Il y a quelques jours, le 21 septembre, a été célébrée la Journée internationale de la paix, consacrée - comme l'a voulu l'ONU, qui a lancé cette initiative en 2001 - au renforcement des idéaux de paix au sein des nations et des peuples, et dans leurs relations. C'est une occasion donnée aux pacifistes d'agir pour un monde sans guerres, et sans les inégalités et les injustices qui les provoquent ou les accompagnent. Les guerres, tout le monde le sait, ce sont les deuils, les peines et les drames mais aussi, on le sait moins, les effets désastreux et irréversibles sur l'environnement. Lors de la guerre du Vietnam, pour détruire la végétation, qui permettait aux combattants vietnamiens de se cacher et les cultures vivrières, qui leur procuraient les aliments, l'armée des Etats-Unis a utilisé un herbicide, appelé agent orange, qui continue jusqu'à ce jour de semer la désolation dans la nature et les maladies (cancers et malformations à la naissance) chez la population. L'agent orange contenait de la dioxine, classée comme polluant extrêmement dangereux. Chez nous, pour faire la guerre aux combattants de l'armée de libération, l'armée coloniale a utilisé des bombes au napalm, lancées sur les forêts algériennes. Par ailleurs, on ne sait encore rien de précis sur les retombées sur l'environnement et les populations, des essais nucléaires français au Sahara (en février et avril 1960, janvier et mai 1961 et même en mars 1963) effectués à In Ikker et Reggane. Des articles consacrés à ces essais ont insisté sur les séquelles laissées par ces explosions dans la population environnante du fait de conditions de protection insuffisantes. La guerre a un impact inévitable sur l'environnement comme l'ont prouvé, récemment encore, les deux guerres du Golfe menées par les Etats-Unis contre l'Irak et l'agression israélienne contre le Liban, en été 2006 (pollutions de l'air et marine dûes aux destructions d'installations pétrolières). La dégradation de l'environnement, en rapport avec des activités humaines pacifiques peut être, toutefois, à l'origine de guerres. C'est le cas du conflit du Darfour, selon l'analyse des Nations Unies, qui affirme que «l'ampleur du changement climatique enregistré dans le nord du Darfour, presque sans précédent et ses impacts, sont liés de près au conflit dans la région». Cette analyse, publiée dans un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), publié en juin 2007, constate que le désert s'étend, inexorablement, vers le sud et a progressé d'une centaine de kilomètres, en moyenne, en 40 ans, menaçant les terres fertiles, dont les surfaces devraient diminuer de 70% dans les secteurs les plus vulnérables. Cette désertification remet en cause, de façon significative, les modes de vie traditionnels agricoles et pastoraux. Selon le PNUE, ce sont là les questions les plus préoccupantes : dégradation des terres, la désertification et l'expansion du désert vers le sud. La crise, poursuit le rapport du PNUE, est aggravée par la dégradation des sources d'eau dans les déserts, à savoir les oueds ou les oasis. Les experts du PNUE font état de preuves qui témoignent d'un changement climatique régional à long terme dans plusieurs régions du pays. Ce fait est attesté par la diminution très irrégulière, mais marquée, des précipitations, qui est particulièrement évidente dans les états du Kordofan et du Darfour. Le PNUE estime que l'investissement dans la gestion et la régénération des ressources naturelles sont essentiels à la résolution des conflits et à l'édification de la paix au Soudan. Il est peu probable, constate le rapport, que le Soudan connaisse une paix durable si la dégradation environnementale considérable, qui s'accélère rapidement, n'est pas enrayée au plus vite. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les spécialistes n'excluent pas que la tragédie du Darfour se répète ailleurs, à partir de conflits autour des ressources naturelles, devenues rares (eau, terres fertiles).