Ceux qui sont en tête se chamaillent donc pour marcher et bomber le torse, tandis qu'en queue de peloton, l'on a du mal à suivre la cadence. Les têtes de file, les têtes couronnées si vous préférez, ne pensent qu'à filer, ignorant qu'ils filent du mauvais coton, mais surtout ne comprenant pas pourquoi ceux qui sont à la traîne ne font pas écho à leurs maux d'ordre... pardon ! leurs mots d'ordre d'accélérer la cadence vu que c'est cela qui tient lieu d'indicateurs, donc de motivation pour les bonnes notes décernées par les architectes qui se sont amusés à tracer des sentiers aussi sinueux (ça va ? tout le monde suit ?). Si les traîne-savates restent sourds aux instructions et persistent justement à traîner les pieds, c'est que, précisément, ventre creux n'a ni oreilles, ni jambes. Et là, la loi du plus fort n'y peut rien. Cela est heureux, car la démocratie, en tant qu'expression de la volonté populaire, doit servir le plus grand nombre. Malheureusement, la démocratie préfabriquée ne sert à rien, sinon à servir ceux qui sont tout sauf le plus grand nombre. La déclaration universelle des droits de l'homme stipule dans ses articles 1 et 10 que : «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits» et que «Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.» Qu'en est-il réellement ? Les droits de l'homme sont quotidiennement violés par ces Etats censés être les premiers à les défendre, au nom de cet acharnement contre les présumés sources de menace (terrorisme, prolifération des armes nucléaires, etc.). Ces Etats «va-t-en guerre» - sous prétexte d'être les pionniers d'un nouveau système qui sortirait l'humanité des «ténèbres» vers «la lumière» dont les systèmes sont tronqués, de par leur politique expansionniste plurielle et qui pourrissent le monde, ne devraient-ils pas plutôt œuvrer à la construction de la paix et le règlement des conflits et à la réduction des risques écologiques ? Lutter contre la pauvreté, les inégalités et les discriminations ? Chercher à améliorer les conditions de vie des peuples ? Au vu des jeux et des enjeux actuels, «la survie biologique, écologique, et politique de l'humanité est menacée par l'exportation militarisée de la démocratie comme, faut-il le préciser, tout autre objectif idéologique», a écrit le sociologue Immanuel Wallerstein. Ainsi, les profits tirés du trafic international des armes représentent un des soutiens les plus importants à l'efflorescence toujours plus grande des armes destructives à travers le monde. A cela faudrait-il ajouter les luttes idéologiques, luttes de classe, luttes ethniques et interconfessionnelles. Les luttes entre ceux qui tiennent le pouvoir et ceux qui en souffrent. Enfin, des luttes incertaines, sans issues claires dans un monde où l'on veut remplacer les vieux systèmes par de nouveaux, aussi mauvais et même pires. (Suite et fin)