Avec le groupe Cherif ou celui Hasnaoui, le chantier d'El-Bahia Center, dit Immeubles «Mobilart», est, aujourd'hui, le plus gros chantier de la promotion de luxe à Oran et en Algérie. Le label risque aujourd'hui la faillite pour des raisons qui sont loin de sa performance et de ses capacités, selon ses défenseurs. La faillite de Mobilart, si son «cas n'est pas traité et résolu dans les autre mois à venir» selon son PDG, a une facture : une perte sèche d'un chantier de 12 milliards de DA, dont 07 déjà dépensés, 1.500 emplois, entre directs et indirects, perdus et l'énorme préjudice moral pour l'entreprise en phase de vente. «Personne ne comprend pourquoi on confond aussi facilement et volontairement la personne physique incriminée et la personne morale de la société» bloquée et mise sous embargo. Les accusations qui pèsent contre Mobilart se sont très vite traduites par l'immobilisation de la société sur simple présomption et sur «instructions» sans dossier d'inculpation, expliquera inlassablement le concerné. La seconde facture est encore plus catastrophique : «je ne veux pas que les clients potentiels retiennent le mauvais message d'une entreprise en difficulté», nous dira Taleb Tewfik. La Tour A, vitrine de Bahia Center, est déjà vendue au complet et est opérationnelle, avec ses parkings et sa société de gestion pilote, depuis quelque temps déjà. Le visiteur y croise les premiers locataires et retrouve, par visite guidée, ce qui a fait la plus-value inédite de ce mégaprojet : la vue époustouflante sur la baie d'Oran pour un chantier qui va occuper 03 hectares avec son show Mall, centre, parkings et tours, le haut design et le luxe de la déco. Chaque locataire y a accès uniquement à son étage selon un système de clef «personnalisée», a droit à un parking auto (sur un ensemble de sous-sols de quatre étages) et doit payer des charges pour l'entretien des tours et des parties communes, hautes de trente étages. Pour les prix, «c'est selon la surface : de 120.000 à 150.000 DA le mètre carré et selon la hauteur et la perspective». Pour le dernier étage de la Tour A par exemple, un duplex de près de 800 mètres carrés, le client a déjà payé ses clefs. Les appartements obéiront à un souci de design inhabituel pour la promotion immobilière algérienne : climatisation personnalisée, vue panoramique, sécurité, confort des salles d'eau en sauna, placards de rangement et cuisine hyper moderne. Ceci pour le catalogue. Cette architecture a été possible avec un «consortium» de bureaux d'études et de réalisation très mixtes : portugais, fournisseurs de label, entre Haeir, grécos-gres pour les Espagnols, entreprises grecs, françaises, électroménager allemand, des partenaires techniques algériens avec le bureau d'études de Batna... etc. Outre une clientèle algérienne sélecte, on retrouve sur la liste des souscripteurs, d'autres nationalités ainsi que le plus gros client d'un certain moment, Sonatrach. «Sonatrach a pris option sur deux tours entières avant de se rétracter pour des raisons de mésentente entre elle et son partenaire saoudien», révèle notre interlocuteur pour répondre aux rumeurs du retrait de cette méga-entreprise imputées «abusivement», nous dit notre source, à des raisons occultes. Toujours pour le catalogue, Mobilart a été créé en 1995, pour se spécialiser d'abord dans «la transformation des panneaux plats pour une offre de meubles domestiques au mobilier de bureaux. En amont, une usine de production qui sera développée, avec un partenaire étranger, pour assurer la production de base de vie et de chalets mobiles. En 2004, la société sera restructurée pour donner naissance à deux entreprises : Mobilart meuble et Mobilart construction. Cette dernière décrochera les gros marchés des 1.530 chalets pour le relogement des sinistrés du séisme de Boumerdès, «en plus des 80 bases de vie pour un client belge», des 1.520 logements pour la wilaya d'Oran et de l'équipement d'institutions comme la Présidence, le siège de Sonatrach, le ministère des AE et des sociétés étrangères à l'ouest du pays, ceci en plus du chantier des quatre tours de trente étages de Bahia Center et ses structures d'accompagnement géantes. Une machine de réalisation que ses plus «intimes» expliquent être menacée par une démarche de dissolution volontaire «pour casser les Algériens et ouvrir les chantiers à des sociétés étrangères». Pour son patron encore pris aux pièges de ce dossier, «la Justice doit faire preuve d'un minimum de discernement entre moi, et la société qui ne doit pas faire les frais d'une véritable Hogra», conclu Taleb Tewfik. Le plaidoyer est appuyé mais l'inculpation reste encore obscure et ses fameux tenants et aboutissants, encore interdits aux «révélations» et aux explications claires. «L'entreprise est viable et il est hors de question de faire peur aux clients potentiels avec des rumeurs de faillite ou des suspicions de fraudes», insiste son entourage.