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Espérances et désespoir
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 01 - 2009

Si, en peu de mots, nous devions faire le bilan de la décennie Bouteflika, l'on pourra dire qu'elle a suscité beaucoup d'espérances et n'a pas réussi à faire reculer le désespoir. Ce bilan mitigé n'est pas une vue de l'esprit sortie tout droit des élucubrations d'intellectuel, mais est celui, honnête, fait par la Rue algérienne.
Celle-ci n'écoute personne. Elle juge seulement sur les actes (des hommes politiques) eux-mêmes. S'il est vrai que l'on est toujours prêt à décrire la demi-bouteille pleine comme une demi-bouteille vide, l'on pourra cependant affirmer que la bouteille, en 1999, était un peu plus vide et qu'en 2009, elle est un plus pleine... que la moitié !
Grâce à Allah et au prix du pétrole, diront certains. Grâce au travail des Algériens et aux décisions (politiques, économiques, sociales...) prises - rétorqueront d'autres. Ces propos tenus entre nous, dans nos cercles familiaux, amicaux... (en dehors de ces cénacles où les larbins grouillent), à la veille des élections présidentielles sont salutaires. Puisqu'en matière de bilan gouvernemental ou présidentiel, ce ne sont pas les politiciens qui éclaireront nos lanternes... tellement il est évident pour eux que : «Tout va très bien, Madame la Marquise ! Tout va très bien, tout va très bien !».
Certes, bien sûr, beaucoup de choses ont été réalisées (et, l'on pourra même écrire plusieurs livres), que pourrait-on cependant dire en succinct, en résumé d'un bilan même tracé à grands traits ? L'équipe dirigeante autour de Bouteflika a - Oh ! Que oui ! - tellement promis ! Que de discours ! Que de réformes ! Que de chantiers ! Et que reste-t-il après dix ans au pouvoir ? Comme : qu'est-il resté de 1965-78 de Boumédiène ? Ou qu'est-il resté de 1979-91 de Chadli ? Qu'est-il resté de 1992-98 du HCE et de Zéroual ?
C'est par rapport aux « pierres ajoutées à la Maison Algérie » par les uns et les autres que les citoyens évaluent ce qui a été fait (de 1999 à 2009). Certains diront : « la paix civile, l'autoroute Est-Ouest les logements, les écoles, collèges, lycées, les nouveaux amphithéâtres, bibliothèques, laboratoires, etc., etc. ». D'autres répondront : cette reconnaissance du ventre, nous autres Algériens, nous ne l'avons pas !
Car aucun dirigeant n'est venu faire de l'aumône. Chacun de ces dirigeants n'a eu qu'à dépenser... ce qu'il a trouvé dans les caisses de l'Etat. Il serait alors malvenu que l'on vienne faire les louanges des consommations de crédit, des autorisations de programme, de la Dépense publique. A ce jeu, les Algériens ont déjà été rôdés avec le « bilan du boumédiénisme » (sous Chadli et son Premier ministre Brahimi). Et, ils n'ont pas la mémoire courte !
L'évaluation objective des Dépenses de l'Etat (et de ses démembrements) nécessite des outils adéquats qui, pour certains, ne sont plus de nos jours disponibles. Elle avait été possible avant 1981-82 car les traditions républicaines d'ordonnancement, de recouvrement et de contrôle avaient été maintenues ; et les Exécutions des Plans de développement (à travers les crédits des lois de Finances) avaient cours. L'on pouvait alors correctement apprécier les Restes à Réaliser (RAR) dans différents secteurs et pour chaque wilaya.
Depuis 1981-82, avec le parlementarisme khobziste dominant - issu du monopartisme FLN-Etat-nation et sa Loi de Gresham (toujours à l'oeuvre) de choix du personnel dirigeant : la médiocrité chasse l'excellence (comme la « mauvaise monnaie chasse la bonne monnaie ») - ces traditions de contrôle, comme beaucoup d'autres choses d'ailleurs, ont été littéralement... laminées, éliminées, assassinées. Sous cet angle, il apparaîtra (plus tard, avec des consciences politiques apaisées et si l'oeuvre de redressement aboutit) que le bouteflikisme est une sorte de retour, non pas au boumédiénisme, mais aux traditions républicaines jacobines de gestion des affaires publiques - telles que pratiquées naguère dans les démocraties libérales. Relativement à ses prédécesseurs - et toutes proportions gardées car, en cette affaire, l'importance du poids de la démographie, de la qualité de l'encadrement administratif des populations, de la valeur propre de chacun dans cet encadrement qui est : maire, wali, recteur d'Université, doyen de Facultés, directeur des hôpitaux, Chef de service médical, etc.- l'équipe autour de Bouteflika n'a pas opéré de véritables grandes lessives dans les rangs des Administrations et des personnels dirigeants. Bien au contraire. L'on a (autant faire se peut) tenté : plus de réconforter les cadres nommés (en garantissant une pérennité aux fonctions et une relative stabilité des postes pourvus) qu'à mettre en oeuvre les objectifs qu'exigeaient les réformes structurelles en ce domaine. La médiocrité a ainsi été préservée à différents échelons.
D'où : le manque de véritables mutations dans les chaînons du processus décisionnel public. Et ce, à l'instar de ce qui s'est fait au plan du personnel gouvernemental ou parlementaire (avec une durée de vie moyenne de 5 à 6 ans dans l'exercice des fonctions - si l'on suit nos Journaux Officiels). C'est là que sera certainement le gros point faible. La grande absente ici, plus que la lutte contre la corruption, est en effet l'excellence. Elle sera de moins en moins recherchée - laissant la corruption gangréner les rouages de l'Etat- jusqu'à être bannie des clignotants du Programme.
Derrière la recherche de l'équité affichée (dans le pourvoi des fonctions et des grades par l'organisation des concours nationaux dans la Fonction publique - elle-même en sous-effectifs et de qualité extrêmement médiocre) qui se fait au détriment des objectifs de performance et d'efficacité (tels que proclamés par la Réforme administrative), c'est tout autant une impuissance face à la profondeur de l'affaissement de nos Administrations qui apparaît. Cette impuissance même qui désespère les Algériens depuis plus d'une génération, depuis le décès de Boumédiène !
L'Administration (civile, pour ne parler que de ce que nous connaissons) a constitué un véritable poids mort aux politiques publiques menées. Jamais les Algériennes et les Algériens ne se sont autant plaints de cette tentaculaire superstructure. Qui est, non seulement une bureaucratie mais l'incarnation de la médiocrité par excellence. L'Administration n'est pas seulement freins à toute initiative, à toute bonne volonté, à tout sursaut mais la médiocrité fait système. Par ses lourdeurs, ses obstacles, ses obstructions, l'Administration algérienne est la pire ennemie de tous les Algériens.
Ayant ignoré cela, toute préoccupée qu'elle était de stabiliser les institutions, d'apaiser les coeurs et bien d'autres choses, l'équipe dirigeante (disposant pourtant de moyens financiers énormes sans précédent), n'a pas su relever le défi de cette espérance primordiale de ses concitoyens : une bonne Administration. Elle a ainsi alimenté leur désespoir... et les a, de ce fait, éloignés de l'amour de la « chose publique ». Aussi, il n'est pas étonnant que cela se traduit par de faibles taux de participation aux grands rendez-vous nationaux !
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* Docteur d'Etat en Sciences économiques


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