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La Bourse de l'histoire (II)
1er Novembre 1954
Publié dans La Nouvelle République le 31 - 10 - 2010

Toutes les attaques se sont produites entre minuit et 2h du matin. A l'aube de ce 1er novembre, Bouadjadj Zoubir était à l'écoute du bulletin d'information. Connaissant déjà les très relatifs succès de ses commandos d'Alger et songeant que les autorités françaises les minimiseraient, il n'imagina tout de même pas que la radio passerait sous silence les actions de Rabah Bitat et d'Amar Ouamrane à Blida et à Boufarik, ni celles de Krim Belkacem en Kabylie, Didouche Mourad et Larbi Ben M'Hidi à Constantine et en Oranie, et celle de Mostafa Ben Boulaïd dans les Aurès. Il lui fallut pourtant se rendre à l'évidence : la radio ne parlait d'aucun attentat.
Obligé, par prudence, de ne rencontrer aucun militant dans la journée, il rongea son frein en attendant, à 17h, la sortie du seul journal qui parut ce jour de la Toussaint : «Tam, Dernières nouvelles» qui, titrant, en gros caractères «Flambée de terrorisme en Algérie» et notait «la coordination des attentats qui prouvait qu'on se trouvait devant un mouvement organisé par un cerveau».
Bouadjadj était déçu par son demi-échec mais soupirait d'aise à la pensée des importantes actions réussies par Ben Boulaïd dans les Aurès. Le journal en parlait et la radio ne pouvait continuer de l'ignorer. Demain, la métropole et le monde entier sauraient. C'était bien là le premier projet de cette flambée terroriste. Pour la suite, Incha'Allah...
Mais Dieu ne pouvait qu'être du côté du FLN ! Dès le soir du 1er novembre, Bouadjadj proposa à ses lieutenants de faire exploser sans tarder onze bombes de fort calibre à Alger, même dans les couloirs d'immeubles, précisa-t-il.
Kaci Belouizdad lui rétorqua :
- Tu sais bien que les ordres sont formels : ne plus bouger pour l'instant.
- Je m'en fous !
Les autres lieutenants firent tout pour raisonner leur chef qui n'en démordit pas.
Alors, solennellement, Belouizdad reprit la parole :
- Tu es notre chef, mais toi aussi tu dois obéir aux ordres qui viennent de plus haut. La lutte va durer longtemps et si l'on commence à ne pas appliquer les instructions, on ne tiendra pas la distance.
De guerre lasse, Bouadjadj dut céder. Avant d'entreprendre une nouvelle action, il devait attendre des instructions de Bitat. Mais Bitat s'était retranché dans la montagne de Chréa après l'échec de l'attentat de la caserne de Blida et surtout à cause des pertes qu'il avait subies. Sans contacts, sans radio, sans journaux, il ignorait ce qui s'était passé à Alger et ailleurs. L'armée française étant en alerte, il attendait que passe l'orage et se trouvait donc dans l'impossibilité de donner des instructions à qui que ce fut.
Il est aisé d'imaginer l'amertume de Rabah Bitat, membre du CRUA, qui avait déclenché la Révolution, et chef de la Zone IV, maintenant terré dans la montagne.
Certes, il n'avait pas à Alger et à Blida les mêmes atouts que Ben Boulaïd dans les Aurès, cependant son échec restait cuisant.
Rabah Bitat ne possédait pas la même expérience que Krim ou que Ben Boulaïd en dépit de son appartenance à l'ancienne OS. Il n'était pas non plus de leur «trempe». Ce n'était pas que son nationalisme fut moindre, non plus que son courage physique ou intellectuel, mais timide, effacé, ayant un constant besoin de s'appuyer sur un autre, il n'était guère prédisposé à conduire des guérilleros armés de fusils de chasse, de bombes artisanales et devant se battre souvent à un contre dix. Il comptait sur le soutien permanent d'Ouamrane, que Krim lui avait envoyé pour le déclenchement, mais Ouamrane, après être parvenu à incendier et à faire embraser les hangars de la coopérative et les dépôts d'alfa de Boufarik, retourna en Kabylie.
Les Algérois découvraient, alors, le quadrillage. Des patrouilles militaires de cinq hommes et un sous-officier, en «colonne par un», parcouraient la ville dans tous les sens, contrôlant les identités et surveillant les bâtiments civils, administratifs et militaires. Ce n'était pas encore la bataille d'Alger avec les chevaux de frise barrant les rues, ni le couvre-feu, mais l'aspect de la ville commençait à se modifier.
L'existence d'une organisation présente sur la quasi-totalité du territoire algérien saute aux yeux, même si ses chefs et ses effectifs sont inconnus. Il suffit de regarder la carte d'Oran à Constantine, dans le court laps de temps de quelques heures, des attaques, des attentats, des sabotages de toutes sortes se sont produits. Leur énumération sèche est éloquente. En prenant comme découpage géographique celui des zones de l'ALN.
Zone 1- Aurès-Nementchas : Batna, 3 heures du matin, deux sentinelles tuées devant la caserne. Le colonel Blanche, commandant de la subdivision, essuie des coups de feu tirés sur sa voiture. Une bombe déposée au dépôt des blindés n'a pas fonctionné.
L'action sur Batna est conduite par Hadj Lakhdar. Arris est encerclée et n'a pus être dégagée qu'au soir du 2 novembre par deux colonnes de l'armée, venues l'une de Batna, l'autre de Khenchela. Foum-Toub ne pouvant être défendue est évacuée, les combattants y tiendront une semaine. Tkout, petit centre au sud du massif de l'Aurès : la gendarmerie encerclée est dégagée dans l'après-midi. Biskra : six bombes, tentative d'incendie de la gare, de l'usine à gaz ; deux policiers blessés. Khenchela : à 1h45, la ville est brusquement plongée dans l'obscurité, le transformateur vient de sauter. Pendant une heure et demie, la résidence de la commune et les points de stationnement des troupes sont attaqués par les hommes placés sous le commandement de Abbas Laghrour, le commissariat de police est occupé, les policiers désarmés et enfermés. Le sous-lieutenant Darnault, commandant la garnison, et deux soldats spahis sont tués au cours de l'engagement.
Un seul civil européen est tué ; sur la route d'Arris à Biskra, près de Tifelfel. Il a pris avec sa femme le car allant de Biskra à Arris. Dans ce car, se trouvait le caïd de M'chounèche, Ben Hadj Sadok. Le car est intercepté par un groupe rebelle à proximité des gorges de Tighanimine. Soit recherché, soit reconnu, le caïd est abattu. Le chef de groupe, Chihani Bachir, n'a pas donné l'ordre d'exécuter. Pourquoi le jeune instituteur Guy Monnerot, dont le village d'Arris était le premier poste d'enseignant qu'il occupe, et qui venait tout juste d'arriver de France quelques jours auparavant, a-t-il été tué et sa femme gravement blessée ? Les membres de l'état-major de Mostafa Ben Boulaïd, chef de la Zone 1, rappellent que celui-ci avait donné des ordres stricts de ne pas s'en prendre aux civils. L'un d'eux affirme que c'est un membre du groupe qui a pris l'initiative de tirer, et que suite à cela et pour cela, Ben Boulaïd aurait voulu le faire exécuter. De fait, aucun civil isolé n'a été attaqué dans cette zone, ni dans les massif montagneux ni dans les plaines alentours. L'assassinat de Guy Monnerot devait avoir des conséquences très lourdes au détriment du mouvement de libération nationale. Constamment, et efficacement rappelée, par tous ceux qui voulaient faire passer les patriotes algériens pour des bandits, cette erreur aux conséquences tragiques retardera la prise de conscience, par la plupart des Français, de la véritable nature du Front de libération nationale. Les premières réactions de l'opinion publique en France en portent la trace. Les atrocités de la guerre, celles de la répression, l'apparente symétrie des responsabilités émousseront à la longue les sensibilités.
Zone 2- Nord-Constantinois : l'attaque de Souk-Arras échoue. Badji Mokhtar, ancien responsable de l'OS dans cette région, y trouve la mort. Au Kroubs, la sentinelle de faction au dépôt d'essence de l'armée essuie une rafale de mitraillette et plusieurs coups de feu.
Condé Smendou (baptisé Zighout-Youcef) : une dizaine d'hommes tirent sur le poste de gendarmerie et se replie. Attaque à Saint-Charles (baptisé Ramdane Djamel), à 17 km au sud de Philippeville (Skikda), des gardes de la commune sont désarmés.
Zone 3- Kabylie-Azazga : 2 h du matin, attaque de la gendarmerie. Parmi les douilles au sol, il se trouve des douilles de chasse, de mitraillettes, et de carabines italiennes (sans doute les «Stati» envoyées de l'Aurès à Ouamrane). Le dépôt de liège des Eaux et Forêts flambe toute la journée.
(Suivra)


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