Le vote qui devra désormais interdire la construction de nouveaux minarets en Suisse n'est pas un vote contre les minarets. Cela, tous les observateurs l'auront compris, du moment que les minarets en Europe sont contraints au silence parce que le Muezzin ne les utilise pas pour appeler à la prière. Ils servent plus de repères visuels que de repères religieux ou même identitaires. Il s'agit plutôt d'un vote contre les musulmans. Cette attitude négative dont la Suisse a voulu se faire l'apôtre sera sans doute imitée par d'autres pays, où la droite et les extrémistes de tous bords ne manqueront pas de revendiquer le droit de rejeter, à leur tour, ces minarets qu'ils supportent à peine de voir. Que Marine Lepen ait été la première en France à réclamer un référendum semblable n'est donc pas étonnant du tout. Tel père telle fille ! On les connait tous les deux prompts à sauter sur les occasions pour faire entendre les paroles de la haine. On les connait tous les deux incapables de proposer de véritables solutions à leur pays. Lorsqu'on ne sait nager que dans les eaux troubles... Pour ce qui est des Suisses, les Arabes avant les autres musulmans devraient, pour une fois, faire un geste. Essayer de se hisser à la hauteur de l'événement et prendre une décision. Ils n'ont même pas besoin d'aller au bout de la décision car, dès le moment qu'ils signifieront aux Suisses leur intention de changer de banque, le vote insensé sera rejeté et les Suisses trouveront le prétexte qu'ils veulent à l'adresse de leurs citoyens. Mais, si le vote incompréhensible des Suisses rouvre une plaie mal refermée, il relance encore une fois, malheureusement, le débat sur la capacité des Arabes et des musulmans à être... arabes et musulmans, c'est-à-dire à prendre les décisions opportunes au moment opportun, pour la cause qu'ils sont pourtant censés défendre le plus naturellement du monde. Peuvent-ils brandir la menace de changer de banquier ? Ce serait à peine croyable, car nos dirigeants se sentent si bien en Suisse où ils vont souvent pour se soigner et se refaire une jeunesse au bord des lacs ou en haut des montagnes suisses. Ils aiment tant cette fausse neutralité qu'ils refuseront même d'être arabes ou musulmans. Ils refuseront d'entendre ce qui s'est dit, de commenter ce qui s'est décidé. Et à ceux qui douteront de leur foi, ils rappelleront qu'il y a suffisamment de minarets chez nous et que, la preuve, ils font leur prière de l'Aïd à la mosquée. Ils rappelleront même que des minarets silencieux ou absents, c'est pareil. Pourvu qu'on leur permette encore d'entrer en Suisse... N'est-ce pas ?!
