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Ghaza a besoin de la solidarit? humaine... (II)
Publié dans La Nouvelle République le 28 - 01 - 2009

Et puis, au hasard de notre rencontre, nous abordons un homme seul qui tourne autour de l'amas de béton que constitue sa maison détruite. L'homme s'appelle Khaled M'hammed Abd Rabo. Il nous parle. L'indicible est dans son regard. «Le 7 janvier, entre 12 heures et 13 heures trois chars israéliens se sont postés dans notre quartier. Ici nos maisons sont à découvert. Israël est proche. Il n'y a pas de Hamas ici. Nous sommes plutôt des communistes. Nous n'avons pas d'armes. Pas dans ce quartier. Un des trois chars est venu prendre position avec son canon juste en face de la porte d'entrée de la maison. Avec le mégaphone, ils nous ont hurlé de sortir de la maison. Je vivais là avec ma femme, ma mère qui a soixante ans, et mes trois filles. Nous sommes sortis avec un drapeau blanc que nous avons confectionné avec un bout de tissu. En sortant, au bout d'un petit moment, nous avions en face de nous deux soldats qui étaient assis sur le char avec le canon pointé vers nous. Les deux soldats mangeaient des barres de chocolat et des chips. Ils ne nous ont rien dit. On est resté debout devant la maison comme cela pendant un bon moment. Et puis un troisième soldat est sorti du char avec un fusil mitrailleur et s'est mis à tirer sur les enfants. Ma fille de deux ans a été touchée. Elle gisait par terre avec le ventre ouvert. J'ai essayé de remettre ses entrailles à l'intérieur. Mais ils m'ont ordonné d'arrêter. Ensuite, ils ont tiré sur ma deuxième fille de sept ans. Ma femme criait au secours. Elle hurlait partout. Et puis ils ont tiré sur elle à trois reprises. Ils ont tué aussi ma mère. Et enfin sur la troisième fille qui n'est pas morte. Son corps s'est comme plié en deux et comme si son dos s'était retrouvé devant. Les deux autres soldats continuaient pendant ce temps-là à manger des chips. Au bout de deux heures et demie, une ambulance du Croissant-Rouge est venue. Le char a tiré sur elle et est allé l'écraser en lui roulant dessus. A ce moment-là, j'ai voulu mourir moi aussi. J'attendais qu'ils me tuent. Je les ai implorés de le faire. Ils m'ont répondu que maintenant je pouvais rester en vie. J'ai pris ma fille blessée et encore en vie dans mes bras. J'ai marché en direction de l'hôpital qui est à deux kilomètres. Un vieil homme sur une carriole tirée par un âne s'est arrêté pour me secourir et m'aider à transporter ma fille. Ils ont tiré sur le type en lui mettant une balle dans la tête. J'ai réussi à aller à l'hôpital. Ma troisième fille a ensuite été emmenée en Belgique. Les médecins ont dit qu'elle sera paralysée à vie. Voilà, moi mes enfants ils les ont abattus. Dites leur que ce n'est pas le Hamas ici. C'est des communistes». Khaled nous conduit voir ce qu'il reste de l'ambulance complètement détruite. Des jeunes, venus écouter le témoignage, nous amènent des morceaux de phosphore. Nous ne les avions pas remarqués. En fait, le sol est truffé de ces morceaux qui ressemblent à des petites pierres. Ils mettent un de ces morceaux dans une flamme pour nous montrer les qualités incendiaires du phosphore. Un feu très puissant et blanc qui dure plusieurs longues minutes. De quoi mettre le feu partout et tout brûler en un temps record. Des personnes comme Khaled, il y en a plusieurs dans cette zone qui ressemble à l'enfer. Une équipe de M6 se trouve là. Nous lui indiquons la présence de Khaled qui vient de nous apporter son témoignage. Le lendemain, j'ai appris que M6 avait donné la parole à Khaled dans les informations du soir. Les journalistes étaient comme nous, saisis d'effroi. Dans ces situations, nous ressentons un sentiment d'immense humiliation. On se sent soi-même touché. Notre part d'Humanité est souillée, violée, piétinée. On atteint ce qu'il y a de pire au fond de chaque être humain. Et puis immédiatement, c'est le sentiment de colère et de révolte qui prend le dessus. Dans la délégation, quelqu'un a dit : «cela pourrait bien ressembler à Oradour-sur-Ghaza».
Oui, ce que nous avons vu constitue un crime de guerre. Pas un mais des crimes de guerre. Combien ? Nous n'en savons rien. Personne ne le sait d'ailleurs, car les faits n'apparaissaient qu'au fur et à mesure. Nous pensons que doit être constituée une commission d'enquête internationale pour recenser tous les témoignages, établir les faits, afin de procéder à des condamnations. Les soldats israéliens se sont mal comportés. Très mal. Ils ont agi comme des criminels de basse besogne. Manifestement, les faits sont tels qu'il ne peut être question de bavures ou d'actes isolés. On se dit alors que les buts de guerre d'Israël ne sont pas ceux qui ont été rendus publics. Les enfants de deux ans et de sept ans ne sont ni des terroristes, ni des lanceurs de Kassam, ni des combattants, ni des adultes à qui l'on pourrait reprocher d'être des extrémistes antisémites. Et puis surtout, ils n'ont pas été tués à l'occasion d'un bombardement comportant son inévitable quota de morts civils innocents. Non. Ils ont été tués froidement, gratuitement, calmement, collectivement. Des exécutions sommaires. Ici les criminels et les seuls extrémistes sont bel et bien les militaires de Tsahal. Et toute tentative de renvoyer dos à dos les victimes de ces crimes de guerre avec les victimes, elles aussi innocentes des Kassam, est vaine. Certes, il n'est pas bon de tenir un bilan comptable des morts des uns et des morts des autres. Toutes les victimes innocentes doivent être respectées. Tel est notre état d'esprit. Mais là, la ligne sensée nous protégera de ce qu'il y a de plus barbare dans la nature humaine a été franchie par Tsahal. Ses responsables et les exécutants sur le terrain doivent être condamnés comme des criminels de guerre. Le Conseil de sécurité de l'ONU aura-t-il le courage et l'audace de dire à Israël que le temps de l'impunité totale est fini. Cette limite là sera-t-elle rappelée aux dirigeants politiques et militaires d'Israël ? Il suffirait pour cela que les Etats-Unis n'apportent pas leur veto. La question est sur nos lèvres : qu'allez-vous faire Monsieur Obama de cette demande de commission d'enquête internationale ?
Les heures passent. Vite. Très vite. Et notre temps est compté. A 16 heures, nous devons nous trouver à nouveau au terminal de Rafah. Alors nous accélérons le pas. Direction Ghaza Ville. Le commissariat central est détruit. Juste à côté le parlement palestinien n'est plus qu'une carcasse vide et noircie par le feu. Nombre de députés palestiniens, élus lors des dernières élections, pourtant réclamées par l'Europe, Israël, et les Etats-Unis, sont actuellement emprisonnés en Israël. L'université Al-Azhar a, elle aussi, été bombardée. Vitres cassées. Incendies. Un ministère a proximité est également dans le même état. L'hôpital Al-Qods du Croissant-Rouge palestinien est détruit ainsi que le service des urgences qui se trouve dans le bâtiment Al-Nour City. Cet immeuble ne s'est pas effondré sur lui-même contrairement aux autres. En revanche, tout a été détruit à l'intérieur. Comme si un feu violent avait tout brûlé en quelques secondes. C'est là d'ailleurs que se trouvait la pharmacie avec ses 150 tonnes de médicaments. Probablement, la pharmacie centrale de l'ensemble de la bande de Ghaza. On nous dit que par manque de moyens médicaux, les quelques structures médicales encore en fonction, ont dû procéder à des amputations en masse. Souvent sans anesthésie. Dans le quartier Talel Halwa, autour de l'hôpital, on voit des carcasses d'ambulances détruites par des tirs. Le parc Barcelone a servi de poste de tir à des chars israéliens qui l'ont complètement ravagé. Il ne reste rien du parc si ce n'est une vaste esplanade de terre retournée par les chenilles des tanks. A quelques pas de là, une usine de limonade et de Pepsi Cola a été prise pour cible. On y dénombre 27 morts.


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