La même morosité est relevée dans les propos de beaucoup d'autres propriétaires de ce type d'établissement et gérants de restaurants. Elle est également perceptible au niveau des différents commerces d'habillement, de produits artisanaux, conducteurs de taxi et dans les structures de détente et de loisirs. A tous les niveaux de ces activités, l'on s'attriste devant la monotonie d'un secteur qui se meurt. Pourquoi et comment est-on arrivé à cette situation?, s'interrogent les uns. C'est parce qu'Annaba chef-lieu et d'autres communes comme Séraïdi et Chétaïbi, deux sites touristiques par excellence, se sont transformées en lieux de délinquance, répondent d'autres. Il faut dire que les atteintes aux biens et aux personnes y ont atteint un niveau inégalé depuis l'indépendance. Tant et si bien que l'on ne s'attarde plus à se rendre à un commissariat pour déposer plainte. A s'attarder tout court pour, de jour comme de nuit, seul, accompagné ou en famille, goûter aux plaisirs des promenades. Et si pour les locaux, l'on s'enferme dès la tombée de la nuit après avoir pu éviter de mauvaises rencontres sur le trajet à l'aller et au retour au domicile, pour les hôtes c'est la fuite. C'est le cas pour les estivants, vacanciers et touristes qui arrivaient à Annaba avec l'idée de passer un séjour, même pour une nuit, dans l'une des plus belles villes du pays. Une wilaya que la nature a doté de tous les atouts pour figurer en tête de liste des régions les plus visitées d'Algérie. Ils ont été contraints de changer d'avis dès leur descente d'avion, de train, bus ou voiture. En milieu urbain ou tout le long de la corniche, outre la saleté de l'environnement et le mauvais état des routes dus à la défaillance totale de l'APC, touristes et estivants étaient confrontés à la violence verbale et physique de bandes de délinquants et de malfrats. Le constat de l'insécurité y est flagrant. En bordure de mer, en périphérie ou sur les hauteurs du mythique Edough, les avertissements, alertes et mises en garde sont légion quant à ne pas trop s'attarder et encore moins à s'arrêter sous peine d'être victime de vol ou d'agression. La délinquance est partout dans les gares routières et de taxi, dans les bus et sur la voie publique tout est délinquance même si, à travers des bilans mensuels, les responsables locaux veulent donner l'impression du contraire. La réalité du terrain leur apporte quotidiennement un cinglant démenti avec des truands et des délinquants régnant en maîtres des lieux partout où ils s'installent, partout où ils passent. La même insécurité est aussi latente sur les plages Fellah Rachid, Rizzi-Amor, la Caroube, Refes-Zahouane et à Oued-Bakarat. Cette dernière est très prisée pour la propreté de son eau et son site paradisiaque où se mêlent la montagne, le maquis et la mer. Seul Chétaïbi, sa corniche ses plages de la côte ouest avec ses escarpements, échappe à la violence des truands mais pas aux arnaqueurs. A l'exemple de ceux qui s'arrogent des espaces publics en bordure de mer pour s'imposer en gardiens de voitures et racketter les automobilistes sous la menace des mêmes armes que celles utilisées par leurs congénères de la commune chef-lieu de wilaya. Mais il n'y a pas que la sécurité des biens et des personnes que l'on n'arrive pas à maîtriser à l'origine de la situation véritablement dramatique que vit le secteur du tourisme. Il y a aussi l'anarchie sévissant partout dans l'ensemble des activités économiques. Il est devenu banal de voir des bandes d'énergumènes armés de couteau à cran d'arrêt, de gourdins et même de bombes à gaz lacrymogène s'accaparer les voies et places publiques ainsi que les bordures de trottoirs les transformant en propriétés privées. Il y a aussi d'autres bandes de délinquants qui prennent possession des plages. Sous prétexte de louer des tables, chaises et parasols, ils en font des plages privées et lieux d'écoulement de la drogue et des psychotropes. Sous peine d'être tabassé en cas d'opposition, il est strictement interdit à tout baigneur de s'installer sur le sable pour se baigner. Les estivants, vacanciers, touristes qui choisiront un des hôtels pour séjourner ou restaurant pour se restaurer, seront confrontés à de rares exceptions, à un autre genre d'arnaque et escroquerie. N'a-t-on pas découvert dès les premiers jours de période estivale 2010, de la viande d'âne commercialisée sous forme de brochettes par une dizaine de restaurants. C'était en bordure de mer à proximité de la Caroube, une plage dont seuls les «Bônois» connaissent l'histoire et ses légendes. A Annaba-ville ou sur les plages à Rizzi-Amor, Refes-Zahouane, Aïn-Achir et Oued-Bakarat, des restaurateurs et hôteliers donnent l'impression de se disputer le titre du meilleur arnaqueur. Les prix pratiqués non affichés sont indécents. C'est un vol légalisé qu'encourage l'impunité dont jouissent les auteurs. Le principe du «client roi» appliqué sous d'autres cieux, est inversé. C'est à qui, parmi les restaurateurs et les hôteliers, investirait le moins pour gagner le plus. Dans la plupart des restaurants, fast-foods, rôtisseries et crémeries la qualité des produits proposés à la consommation relève de l'aléatoire et de risques certains d'intoxication. Ici, on ne peut se défendre de l'impression générale que la restauration, la vraie, a disparu. Elle a cédé la place à celle de viande rouge ou blanche généralement impropre à la consommation, des légumes avariés et des jus de chaussette en guise de boisson fraîche ou chaude. Le tout est imposé aux consommateurs affamés par certains gérants inconscients. A Annaba, la cuisine courante est mauvaise dans le restaurant modeste et moyen comme dans l'établissement cossu. (A suivre)A.