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Immigration: Je sens sourdre en moi une juste et saine colère
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 02 - 2010

Imaginons une chambre dans un foyer où dorment quatre personnes (ça existe) avec des lits superposés et une cellule de même dimension où des jeunes taulards entassent leurs rêves déchiquetés par la réalité. Y a-t-il une différence ? Les premiers, les sonaques (résidants des foyers Sonacotra pour travailleurs immigrés), se promènent dans des chantiers où ils passent le plus clair de leur temps, les seconds dans une cour de promenade ou dans leurs cellules inconfortablement aménagées. Les sonaques passent leur week-end dans leurs foyers emmurés dans de miniscules cafés mitoyens de pièces tenant lieu de salle de prières. Univers mental incarcéré contre univers carcéral mentalisé. Les deux ont en commun leurs frustrations de nature affective et sexuelle.
Dans les deux cas, il faut avoir la maîtrise de son esprit pour ne pas sombrer dans la dépression et la folie ; les uns sont victimes du sadisme du pouvoir des pays d'origine ayant été d'une manière ou d'une autre poussés dans les bras rugueux de l'exil et les autres de celui des pays d'accueil dès lors que souvent nés ici, y résidant, y étudiant et y travaillant, y cotisant et parfois y votant, ils sont néanmoins considérés comme de la racaille...
On meurt à petit feu lorsqu'on se tait face à nos tyranneaux et autres apprenti-dictateurs qui veulent nous priver du droit à la dignité en poussant nombre de jeunes dans la harga avec le risque majeur d'être à jamais englouti par l'océan. Qui organisent la terreur pour nous réduire au silence intégral. Nous maintenir sous leurs mains salies par le sang d'innocents sacrifiés par des décisions autant imbéciles que criminelles. Leurs structures, organismes et institutions sont livrés à des mains assassines. Mettre à nu leurs lâches besognes de bourreaux. Leur tendance naturelle à la malveillance. Dénoncer leurs flagorneurs et autre béni-oui-oui. Traiter par l'ironie ces bacs moins… Eux qui brisent notre vie intime. Et font de l'Etat une machine à briser les forces saines. Erigent le secret comme un moyen de protection. Je sens sourdre en moi une juste et saine colère.
De la répulsion à l'endroit de nos geôliers. Je ressens l'incarcération, même à l'air libre. L'animalité ressort de leurs faces hideuses. Laquais du gouvernement, craignez la colère de vos peuples ! Marchands d'illusions aux consciences séniles et au népotisme tribal, craignez votre prochaine descente aux enfers. Vos discours ? Des somnifères…
Je me rappellerai toujours la réflexion de l'un de mes stagiaires incarcérés à Paris. Communément un taulard. Imaginons une cellule qui ressemble à un poulailler avec leurs petites fenêtres grillages. Dès le seuil, une odeur des plus nauséabondes vous serre les narines comme une tenaille. Parmi les occupants de ces cellules, il y en a qui arrivent à être drôles. Certains paraissent enjoués, voir même décontractés. Ressemblance parfaite entre une cellule et une chambre de foyer.
Des lits superposés. Exiguïté des pièces. L'un d'eux me confia : J'étouffe. L'agonie pointe à l'horizon. Perspectives bouchées par mes soupirs. Journées interminables. Ennui terrible. Les instants qui me restent à vivre sont devenus des barreaux. Le calvaire fait irruption en moi et bâtit sa toile d'araignée. Patiemment mais sûrement. C'est tout juste si mes râles ne trouent pas mon gosier. Les battements de mon cœur résonnent dans ma chambre. Une cellule en vérité. De plus en plus. Un ciel obscurci par des nuages menaçants. Encore quinze jours à tirer. Le temps prend un malin plaisir à me torturer.
A se faufiler. Les barreaux de ma cellule me transpercent les yeux. La clé tourne dans la serrure de ma cellule, c'est l'instant qui reste à jamais gravé dans ma mémoire. Comment l'en extirper ? Je rêve d'un procès à l'échelle sociale pour inverser les rôles.
Et son frère, sonaque, de surenchérir. Je suis dans une association pour dispenser des cours d'arabe à des Maghrébins ; tu ne peux pas savoir le mal irrémédiable commis à l'encontre de ces quinquagénaires dont les Pénélope languissent outre-mer. Ce sont des « sonaques » (résidents des foyers Sonacotra) qui ont passé de nombreuses années ici et qui sont pratiquement restés au même niveau. Il y a de quoi étrangler tous les gouvernements du monde. Qui va parler pour eux ? Quasi-analphabètes, sans instruction précise et souvent peu de qualification professionnelle.
Il devient indécent de parler de soi lorsqu'on sait que des milliers parmi nos frères sont parqués dans des foyers. Des ghettos ? Assurément. Au même titre que les cellules des maisons d'arrêt. Maison d'arrêt, quel doux euphémisme ! Vivons-nous mieux qu'eux ? Vivons-nous mieux que nos frères d'outre-mer ? Question vaine sans doute. Aussi vaine que celle de l'identité nationale qui agite une partie du microcosme médiatique et politique de la France des Lumières.
Il est vrai que dès les premières semaines de mon arrivée en France, je fus mis en rapport avec une association dispensant des cours d'arabe dans les foyers pour travailleurs immigrés. Je découvris alors la vie de ces centaines -des milliers- de célibataires Maghrébins et Maliens pour l'essentiel. La première fois, je fus reçu par le directeur du foyer qui me présenta aux résidents. Une salle était réservée aux cours. Une solidarité sans faille entre eux; l'exil les y forçait en quelque sorte. Réunis autour d'une même grande table pour prendre les repas que chacun aura méticuleusement préparé pour lui-même. Ce furent les premières scènes de la vie de l'immigration réelle. Le vécu à l'état de nature. Il suffisait de ramener une caméra et de filmer. Foin d'analyses d'experts ou prétendus tels. Au loin le misérabilisme. Ils vivaient leur fraternité sans théorisation.
J'eus à observer les mêmes scènes dans d'autres foyers, pour la même occasion. Je fis alors provision d'humilité pour apprendre patiemment d'eux ce qu'aucune université du monde ne dispensait comme cours, la simplicité. Je retrouvais cette attitude dans la vie de tous les jours avec mes voisins d'immeuble où je résidais de très nombreuses années. Je l'appris également en banlieue, avec la racaille de la Courneuve. Dans la rue, dans les cafés, au marché, dans les grandes surfaces… Je fus littéralement happé par cette modestie non feinte, teintée cependant par moments d'esprit de résignation importée du pays et moulée dans un coin de sa conscience. Ces qualités vous aident à mieux vivre tous vos tracas quotidiens. Plus tard, je rencontrais d'autres voisins à Cergy, une ville nouvelle. On y pratiqua jusqu'à une certaine mesure la mixité sociale. On pouvait y voir autant de visages basanés et moustachus que de noirs d'Afrique et de blancs d'Europe. Il est vrai néanmoins que les premiers avaient plus de difficultés…
* Avocat, auteur algérien


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