uni pour porter ces revendications sur la scène internationale. La résolution adoptée prévoit la mise en place d'un « front commun et uni » en faveur de la justice et des réparations. Elle appelle à une reconnaissance internationale des crimes historiques commis contre les Africains et leurs descendants, y compris le colonialisme, l'apartheid et les génocides ; un effort collectif pour remédier aux conséquences de ces injustices, notamment par la justice réparatrice et la réhabilitation historique ; un rôle central pour la Commission de l'Union africaine, chargée de piloter les efforts de documentation et de reconnaissance des impacts du colonialisme et de l'esclavage sur les sociétés africaines. Dans cette perspective, l'UA entend promouvoir : des réparations financières, sous forme d'indemnisations directes aux Etats et aux communautés affectées ; des investissements massifs dans les infrastructures, l'éducation et la santé, afin de soutenir le développement économique des nations africaines ayant subi le pillage de leurs ressources et l'exploitation de leur population ; la restitution des terres spoliées, notamment dans les pays où les populations autochtones ont été dépossédées ; la préservation et la restitution du patrimoine culturel africain, qui a été en grande partie confisqué ou détruit sous l'ère coloniale. La résolution met également en avant l'importance d'un engagement des instances internationales pour assurer la responsabilité des anciennes puissances coloniales. Elle prévoit la possibilité d'utiliser : des pressions diplomatiques pour amener les anciens colonisateurs à reconnaître leurs crimes ; des recours juridiques devant les tribunaux internationaux pour obtenir des réparations légales. Les observateurs estiment que cela ouvre la voie à une reconfiguration géopolitique, où le continent africain, fort de son unité, entend exiger des comptes pour les souffrances du passé et façonner un avenir plus juste pour ses peuples.