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Filière lait : Les vraies raisons d'une banqueroute
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 01 - 2009

La filière algérienne du lait ne possède plus l'énergie des miraculés et aligne les contre-performances: la vache qui produit 50 litres de lait par jour en Europe, une fois importée en Algérie, ne produit plus que 6 litres de lait par jour.
La vache en Algérie produit 8 fois moins de lait que ce qu'elle doit produire. Pourquoi ? Les points faibles passés au crible.
Une agriculture archaïque. C'est le problème n° 1. La filière du lait dépend de l'élevage qui lui, à son tour, dépend étroitement l'agriculture, c'est-à-dire de la capacité de la culture des fourrages et des concentrés dont essentiellement le maïs à bien alimenter le cheptel laitier. « La modernisation de l'agriculture est repoussée le plus tard possible dans le calendrier », les experts en sont unanimes. L'Algérie, qui consomme 3,5 milliards de litres de lait par an, n'en produit que 2,2 milliards, dont seuls 250 millions sont collectés et pasteurisés par les transformateurs. Si la filière algérienne arrive à permettre à une vache de produire 30 litres par jour, on aura abouti à l'autosuffisance et exporter la même quantité de lait qu'on importe aujourd'hui. Mais l'on est loin de ce compte. Des contrats de performance ont été signés entre le ministère de tutelle et les directions locales. Principale clause: hausser la barre de production à 40% d'ici à cinq ans (soit 8% de croissance par an). Comment atteindre un tel score ? Les contrats ne le disent pas. Une chose est sûre: ces performances sont difficiles à atteindre. La raison est simple: composé de petites propriétés familiales, le secteur agricole en Algérie est parmi les plus archaïques du globe. Certaines exploitations utilisent des moyens d'irrigation traditionnels, dans les coins reculés du pays, des hommes poussent encore la charrue. Dans son ensemble, la productivité est faible et la recherche a vingt ans de retard. Le rendement des cultures fourragères est 20 fois inférieur à celui des grands pays céréaliers. La culture du maïs, intrant essentiel de la vache laitière, est quasiment inexistant en Algérie. L'agriculture se maintient donc grâce à des mesures protectionnistes. Selon les experts, pour atteindre les objectifs tracés, l'Algérie doit réussir sa révolution verte: parvenir à mener à bien la modernisation des techniques agricoles tout en évitant un exode massif vers les faubourgs des grandes villes, où des millions de paysans s'entassent déjà. Un défi de taille. Le rétrécissement des parcours de pâturages, engendré par le détournement du foncier agricole ainsi que par les contre-réformes agraires qui se sont succédé les unes aux autres, depuis l'autogestion jusqu'à la création des exploitations agricoles collectives (EAC) et individuelles (EAI), a conduit à la banqueroute de la filière lait. En Algérie, un hectare de terre ne produit que 4 quintaux de fourrage et d'orge quand en Europe, le même hectare produit 20 fois plus ! L'importation des vaches laitières n'aura en fin de compte servi à rien. L'importation de vaches laitières avait été lancée vers le début des années 60. Cette opération était chapeautée par la COMAGRI, avant qu'elle ne soit confiée à la SOGETA. Au cours de la période allant de 1982 à 1994, les importations avaient atteint environ 148.782 têtes, soit une moyenne annuelle de 11.445 génisses, dépassant largement les objectifs visés par le plan laitier, qui était de 5.000 têtes par an. L'année 1994, qui coïncide avec la libération du commerce extérieur, a été marquée par une importation record de plus de 25.000 génisses. Cependant, le secteur connaît beaucoup de contraintes dont la plus importante est l'exportation frauduleuse vers le Maroc du cheptel bovin. La fuite du cheptel bovin vers le Maroc connaît, en effet, un essor spectaculaire. La gendarmerie nationale saisit une moyenne de 2.000 têtes de bovins chaque année. Réputée «bassin laitier», la région de Souk Ahras n'échappe pas, elle aussi aux contre-performances: les 45.800 vaches laitières de la région ne produisent que 60 millions de litres/an, soit une moyenne de 4,3 litres par vache par jour ! La raison est simple: Pour produire beaucoup de lait, l'élevage laitier a besoin d'outils modernes et de technologies qui doivent élever ces performances. Premier facteur à reconsidérer: l'alimentation de la vache laitière. Il faut donc cultiver davantage de fourrages, de maïs et produire de l'ensilage. L'Etat a certes institué des subventions pour encourager l'éleveur à cultiver lui-même l'aliment pour ses bêtes. Un financement est prévu pour l'acquisition des équipements d'irrigation, des primes de 5.000 DA/ha sont aussi accordées pour la production fourragère, pour la construction de silo ou pour produire l'ensilage... etc. Mais pour cela faut-il au préalable résoudre le problème du foncier agricole. L'absence d'actes de propriété chez un grand nombre d'éleveurs ou de candidats à l'investissement dans le domaine a été, en effet, identifié par la majorité des observateurs comme étant un facteur bloquant de la filière. Pour mettre fin à l'anarchie qui règne dans le foncier agricole, une loi a été adoptée, l'an dernier. Une loi censée permettre au secteur agricole d'avoir un cadre juridique protégeant les terres agricoles et leur vocation productive. La même loi fixe les modalités d'exploitation des terres agricoles du domaine privé de l'Etat. Ce texte vise à protéger également les terres contre les risques d'abandon ou de détournement de leur vocation agricole.
Bien sûr qu'il ne suffit pas d'importer des vaches laitières. Faut-il encore soutenir l'élevage en accordant par concession des terres agricoles pour les éleveurs professionnels. Faute de produire localement suffisamment de lait, c'est l'importation de la poudre de lait qui bat son plein afin de combler le déficit. Selon le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) relevant des Douanes nationales, la facture des importations du lait s'est élevée à 1,29 milliard de dollars, contre 1,06 milliard de dollars en 2007, soit une hausse de 21,72%. Le taux de la collecte du lait reste insignifiant dans le pays, puisqu'il ne dépasse pas les 10% de la traite. Les subventions accordées aux collecteurs, dont certains ont bénéficié de crédits bancaires au titre des dispositifs de soutien de l'Etat à l'emploi, n'ont pas donné les résultats escomptés.
Dommage collatéral
L'Algérie a besoin de moderniser l'agriculture pour aboutir à l'autosuffisance en lait. La décision de consacrer une subvention à l'importation de lait en poudre pour soutenir les prix à la consommation n'est qu'un traitement symptomatique de la crise. Les éleveurs font les frais d'un dommage collatéral: les prix des aliments du bétail que paient les éleveurs ont flambé. Par conséquent, les marges bénéficiaires des éleveurs se trouvent d'une manière générale comprimées. En effet, les prix de l'orge, et des autres ingrédients rentrant dans la composition des aliments de bétail, ont augmenté d'une manière spectaculaire, ce qui n'est pas sans conséquences sur le revenu des éleveurs. La filière de lait cru est, certes, subventionnée depuis l'éleveur jusqu'au producteur. L'Etat a mis en place dans le cadre du FNRDA (Fond National de Régulation du Développement Agricole) un système de subventions, comme la prime d'incitation à la production locale de lait livré à la transformation, à raison de 7 DA/litre, la prime à la collecte et livraison de lait cru, à raison de 4 DA/litre et une prime de 2 DA/l pour le transformateur. D'autres subventions portent sur l'investissement à la ferme pour les éleveurs qui disposent de plus de 6 vaches. L'indemnisation aux producteurs de lait, de 15 DA le litre, coûte chaque année au Trésor 16 milliards de dinars, elle ne suffit pas aux professionnels qui réclament une revalorisation. Cependant, toutes ces aides à la production s'avèrent insuffisantes. Le secteur de l'agriculture a été marqué en 2008 par l'adoption de la loi portant orientation agricole, première du genre depuis l'indépendance, visant à asseoir les bases garantissant la sécurité alimentaire du pays. Le texte consacre également une sécurisation pour les agriculteurs et des éleveurs à long terme. La loi de finances 2008 comprend aussi la création d'un Fonds spécial d'appui aux éleveurs et petits exploitants agricoles qui va assurer la couverture totale de leurs charges d'intérêts dans les zones montagneuses et steppiques. Outre l'exemption des producteurs agricoles de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), au titre de la campagne agricole 2008/2009, de certains engrais et produits phytosanitaires et insecticides, cette même loi prévoit aussi l'exemption des droits et taxes, fixés à 7%, sur les produits chimiques et organiques importés par les fabricants de médicaments vétérinaires. Pour les experts, toutes ces mesures sont, certes, utiles à même d'améliorer les performances de l'agriculture algérienne. Toutefois, toutes ces réformes s'avèrent insuffisantes tant que le cap de la modernisation n'est pas clairement pris.


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