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L'intellectuel, l'Etat et la société
Publié dans La Nouvelle République le 07 - 10 - 2010

Selon mon humble avis, le rôle de l'intellectuel n'est pas de produire des louanges par la soumission contre-productive pour le pouvoir lui-même en contrepartie d'une distribution de la rente, mais d'émettre des idées constructives, selon sa propre vision du monde, par un discours de vérité pour faire avancer la société. Aussi, toute société qui limite la critique positive, ne mets pas en place des contre-pouvoirs politiques et sociaux, en s'appuyant sur des intellectuels organiques aux ordres selon l'expression heureuse d'Antonio Gramsci, est vouée à la décadence car une société sans intellectuels critiques est comme un corps sans âme.
I-L' intellectuel : des définitions ambivalentes
Le mot intellectuel provient du mot latin intellectus, de intellegere, comprendre. La fonction de l'intellectuel n'est pas à proprement parler récente car à l'époque de la Grèce antique des leaders charismatiques, qui font l'intellectuel, se retrouvent dès la première étape du mouvement social qui comme Gorgias ou Protagoras ont marqué leur époque par une démarche passionnelle de l'esprit. Dans la littérature française, la naissance du mot est attribuée à Saint Simon au début du 19e siècle, terme repris par Clémenceau lors de l'affaire Dreyfus : « Intellectuels venus de tous horizons pour se grouper sur une idée ». Ainsi, le mot «intellectuel» est utilisé souvent pour désigner quelqu'un qui s'engage dans la sphère publique pour défendre des valeurs.
Il est intéressant pour la compréhension, de voir les définitions qu'en donnent différents grands auteurs qui ont marqué l'histoire contemporaine. Dans Horizons et débats, numéro 26, juin 2004, le rôle de l'intellectuel dans la société, Joseph M. Kyalangilwa définit comme intellectuel toute personne, homme ou femme, qui met son intelligence au service de la communauté. Selon les historiens Pascal Ory et Jean-François Sirinelli, un intellectuel est «un homme du culturel, créateur ou médiateur, mis en situation d'homme du politique, producteur ou consommateur d'idéologie. Raymond Aron, dans L'Opium des intellectuels (1955), pose cette question du rôle du savant dans la cité, l'intellectuel étant un « créateur d'idées» et doit être un « spectateur engagé» Pour Pierre Bourdieu, dans «Contre-Feux 2, Raisons d'agir, Paris, 2001» l' intellectuel ne peut être que collectif : Je cite : «L'intellectuel peut et doit remplir d'abord des fonctions négatives, critiques, en travaillant à produire et à disséminer des instruments de défense contre la domination symbolique qui s'arme aujourd'hui, le plus souvent, de l'autorité de la science ; fort de la compétence et de l'autorité du collectif réuni, il peut soumettre le discours dominant à une critique logique qui s'en prend notamment au lexique mais aussi à l'argumentation (...) ; il peut aussi le soumettre à une critique sociologique, qui prolonge la première, en mettant à jour les déterminants qui pèsent sur les producteurs du discours dominant et sur leurs produits ; il peut enfin opposer une critique proprement scientifique à l'autorité à prétention scientifique des experts, surtout économiques. Toute la pensée politique critique est donc à reconstruire, et elle ne peut pas être l'œuvre d'un seul maître à penser, livré aux seules ressources de sa pensée singulière, ou porte-parole autorisé par un groupe ou une institution pour porter la parole supposée des gens sans parole. C'est là que l'intellectuel collectif peut jouer son rôle irremplaçable, en contribuant à créer les conditions sociales d'une production collective d'utopies réalistes. Pour Jean-Paul Sartre, l'intellectuel «est celui qui refuse d'être le moyen d'un but qui n'est pas le sien et quelqu'un qui se mêle de ce qui ne le regarde pas et l'intellectuel ne peut donc être que « de gauche », à condition d'entendre ce terme dans le sens d'un désir éthique de justice, et non dans un sens purement politique. Pour Edward Said (des intellectuels et du pouvoir, Seuil, Paris, 1996), l'intellectuel n'est ni un pacificateur ni un bâtisseur de consensus, mais quelqu'un qui engage et qui risque tout son être sur la base d'un sens constamment critique, quelqu'un qui refuse quel qu'en soit le prix les formules faciles, les idées toutes faites, les confirmations complaisantes des propos et des actions des gens de pouvoir et autres esprits conventionnels. Le choix majeur auquel l'intellectuel est confronté est le suivant : soit s'allier à la stabilité des vainqueurs et des dominateurs, soit – et c'est le chemin le plus difficile – considérer cette stabilité comme alarmante, une situation qui menace les faibles et les perdants de totale extinction, et prendre en compte l'expérience de leur subordination ainsi que le souvenir des voix et personnes oubliées.
II- Neutralité ou engagement de l'intellectuel ?
L'optique de Paul Valéry limitait le rôle de l'intellectuel à celui de « remuer toutes choses sous leurs signes, noms ou symboles, sans le contrepoids des actes réels », alors que d'autres ont admis que l'intellectuel influence, ou tente d'influencer, l'opinion publique. Nous avons une position intermédiaire qui est celle d'Albert Camus (discours de Suède, Gallimard, 1958) pour qui l'écrivain « ne peut se mettre au service de ceux qui font l'histoire : il est au service de ceux qui la subissent » : « Notre seule justification, s'il en est une, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peuvent le faire». Mais, ajoute-t-il, il ne faudrait pas pour autant « attendre de lui des solutions toutes faites et de belles morales.
La vérité est mystérieuse, fuyante, toujours à conquérir. La liberté est dangereuse, dure à vivre autant qu'exaltante».
Cependant l'efficacité de ces analyses d'intellectuels engagés est remise en cause. Ainsi, pour Michel Foucault, « Dits et écrits II, 1976-1988, Gallimard, Paris, 2001», «pendant longtemps, l'intellectuel dit « de gauche » a pris la parole et s'est vu reconnaître le droit de parler en tant que maître de vérité et de justice. On l'écoutait, ou il prétendait se faire écouter comme représentant de l'universel.
Etre intellectuel, c'était être un peu la conscience de tous. (...) Il y a bien des années qu'on ne demande plus à l'intellectuel de jouer ce rôle ». Pour Paul Nizan, dans « Les Chiens de garde, réédité par Agone, 1998 », le rôle de l'intellectuel s'amoindrit de plus en plus. Je cite : «Que font les penseurs de métier au milieu de ces ébranlements ? Ils gardent encore leur silence. Ils n'avertissent pas. Ils ne dénoncent pas. Ils ne sont pas transformés. Ils ne sont pas retournés. L'écart entre leur pensée et l'univers en proie aux catastrophes grandit chaque semaine, chaque jour, et ils ne sont pas alertés. L'écart entre leurs promesses et la situation des hommes est plus scandaleux qu'il ne fut jamais. Et ils ne bougent point. Ils restent du même côté de la barricade. Ils tiennent les mêmes assemblées, publient les mêmes livres. Tous ceux qui avaient la simplicité d'attendre leurs paroles commencent à se révolter, ou à rire ». Par contre, pour , selon Noam Chomsky, vision défendue également par Normand Baillargeon ou Jean Bricmont, contrairement à ce qu'écrivent souvent les médias, l'intellectuel est avant tout au service de l'idéologie dominante. Je cite : « Il y a le travail intellectuel, que beaucoup de gens font ; et puis il y a ce qu'on appelle la "vie intellectuelle", qui est un métier particulier, qui ne requiert pas spécialement de penser – en fait, il vaut peut-être mieux ne pas trop penser – et c'est cela qu'on appelle être un intellectuel respecté. Ces gens-là sont appelés « intellectuels », mais il s'agit en réalité plutôt d'une sorte de prêtrise séculière, dont la tâche est de soutenir les vérités doctrinales de la société, encore qu'existent des divergences entre eux ». Ces analyses vont dans le même sens que celles de Antonio Gramsci pour qui l'organisation de la culture est «organiquement» liée au pouvoir dominant. Ce qui définit les intellectuels, ce n'est pas tant le travail qu'ils font que le rôle qu'ils jouent au sein de la société; cette fonction est toujours, plus ou moins consciemment, une fonction de «direction» technique et politique exercée par un groupe soit le groupe dominant, soit un autre qui tend vers une position dominante.
Tout groupe social, qui naît sur le terrain originaire d'une fonction essentielle dans le monde de la production économique, se crée, en même temps, de façon organique, une ou plusieurs couches d'intellectuels qui lui apportent homogénéité et conscience de sa propre fonction, non seulement dans le domaine économique, mais également dans le domaine social et politique. Un exemple récent concernant les économistes qui conseillent leurs gouvernements où nous assistons à des conflits de doctrines qui apparaissent en plein jour dans différentes revues internationales entre les «keynésiens», les «marxistes», les «néo-libéraux», les «monétaristes» dits Chicago Boy's et les «Autrichiens». Nous assistons dès lors à des points de vue contradictoires, y compris les prix Nobel d‘économie, pour résoudre la crise.
(A suivre)
A. M.


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