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Les mercenaires grecs en Asie
Les Dix Mille
Publié dans La Nouvelle République le 22 - 12 - 2009

A la fin du Ve siècle avant Jésus-Christ, l'Empire perse –- qui était parmi les plus puissants dans le monde antique -– avait un grand rival représenté par les cités grecques. Ces dernières exploitèrent un différend au sein de la famille royale achéménide pour intervenir dans les affaires de ce grand Etat du Moyen-Orient ancien.
Qui sont les Dix Milles ?
Les Dix Mille sont le contingent de mercenaires grecs recrutés par Cyrus le Jeune lors de sa révolte contre son frère aîné, le souverain perse Artaxerxès II Mnèmon.
L'avancée en territoire perse
A la mort de Darius II, roi de Perse, en 404 av. J.-C., Artaxerxès II, son fils, monte sur le trône. Son frère cadet, Cyrus le Jeune, complote alors pour gagner la couronne, mais est dénoncé par le satrape (gouverneur) Tissapherne. Protégé par sa mère Parysatis, il est rétabli dans son commandement de Sardes. Là, il utilise ses hôtes grecs pour recruter une armée de mercenaires grecs. La chose est d'autant moins difficile que de nombreux hoplites se trouvent démobilisés à la fin de la guerre du Péloponnèse. En outre, Cyrus reçoit en sous-main l'aide de Sparte. De fait, il demande spécifiquement de recourir à des Péloponnésiens, réputés pour leur bravoure, et qu'il avait lui-même secourus pendant la guerre.
Cyrus cache d'abord à ses troupes la réalité de son objectif : il leur annonce qu'il s'agit de soumettre la Cilicie. Une fois l'armée arrivée sur les bords de l'Euphrate, il n'est plus possible de dissimuler la vérité : les soldats s'indignent d'abord, puis s'apaisent grâce à des promesses de largesses.
À la bataille de Counaxa (401), les troupes de Cyrus affrontent celles d'Artaxerxès. Les mercenaires grecs mettent facilement en déroute l'armée perse, mais Cyrus trouve la mort au cours du combat. Les Grecs se trouvent isolés dans l'immense empire perse.
La retraite des mercenaires grecs
L'armée de mercenaires conclut d'abord une trêve avec Artaxerxès. Accompagnés par les troupes de Tissapherne, les Grecs rebroussent chemin jusqu'aux bords du Tigre. Là, Tissapherne tend aux chefs grecs un guet-apens, et les massacre, laissant les Dix Mille sans chef. Les soldats pressent alors le jeune Xénophon (le futur écrivain) de prendre la tête de l'arrière-garde pour mener la retraite.
Ils traversent d'abord le désert de Syrie, la Babylonie, puis l'Arménie enneigée, pour rejoindre leur patrie. Enfin, après plusieurs mois de marche, et de nombreux affrontements avec les peuples des territoires qu'ils traversent, ils parviennent à la mer Noire à Trébizonde. C'est alors le fameux cri «Thalatta ! Thalatta ! » («La mer ! La mer ! ») rapporté par Xénophon dans son livre cité plus haut. Il leur reste encore pourtant 1 000 kilomètres à parcourir.
Pour autant, les Grecs ne sont pas tirés d'affaire : il leur faut des bateaux. Chirisophe, commandant en chef, part à Byzance pour s'en procurer, pendant que les Grecs reprennent leur marche en direction de la Paphlagonie. Las, les cités grecques du littoral, loin de les accueillir, les maintiennent à distance, de peur des pillages --- il est vrai que la plupart des Grecs refusent de rentrer chez eux sans butin. La rébellion gronde, les Arcadiens et les Achéens finissent par faire sécession ; l'armée faillit céder à la panique quand se répand la rumeur selon laquelle Xénophon souhaite aller fonder une colonie en Asie. Il la récuse lui-même devant l'armée constituée en assemblée.
Abandonnés par les Spartiates, désormais alliés des Perses, les Grecs se louent alors au souverain thrace Seuthès Ier, qui refuse de les payer. Ils marchent jusqu'à Lampsaque, puis Pergame, où Xénophon abandonne le commandement au profit de Thibron, qui a engagé les Dix Mille en les amalgamant avec d'autres soldats grecs pour combattre contre les satrapes Tissapherne et Pharnabaze, qui tyrannisent les cités grecques d'Ionie.
Les conséquences de l'aventure
des Dix Mille
Le périple réussi du contingent grec à travers l'Empire perse a frappé les contemporains de Xénophon. Une petite troupe de mercenaires, aguerris et déterminés, réussit sans trop de casse à échapper à la vengeance d'Artaxerxès et ses armées au cœur même de son royaume. Leur succès montre qu'une expédition sur les terres mêmes du Grand Roi était possible. Cette leçon saura être retenue par les Macédoniens.
Autre conséquence de l'expédition des Dix Mille, l'évolution significative du mercenariat, notamment chez les Grecs : les contingents initiaux embauchés par Cyrus répondent à une logique classique de l'offre et de la demande en bras armés. Cyrus est, en effet, l'employeur et les Dix Mille ne correspondent alors à aucune autre réalité que le nombre (approximatif) de mercenaires grecs qui composaient -- pour partie -- les troupes qu'il lève contre son frère. Or, après la bataille, ces mêmes Grecs se retrouvent livrés à eux-mêmes, leur employeur tué au combat, en plein cœur d'un territoire ennemi. Ils se soudent alors, se donnent des chefs et décident de remonter vers le nord, vers la mer Noire, vers des cités grecques qu'ils croient alors heureuses de les accueillir.
Une ruse de Tissapherne manque de peu de mettre fin au périple mais les Grecs n'abandonnent pas et se donnent de nouveaux chefs : c'est à partir de ce moment qu'ils deviennent véritablement les Dix Mille. Leur arrivée devant les cités côtières grecques montre alors une nouvelle facette de ces mercenaires. Des petits contingents disparates (qui n'hésitaient pas à se battre parfois entre eux) agglomérés par Cyrus et tenus par sa seule volonté (et des promesses fallacieuses), le monde antique découvre une armée entière de mercenaires, organisée, expérimentée et, surtout, autonome.
Les Dix Mille sèment la terreur
parmi les peuples anciens
En effet, si la surprise ne vaut qu'à moitié pour les Perses qui les pourchassent depuis Counaxa et qui voient la lente gestation de ce corps d'armée, les Grecs des cités sont terrorisés quand, face aux Dix Mille qui mendient à manger ou de quoi rentrer au pays, ils réalisent brusquement qu'ils sont en fait à la merci d'une armée de soldats de fortune campant placidement devant leur murs et qui peut décider de les piller sans qu'ils ne puissent réagir.
C'est ce constat qui explique l'attitude des diverses cités grecques face aux compagnons de Xénophon. Mais les Dix Mille ne réalisent pas qu'ils font désormais peur à leur compatriotes, notamment aux Spartiates. Sparte, dont l'hégémonie s'affirme peu à peu sur les cités grecques -- conséquence logique de la récente victoire sur Athènes -- est alors face à un épineux problème : comment se débarrasser d'aussi encombrants compatriotes, qu'ils n'ont ni l'envie ni les moyens de combattre immédiatement ? La politique du ralliement des chefs aux vues spartiates (Xénophon en est un exemple) prévaut finalement et le revirement géopolitique régional, lorsque les alliés d'hier deviennent désormais les ennemis, règle la question lorsque Thibron incorpore les derniers éléments des Dix Mille qui ont écrit une belle épopée dans l'histoire.


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