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« « Diachronique et réminiscences de l'émigration... » »
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 16 - 04 - 2009

«Nous souffrons et notre histoire souffre d'une extrême pauvreté et d'une grave indigence », écrivait le sociologue d'origine algérienne feu Abdelmalek Sayad (1933-1998), imputant aux histoires officielles l'occultation frisant l'exclusion de l'émigration et ses mouvements de populations dans la trame relationnelle entre les deux sociétés algérienne et française.
Dans son livre « L'immigration ou les paradoxes de l'altérité »* (1) publié post mortem en septembre 2006 par les Editions Raison d'Agir ,Abdelmalek Sayad l'ancien directeur de recherche aux CNRS et EHESS de Paris formule si bien ce questionnement de plusieurs générations d'immigrés :... « « A quoi sert la revendication de la citoyenneté quand on a pas la nationalité, voire quand on ne veut pas de cette nationalité-cela, dans le cas des anciennes générations d'immigrés. Ou alors à quoi sert d'avoir une nationalité vide de tout contenu réel, attribut abstrait purement juridique ? Est-ce que cela change quelque chose à ma condition ? Voilà ce que disent et se disent les jeunes de l'émigration. » »
Azzouz Begag, chercheur/ sociologue et écrivain entre autres du « Gône du Chaâba »*2 adapté au cinéma par Christophe Ruggia dix années plus tard et primé dans plusieurs festivals...où Fellag joue le rôle du père, sera nommé en 2005 ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances dans le gouvernement de Villepin. Le sociologue et ministre délégué Azzouz Begag en s'adressant aux jeunes exclus de la Courneuve et d'Aubervillers leur rappelait ...« nos parents sont partis de leur(s) village(s) parce qu'ils n'avaient rien à manger...Le propriétaire de la ferme ou travaillait mon père lui donnait en guise de salaire un quintal de blé par mois. Aujourd'hui si je suis écrivain et chercheur au CNRS,c'est tout à la gloire de mon père qui ne parlait même pas français.Il est grand temps que les personnes qui ont une autorité morale réexaminent la carte des valeurs essentielles parmi lesquelles la valeur du travail... »
Dans un entretien en 1996 avec Hassan Arfaoui, Abdelmalek Sayad évoque la nécessaire reconstruction de l'identité nationale algérienne forgée jusqu'ici exclusivement contre le colonialisme. « La sortie de l'impasse implique la reconstruction de l'histoire.L'histoire au service de la recherche identitaire. » « L'aliénation coloniale à laquelle la décolonisation n'a pu mettre fin,jointe à l'aliénation post-coloniale qui lui a succédé...ont fait de la sorte qu'il n'est d'histoire de l'Algérie qu'une histoire mutilée...Renouer les fils de l'histoire,restaurer la continuité de cette histoire,ce n'est pas simplement une nécessité d'ordre intellectuel ;c'est,aujourd'hui,une nécessité d'ordre éthique en ce qui concerne sa répercussion sur tous les actes de la vie quotidienne de chacun d'entre nous,sur toutes les représentations qu'on se donne de nous même,de notre position au sein de la société dont nous sommes-ou serions- les émigrés...»*(3)
Dans « La double absence » édité par les Editions Liber/ Seuil en 1999 ,Pierre Bourdieu préface le livre de son ancien assistant Abdelmalek Sayad en présentant une synthèse de vingt années de recherches menées en France et en Algérie sur l'émigration et l'immigration,deux phénomènes aussi indissociables que le recto et verso d'une seule et même feuille.Selon Bourdieu, Abdelmalek Sayad restitue à l'immigration tout ce qui en fait le sens,ç'est à dire le non-sens...par des entretiens avec les émigrés livrant leur intimité collective,...les contradictions déchirantes dont leur existence déplacée sont la conséquence...
Dans son roman « Marteau pique-coeur », Azzouz Begag raconte la mort de son père...: « « je suis retourné en Algérie après 25 ans d'absence pour l'enterrer près de la maison qu'il a fait construire pendant trente ans,dans laquelle il a englouti toute ses économies et qu'il n'aura jamais habitée.Pour mon père c'était le dernier voyage et pour ma fille, qui avait 15 ans , le premier.J'ai eu l'impression de participer à la transmission d'un héritage.Les enfants ne demandent pas à leurs parents de se sacrifier mais de vivre leur vie pour que, eux ,puissent inventer la leur. La rupture se fait là. Je ne vais pas construire pendant 50 ans une maison que je n'habiterai jamais...» » Difficile rupture qu'assumera Begag dans les larmes de la subjectivité lorsqu'il sera accueilli en héros dans les habits d'un ministre de Marianne en Nouvelle-Calédonie puisque reconnu par le siens descendant de déportés des siècles précédents originaires entre autres-tenez-vous bien- des mêmes douars de la région de Sétif...Les cassettes de Khier Bekakcha comme artifices locaux...
Abdelmalek Sayad, ce sociologue des dominés, insiste sur le déterminisme causal entre colonisation française et déplacement des populations immigrées.Il parle de plusieurs générations d'immigrés où existe une variance même si le lien reste un. Pour se représenter le rapport de la France à l'immigration magrébine, il utilise une métaphore lourde de sens : « La France fonctionne comme une boite de nuit nationale...»
Dans El Watan du 26 janvier 2006, feu Docteur Khaled Ouaddah décédé dernièrement à Oran , reformulait déjà le souhait du défunt « qui a réclamé aux sociologues algériens d'entreprendre le travail sur l'émigré pour saisir l'opération de conversion quasi magique par le seul fait qu'il franchit une frontière... »
Impliqué personnellement du fait de mon vécu d'immigré natif d'Alsace-Lorraine dans les années cinquante, ce modeste effort de synthèse de certaines productions en sciences sociales et humaines*(4) se veut non seulement un hommage posthume à Abdelmalek SAYAD et Khaled OUADDAH décédés respectivement en 1998 en France et 2009 à Oran...,mais aussi un reproche aux pouvoirs publics Algériens-tous ministères confondus- qui refusent de « réintégrer » nos frères et Sœurs croyant se décharger d'un « fardeau déstabilisant » sur les pouvoirs publics français au motif que leurs enfants seraient binationaux...Quoi que de plus pathétique que ces entretiens avec des retraités « chibanis » immigrés des années cinquante et soixante,reprenant contact avec douars et familles en 2008 en Algérie et racontant leur(s) vécu(s) morcelés,leurs enfants perdus et une courbe ascendante impressionnante de décédés avant 65 ans dont on récupère les logements locatifs pour les réfectionner (parfois en présence des locataires encore en vie...) et les louer au prix du marché à d'autres vagues d'immigrés du Portugal et pays de l'Est appartenant maintenant à l' UE...! Les sociologues et psychologues Algériens même d'origine « immigrée » existent en Algérie, s'y sont re-intégrés après l'Indépendance et y ont une seule nationalité, celle de leurs aïeux ; nous continuerons à véhiculer le vœu de notre frère natif de Petite Kabylie feu Abdelmalek Sayad, ne serait-ce que dans l'appel à la domiciliation enfin en Algérie de recherches universitaires en Sociologie et Psychologie de l'Emigration...; d'autres catégories d'émigrés véhiculent déjà ce déterminisme de voir l'érection d'un Ministère de l'Emigration qui faciliterait à toutes les générations d'expatriés algériens dans le Monde jusqu'en Nouvelle Calédonie « la maintenance » du lien ombilical avec la matrice Algérie...
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*Psychologue clinicien et enseignant en Sciences Sociales à l'INFSCJS
* 5 d'Aïn-El-Turck/Oran.
*1-dans « Les enfants illégitimes », pages 13-21
*2-« Le Gône du Chaâba », éditions du Seuil, Paris, 1986
*3-« Histoire et recherche identitaire », Editions Bouchène
*4-« Clichés indigènes...au service des banlieues françaises », page 19 du Quotidien d'Oran n°3681 du 28 janvier 2007.
*5-INFSCJS : Institut national de formation supérieure des cadres de la jeunesse et des sports
*6- [email protected].


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